La santé et la vitalité de l’économie canadienne sont directement liées à la ténacité et au succès des petites et moyennes entreprises (PME). Voilà pourquoi les résultats de la plus récente enquête de KPMG Entreprises privées sont si encourageants. Ils démontrent que ces entreprises sortent des dernières années marquées par l’inflation, les taux d’intérêt élevés et la confiance fragile des consommateurs avec la détermination stratégique et la volonté de profiter des occasions de croissance qui se présenteront et d’affronter les obstacles sur leur chemin, et elles sont plus prêtes que jamais à le faire.
Les PME canadiennes amorcent 2025 avec agilité. Elles sont optimistes. Elles sont résilientes. La résilience, tout particulièrement, est un thème récurrent de l’enquête de cette année, auquel 735 dirigeants de PME du Canada, qu’il s’agisse d’entreprises privées ou familiales, ont répondu.
Une majorité écrasante (92 %) des répondants ont confiance dans les perspectives de croissance de leur entreprise au cours des trois prochaines années, représentant une hausse par rapport à 2023 (88 %) et à 2022 (83 %) — et par rapport aux chefs de direction des grandes sociétés canadiennes (76 %), selon le sondage Perspective des chefs de la direction canadiens en 2024 de KPMG. Fait marquant, plus de neuf PME sur dix considèrent que la position de leur entreprise est plus enviable aujourd’hui qu’il y a un an, et près des deux tiers (65 %) prévoient enregistrer une croissance annuelle d’au moins 2,5 % au cours des trois prochaines années.
92 % des répondants ont confiance dans les perspectives de croissance de leur entreprise
88 % des répondants croient que leur entreprise est en meilleure position qu’il y a un an
65 % des répondants prévoient enregistrer une croissance annuelle de 2,5 % ou plus au cours des trois prochaines années
En même temps, les PME sont conscientes des obstacles qui les attendent. Elles reconnaissent que les cyberattaques, les conflits géopolitiques, le manque de talents, les perturbations technologiques (comme l’IA), la planification de la transition et les nouvelles politiques fiscales pourraient nuire à leur capacité de s’épanouir. C’est probablement pour cette raison que 86 % de leurs dirigeants ont indiqué ressentir une pression plus grande que l’an dernier concernant leur responsabilité d’assurer la prospérité à long terme de leur entreprise.
Certains défis sont récurrents, alors que d’autres sont nouveaux. Si les PME arrivent à les relever, elles devraient connaître une période de croissance et de prospérité continues qui profitera aux Canadiens partout au pays.
Regarder les grands
Après une période de ralentissement économique, les PME regardent la hausse des investissements commerciaux à venir d’un bon œil, même si la reprise semble s’amorcer au ralenti. Cependant, elles ont plusieurs préoccupations; les trois principales figuraient déjà à leur palmarès l’an dernier.
Comme en 2023, les risques liés à la cybersécurité et à l’informatique figurent dans le haut de la liste des menaces perçues par les PME. Leur nervosité réside dans le raffinement incessant des cyberattaques et les vulnérabilités que la montée fulgurante des technologies révolutionnaires engendre. Bien que plusieurs apprécient le potentiel considérable de l’IA générative, elles demeurent inquiètes quant aux exigences réglementaires en matière de protection des données et des renseignements personnels qui se complexifient et aux avenues que ces technologies ouvrent aux cybermalfaiteurs.
Principales menaces pour la croissance au cours des trois prochaines années
Source: L'enquête de KPMG Entreprises privées 2024
Comme l’an dernier, la sécurité et l’abordabilité énergétiques constituent des sujets d’actualité. Il fallait s’y attendre, puisque les PME continuent de bien faire à l’égard de leurs projets d’énergies propres et de leurs objectifs environnementaux, tandis que le Canada effectue sa transition générale vers la carboneutralité.
Le fait que les coûts opérationnels demeurent aussi une inquiétude semble indiquer que bon nombre de PME font toujours face aux répercussions continues de l’inflation et des taux d’intérêt élevés. En effet, le quart des répondants à l’enquête ont déclaré que l’incertitude économique continuait d’appeler la vigilance de leurs équipes. Les craintes concernant le commerce international, les tarifs douaniers et la multiplication des attitudes protectionnistes contribuent aussi au découplage économique et à la tension dans les relations d’affaires, ce qui garde les entreprises sur le qui-vive.
En réponse, les dirigeants des PME canadiennes mettent en œuvre toute une combinaison de stratégies de croissance. Les plus importantes portent sur les projets axés sur les technologies, comme l’adoption et le déploiement de l’IA générative, ainsi que la transformation numérique de leurs activités et le rehaussement de leur connectivité. D’autres investissent dans des approches plus fondamentales, comme les partenariats externes et la création d’une main-d’œuvre prête pour l’avenir grâce à des projets d’amélioration des compétences et à l’embauche des meilleurs talents.
La croissance interne demeure parmi les options considérées. Pour l’appuyer, la majorité (88 %) des dirigeants de PME investissent massivement pour accroître leur productivité (p. ex., en se dotant de machineries, de technologies et d’équipements neufs, en agrandissant leurs installations ou en voyant à l’amélioration des compétences de leurs employés) et élaborent des stratégies pour augmenter leurs marges bénéficiaires.
Attentes et stratégies de croissance
Source: L'enquête de KPMG Entreprises privées 2024
La succession au cœur des préoccupations
Notre enquête révèle que 61 % des propriétaires de PME songent à prendre leur retraite au cours de la prochaine décennie; ils sont donc nombreux à établir des plans officiels de transition et de succession.
Il est plus courant de parler de la relève assurée par la génération suivante au sein des entreprises familiales, lesquelles représentent 39 % des répondants de cette année. C’est aussi un sujet qui présente des subtilités, surtout pour le tiers (33 %) des répondants propriétaires d’une entreprise familiale qui se disent fortement en accord avec l’énoncé selon lequel leurs descendants ne veulent pas prendre la relève. Ces dirigeants songent donc à vendre leur entreprise à des acheteurs stratégiques ou financiers, comme à des sociétés de placements privés. Les résultats du sondage connexe Perspective des chefs de la direction en 2024 de KPMG suggèrent qu’ils ont de bonnes chances d’y arriver.
Cependant, cela signifie aussi que les dirigeants actuels doivent s’entretenir avec leurs successeurs potentiels pour déterminer leur position réelle et ce qui les motiverait à prendre les commandes. Que les membres de la prochaine génération prennent les rênes de l’entreprise familiale ou non, près de 80 % des dirigeants de ce type d’entreprise déclarent que la responsabilité de gérer les activités philanthropiques et les actifs familiaux continuera de leur incomber.
61 % des chefs d’entreprise prévoient prendre leur retraite au cours de la prochaine décennie
Ils sont 31 % à être fortement d’accord pour dire qu’ils adoptent une approche pluriannuelle en matière de planification successorale
Cela dit, même si une majorité des chefs de PME se préparent à céder leur place, ils ne sont que 31 % à être fortement d’accord pour dire qu’ils adoptent une approche pluriannuelle en matière de planification successorale et qu’ils préparent activement leur successeur au moyen de programmes de leadership, tels que le programme FamilyShift.
La fiscalité fait soupirer
Même si les chefs de PME canadiennes sont tournés vers l’avenir, la conformité actuelle de leur entreprise demeure une priorité; ils sont d’ailleurs nombreux à surveiller les tendances et les changements qui auront un effet sur leurs obligations fiscales, déclaratives et réglementaires. Ils sont près de 9 sur 10 à affirmer que les nouvelles mesures fiscales, comme la hausse du taux d’imposition sur les gains en capital, ont des répercussions négatives sur le milieu des affaires canadien et pourraient gêner la croissance économique.
Pourtant, seulement un répondant sur quatre s’est dit fortement d’accord quand nous leur avons demandé s’ils avaient accéléré la cession de leur entreprise à la prochaine génération dans le but de devancer la mise en œuvre des nouvelles règles fiscales visant les transferts intergénérationnels des entreprises familiales qui ont pris effet le 1er janvier 2024, ce qui suggère que la majorité n’a pas encore pleinement tenu compte de ce changement.
Entre-temps, près du tiers (32 %) songent sérieusement à transférer leurs investissements ou leur entreprise dans un territoire qui offre de meilleures conditions fiscales, notamment aux États-Unis. Selon 85 % des répondants, le système fiscal actuel augmente le risque d’un exode des emplois — et de la richesse — à l’extérieur du pays.
Néanmoins, près de neuf répondants sur dix (86 %) accueillent favorablement l’augmentation de l’exonération cumulative des gains en capital accordée aux propriétaires de petites entreprises. En outre, 84 % d’entre eux considèrent que le gouvernement canadien offre un très bon soutien aux entreprises qui passent à une économie propre, en leur octroyant des crédits d’impôt, et 86 % prévoient profiter de ceux-ci ou les utilisent déjà pour réduire le coût de leurs projets liés au climat ou à la décarbonation.
Mettre la cybersécurité à l’avant-plan
Sensiblement comme les répondants au sondage Perspective des chefs de la direction canadiens en 2024 de KPMG, les dirigeants de PME semblent porter une attention plus étroite aux cybermenaces, puisque la majorité (81 %) d’entre eux nous disent que la cybersécurité, en cette époque de transformation numérique, de milieu de travail hybride et de prolifération de l’IA, constitue une priorité commerciale absolue.
Les PME ont aussi exprimé un degré de confiance plus élevé envers leur capacité à défendre leur enceinte numérique que les chefs de direction des grandes sociétés canadiennes — 83 % des PME affirment qu’elles sont prêtes à faire face à une cyberattaque, contre seulement 53 % des chefs de direction.
Le fait que 70 % des dirigeants de PME disent aussi que leur entreprise n’a pas le personnel qualifié requis pour assurer leur cybersécurité ou surveiller les attaques suggèrent qu’elles font de l’impartition ou de la cotraitance — et possiblement qu’elles ne sont pas aussi familières avec l’éventail en constante croissance des menaces et de leurs auteurs qui minent le sommeil des chefs de direction des grandes sociétés dotées d’équipes de cybersécurité compétentes.
D’une façon ou d’une autre, l’enquête de cette année souligne le rôle central que la cybersécurité joue dans la gestion des risques organisationnels tout comme dans l’établissement d’une résilience et le maintien de la confiance des parties prenantes. Et son rôle grandira avec la hausse – en volume et en complexité – des cybermenaces, alors que la technologie deviendra plus essentielle que jamais pour répondre aux besoins des clients, des employés, des fournisseurs et de la société en général.
Miser le tout sur l’IA
Même si une certaine incertitude demeure concernant la manière de mettre en œuvre l’IA générative pour profiter de tous ses avantages, les dirigeants de PME, dans l’ensemble, la considèrent de manière positive. Très positive.
Les entreprises de toutes les tailles l’utilisent pour accroître leur productivité et leur rentabilité, dégager une valeur opérationnelle et économiser sur des aspects clés. Cette technologie s’avère également efficace pour trouver rapidement des solutions à des problèmes complexes, fournissant de meilleurs renseignements sur la clientèle, ce qui favorise une croissance durable et la création d’une valeur, et qui permet d’attirer la prochaine génération de talent.
En fait, 86 % des dirigeants de PME accélèrent leur adoption de l’IA générative, tout comme l’automatisation et le déploiement d’autres nouvelles technologies, pour faire face au changement du marché du travail et combler les écarts de productivité, tandis que 79 % d’entre eux songent à l’adopter pour renforcer leur cybersécurité.
Et comme les fusions et les acquisitions reviennent dans leur point de mire, 81 % d’entre eux croient que l’intégration de l’IA générative à leurs activités augmentera la valeur de leur entreprise auprès des acheteurs éventuels.
Les enjeux ESG en plein essor
Même si les PME canadiennes ont plusieurs préoccupations en tête, elles n’ont pas oublié leur engagement envers les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) — la majorité (86 %) déclare que ces enjeux sont entièrement intégrés à leurs activités pour créer une nouvelle valeur. Mais l’un des principaux défis, selon 84 % d’entre eux, réside dans le fait que les attentes des parties prenantes à l’égard des enjeux ESG changent plus rapidement que les dirigeants peuvent adapter leurs stratégies. Ils sont autant à déclarer que leurs créanciers leur imposent des exigences liées à l’environnement plus contraignantes, entraînant des délais ou réduisant leur capacité à réunir des fonds.
Parmi les autres raisons expliquant pourquoi les facteurs ESG restent sous les feux de la rampe, on retrouve les nouvelles et changeantes exigences en matière de déclaration, notamment la Loi sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement du Canada, qui exige de beaucoup d’entreprises qu’elles déclarent les mesures prises pour réduire les risques de travail forcé et de travail des enfants dans leurs activités et leur chaîne d’approvisionnement.
L’adoption du projet de loi C-59 a aussi accru les contraintes. Selon cette loi, toutes les entreprises canadiennes ont la responsabilité d’étayer de preuves leurs déclarations environnementales et sociales pour s’assurer que les programmes ESG incluent plus de responsabilité et de gouvernance et éviter que les entreprises fassent de l’« écoblanchiment » (p. ex., faire des déclarations exagérées ou trompeuses sur l’impact environnemental ou social). Tout particulièrement sur ce point, 88 % des PME nous ont indiqué qu’elles procédaient à l’examen de leurs communications ESG pour s’assurer d’être conformes.
Somme toute, les PME du Canada reconnaissent la valeur de respecter leurs objectifs ESG, non seulement parce que c’est la bonne chose à faire, mais aussi pour répondre aux attentes de leurs parties prenantes, éviter les sanctions pécuniaires, maintenir leur réputation, attirer et conserver des talents, et rester à l’avant-garde des réglementations. Bien qu’elles soient nombreuses à proclamer qu’il est difficile de rester à jour sur des normes et des réglementations précises, elles ne considèrent pas cela comme une raison pour mettre la pédale douce : près de neuf PME sur dix (89 %) assurent qu’elles font des efforts pour améliorer leurs rapports et leurs données sur l’environnement.
Vers le sommet
Les PME du Canada font preuve de confiance et d’optimisme face à l’avenir. Pour amorcer et maintenir leur élan, elles devraient toutefois garder certaines avenues et manœuvres essentielles en tête.
- Faire un examen complet : La croissance et la résilience d’une entreprise reposent sur la somme des parties de cette dernière. Analysez attentivement vos processus, votre équipe et vos technologies pour choisir les investissements à faire et les stratégies à mettre en place afin d’atteindre vos objectifs. Ensuite, préparez une feuille de route en indiquant la priorité de chaque mesure qui fera en sorte que tout est en place et que tous montent à bord.
- Entretenir une culture de cybersécurité : Favorisez une forte cyberculture, c’est-à-dire une culture qui ne considère pas la gestion de la sécurité comme une tâche « supplémentaire », mais comme une exigence minimale. C’est la formation continue sur la cybersécurité qui lui donne forme, car elle permet de s’assurer que les employés de l’entreprise savent quoi repérer et ce qui est attendu d’eux.
- Prendre le temps de planifier le changement de direction : Les changements de direction d’entreprise fructueux reposent sur une robuste planification, une communication transparente et la collaboration des différentes générations. Si vous pensez que votre entreprise franchira bientôt cette étape, commencez le processus dès maintenant.
- Considérer la technologie comme une alliée : Les technologies émergentes présentent des risques, mais les outils comme l’IA, l’automatisation et l’infonuagique, quand ils sont adéquatement utilisés, peuvent être des atouts pour attirer les talents, favoriser la collaboration, créer des gains d’efficacité et augmenter la productivité.
- Rester au fait de votre contexte d’affaires : Prenez des mesures pour rester au courant des changements qui auront des répercussions sur votre entreprise, comme les réglementations fiscales, l’évolution des enjeux ESG ou les cyberrisques, et adaptez-vous en conséquence.
- Transformer les défis en occasions : Les propriétaires d’entreprises qui relèvent les défis d’aujourd’hui seront en meilleure position pour profiter de la reprise et de la croissance de l’économie générale.
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À propos des enquêtes de KPMG
Les dirigeants de PME ne sont pas encore convaincus : seulement 20 % d’entre eux s’attendent à un tel retour à temps plein au bureau au cours des trois prochaines années. Malgré leur désir de revoir le personnel au bureau — 85 % d’entre eux conviennent qu’ils offriraient des récompenses pour favoriser ce retour — près des deux tiers (65 %) s’attendent à travailler avec une main-d’œuvre hybride d’ici trois ans, reconnaissant qu’il faut faire preuve de souplesse pour attirer et conserver les talents diversifiés dont ils ont besoin pour assurer leur croissance et leur productivité.
Comme la pénurie de main-d’œuvre qualifiée constitue une préoccupation constante, 84 % des PME s’attendent à ce que leur entreprise soit touchée par les bouleversements du marché de la main-d’œuvre — surtout par le nombre d’employés qui prendront leur retraite et le manque d’employés qualifiés disponibles pour les remplacer. En comparaison, un peu moins du tiers (28 %) des chefs de la direction sont préoccupés par cette question, même si 79 % d’entre eux concèdent que les organisations devraient investir dans le perfectionnement des compétences et l’apprentissage continu des membres des collectivités locales pour s’assurer d’avoir accès aux talents futurs.