L’intervention d’urgence liée aux changements climatiques et la pérennisation des activités ont été au cœur des préoccupations de durabilité des entreprises cette année en raison de la nature pressante des défis ESG qu’elles présentent. Toutefois, il faut reconnaître que le climat n’est qu’un des nombreux risques ESG interreliés que les chefs de la direction envisagent, ce qui souligne la nécessité d’une approche stratégique de la durabilité.
Qu’il s’agisse de nouvelles réglementations, de technologies perturbatrices ou de l’évolution des perspectives des consommateurs, les facteurs ESG visent en fin de compte à aider les organisations à créer et à protéger de la valeur pour favoriser une croissance durable à long terme. Il n’est donc pas surprenant que le sondage Perspective des chefs de la direction canadiens en 2024 de KPMG montre que les facteurs ESG sont devenus la principale priorité opérationnelle des chefs de la direction canadiens.
Classement des priorités opérationnelles des chefs de la direction canadiens en 2024
Source: Perspective des chefs de la direction canadiens de KPMG pour 2024
Les événements météorologiques extrêmes de 2024 partout au Canada, tels que les inondations, les feux de forêt et les vagues de chaleur, soulignent le besoin urgent pour les organisations de se concentrer sur l’exposition aux risques climatiques. Bien que la lutte contre les risques climatiques demeure essentielle à la durabilité, comme en témoignent 92 % des leaders d’entreprise qui ont exprimé des préoccupations au sujet des événements météorologiques extrêmes cette année, 78 % des chefs de la direction canadiens ont indiqué que les obligations liées à la réglementation et à la présentation de l’information étaient la principale raison pour laquelle ils priorisaient les facteurs ESG.
Plusieurs évolutions réglementaires liées à ces derniers ont eu une incidence sur les sociétés canadiennes, notamment les dispositions du projet de loi C-59 visant à prévenir l’écoblanchiment et à protéger les consommateurs contre les allégations trompeuses sur la durabilité. Les chefs d’entreprise, déjà aux prises avec la vaste portée des exigences ESG et de durabilité, doivent maintenant soupeser les considérations financières et les risques d’atteinte à la réputation des allégations environnementales et sociales non vérifiées qui pourraient avoir des conséquences sur les activités et la rentabilité.
Harmoniser les perspectives des chefs de la direction et des chefs de la durabilité
Reconnaissant que la durabilité représente une priorité stratégique cruciale, les chefs de la direction canadiens ont pris des mesures à long terme, et 75 % d’entre eux prévoient qu’il faudra au moins trois ans pour obtenir un rendement substantiel de leurs investissements, une projection qui correspond aux 62 % des leaders canadiens en développement durable qui adoptent une approche ESG plus stratégique.
Les chefs de la direction canadiens collaborent avec leurs chefs de la durabilité pour intégrer les facteurs ESG dans leurs grandes stratégies organisationnelles. Ils s’inquiètent de la durabilité à long terme des entreprises, de l’accès aux capitaux et de la résilience aux risques ESG à court et à long terme. De plus, les chefs de la direction font maintenant participer toute l’équipe de direction à la mise en œuvre efficace des initiatives de développement durable.
Bien qu’il soit encourageant de constater que la moitié (55 %) des chefs de la direction canadiens affirment qu’il est possible de répondre à toutes les priorités ESG à l’ordre du jour, cela suggère à l’inverse que 45 % pourraient avoir des doutes quant à la gestion simultanée de tout ce qui relève du développement durable. Par exemple, malgré les indices d’une confiance croissante des chefs de la direction envers le rôle de la technologie et des talents dans l’atteinte des objectifs ESG, plus de 50 % des chefs de la durabilité interrogés ont tout de même relevé ces domaines comme étant des obstacles importants. Cet écart met en évidence un décalage potentiel entre l’optimisme des dirigeants et les réalités opérationnelles sur le terrain.
55 % des chefs de la direction canadiens conviennent qu’il est possible de répondre à toutes leurs priorités ESG
Obstacles à la mise en œuvre d’initiatives ESG efficaces : points de vue des des chefs de la durabilité
Source: Observations tirées d’une étude sur les priorités ESG du marché effectuée par Verdantix Research pour le compte de KPMG au Canada en juillet 2024
Plus de la moitié des chefs de la durabilité ont cerné neuf de ces dix obstacles dans l’enquête, ce qui indique que chaque question est critique et interconnectée. Ces défis font en sorte qu’il est difficile pour les entreprises de hiérarchiser et de traiter chaque problème efficacement.
En fin de compte, l’évolution du contexte réglementaire entourant les facteurs ESG s’ajoute aux complexités opérationnelles, logistiques et financières actuelles liées à la durabilité, ce qui intensifie le besoin d’une collaboration interfonctionnelle solide. Les chefs de la durabilité doivent diriger la stratégie ESG et collaborer avec les hauts dirigeants de fonctions comme les finances, les services juridiques, les RH, l’approvisionnement, les TI, le marketing et les relations avec les investisseurs. En raison de la nature complexe des facteurs ESG, chaque unité administrative doit comprendre comment la présentation de l’information ESG et le contrôle diligent peuvent avoir une incidence sur sa stratégie et ses activités.
Tracer la voie : la nouvelle ère de présentation de l’information ESG au Canada
Un peu plus de la moitié (53 %) des chefs de la direction canadiens estiment que leurs déclarations sur la durabilité peuvent résister à un examen minutieux. Les autres sont peut-être incertains de l’exactitude de leurs affirmations. Bien que la présentation uniforme de l’information ESG et les nouvelles réglementations soient bénéfiques, elles présentent également des défis pour les sociétés qui tentent de maintenir leur crédibilité. Voici un aperçu des importants vents contraires qui ont une incidence sur le contexte de la réglementation et de la présentation de l’information ESG :
Projet de loi C-59 : L’écoblanchiment pourrait coûter des millions
En vertu du projet de loi C-59 contre l’écoblanchiment, les organisations doivent étayer les déclarations environnementales et sociales sur leurs produits et services au moyen d’épreuves suffisantes et appropriées, conformément aux méthodes reconnues à l’échelle internationale relativement aux allégations concernant leurs activités. Cela s’applique à la totalité des revendications et engagements publics en matière de développement durable, comme les objectifs de zéro émission et de carboneutralité, l’exposition aux risques ESG importants, l’éthique dans la chaîne d’approvisionnement, le respect de l’environnement, etc. Le respect de la loi C-59 est essentiel pour maintenir la crédibilité et la confiance et, maintenant, éviter les problèmes juridiques et les pénalités financières importantes qu’elle prévoit.
Au sujet du « S » : le Canada prend des mesures pour lutter contre l’esclavage moderne
L’année 2024 marque également la première année de la présentation de rapports en vertu de la Loi sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement. Des entités déclarantes, 90 % s’engageant publiquement à mieux lutter contre l’esclavage moderne dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les responsables de la durabilité doivent tenir compte du risque de « blanchiment social » pour s’assurer que leur organisation demeure non seulement éthique, mais aussi conforme au projet de loi C-59, en évitant les atteintes à la réputation, les pénalités financières et les problèmes juridiques.
Le CCNID instaure de nouvelles normes sur la transparence de la présentation de l’information ESG
Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a pris les devants pour répondre au besoin de normes ESG rigoureuses afin d’améliorer considérablement la façon dont les sociétés rendent compte de leurs efforts de durabilité. À la suite de la période de consultation de cette année, le CCNID devrait finaliser ses deux premières normes d’information — NCID 1 et NCID 2 —, à savoir d’ici la fin de 2024. Les autorités de réglementation, les décideurs et les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) donneront ensuite des directives concernant les exigences entourant de possibles déclarations obligatoires en 2025.
Rapports mondiaux et taxonomie canadienne
Les organisations canadiennes continueront d’être touchées par les exigences de déclaration sur la durabilité émergentes et en évolution en Europe et dans d’autres pays. À l’échelle nationale, le gouvernement a annoncé son intention d’établir une taxonomie canadienne afin de simplifier la classification des investissements durables. L’adhésion à la taxonomie peut améliorer considérablement la capacité d’une entreprise à accéder à du financement durable, à des crédits d’impôt pour l’énergie propre et à d’autres incitatifs gouvernementaux, et ainsi démontrer un engagement ferme à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
Transformer les contraintes en forces : stratégies ESG pour les PME
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont confrontées à une étendue similaire de risques ESG liés aux changements climatiques, à l’abordabilité énergétique et à la nouvelle législation, mais elles font face à ces défis avec des contraintes de ressources bien plus importantes que les grandes sociétés.
Les petites entreprises font face à de plus grands défis pour exécuter leur stratégie ESG
Source: L'enquête de KPMG Entreprises privées 2024
Contrairement aux grandes entreprises, les PME manquent souvent des importantes ressources financières et humaines nécessaires pour composer avec les considérations prioritaires, comme les risques climatiques, la décarbonation et la conformité à la réglementation. Les petites organisations doivent donc adopter des pratiques ESG hautement stratégiques pour demeurer concurrentielles et respecter les exigences réglementaires. Elles peuvent aussi tirer parti de leurs forces uniques pour assurer leur réussite et leur durabilité à long terme des façons suivantes:
- Agilité : Les PME peuvent souvent être plus agiles et plus rapides à s’adapter aux nouvelles réglementations et demandes du marché, ce qui leur donne plus de temps pour adopter des pratiques durables.
- Liens étroits avec les clients et les communautés : En étant plus proches de leurs clients et de leurs communautés, les PME peuvent recueillir la rétroaction et répondre aux besoins locaux plus efficacement, en veillant à ce que leurs efforts de développement durable correspondent aux attentes des parties prenantes.
- Innovation et collaboration : Les petites entreprises favorisent souvent une culture d’innovation et de collaboration, et vont donc expérimenter de nouvelles approches et solutions.
Jeter les bases opérationnelles pour protéger la valeur
En 2024, 63 % des chefs de la direction canadiens ont déclaré qu’ils avaient encore de la difficulté à intégrer pleinement les facteurs ESG à leurs activités comme moyen de créer de la valeur, ce qui n’est pas surprenant compte tenu des obstacles relevés par les chefs de la durabilité, notamment l’adhésion de la haute direction et le budget insuffisant pour investir dans les initiatives ESG nécessaires à une stratégie à long terme. L’opérationnalisation des facteurs ESG exige l’intégration des considérations de durabilité dans les opérations quotidiennes et les stratégies à long terme.
Pour illustrer cette approche interreliée, prenons l’exemple de la décarbonation de la chaîne d’approvisionnement, une priorité absolue pour les chefs de la direction canadiens.
Cette année encore, les chefs de la direction ont indiqué que la complexité de la décarbonation par la réduction des émissions de portée 3, et plus particulièrement des chaînes d’approvisionnement, constitue leur principal obstacle à l’atteinte de la carboneutralité. La mise en œuvre d’un plan stratégique et intégré de décarbonation joue un rôle essentiel pour harmoniser les objectifs de durabilité avec les activités interfonctionnelles. Une évaluation rigoureuse des émissions de la chaîne d’approvisionnement doit intégrer une compréhension approfondie des divers risques importants liés à la décarbonation qui sont pertinents dans chaque région, industrie et secteur d’activité.
Piliers et pierres angulaires
Fondamentalement, l’amélioration des pratiques ESG et de durabilité ne se limite pas à la conformité; il s’agit d’assurer la résilience et la création de valeur à long terme. Pour mettre en œuvre efficacement une stratégie ESG qui va vraiment au-delà de la conformité, les entreprises doivent intégrer des objectifs de durabilité dans leurs activités de base et leurs processus décisionnels. Pour ce faire, elles devraient suivre ces conseils :
- Ratisser très large les possibilités de financement : Comme 56 % des leaders en durabilité mentionnent les coûts parmi les obstacles importants, les entreprises doivent explorer diverses possibilités de financement de leurs initiatives ESG. C’est en tirant parti des options de financement durable et en attirant des investisseurs qui adhèrent aux principes ESG que les organisations font progresser leurs efforts de décarbonation et de durabilité.
- Rechercher l’efficacité : Une évaluation des risques et de la valeur est essentielle à l’efficience. Il faut intégrer les initiatives de développement durable aux activités de base de l’entreprise pour améliorer la résilience et la performance ESG à court et à long terme.
- Commencer par établir un plan : Pour mettre en œuvre efficacement les stratégies ESG, les organisations ont besoin d’un plan détaillé qui décrit les étapes précises à suivre pour atteindre leurs objectifs. Ce plan doit comprendre des mesures visant à réduire les émissions, à améliorer les pratiques de travail et à investir dans des technologies durables.
- Adopter une vue d’ensemble : Afin de favoriser des plans de transition plus solides, il faut être agile et suivre les activités du marché, y compris les nouvelles lois, les normes de durabilité, les technologies novatrices et les possibilités de financement. Il est crucial de comprendre les répercussions potentielles de facteurs externes sur les activités, les finances et les parties prenantes.
- Être méthodique : Les entreprises ont besoin d’une évaluation complète des risques climatiques et de plans de transition appropriés et fondés pour s’y retrouver efficacement dans la complexité de la démonstration de progrès tangibles dans les pratiques ESG.
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À propos des enquêtes de KPMG
Les dirigeants de PME ne sont pas encore convaincus : seulement 20 % d’entre eux s’attendent à un tel retour à temps plein au bureau au cours des trois prochaines années. Malgré leur désir de revoir le personnel au bureau — 85 % d’entre eux conviennent qu’ils offriraient des récompenses pour favoriser ce retour — près des deux tiers (65 %) s’attendent à travailler avec une main-d’œuvre hybride d’ici trois ans, reconnaissant qu’il faut faire preuve de souplesse pour attirer et conserver les talents diversifiés dont ils ont besoin pour assurer leur croissance et leur productivité.
Comme la pénurie de main-d’œuvre qualifiée constitue une préoccupation constante, 84 % des PME s’attendent à ce que leur entreprise soit touchée par les bouleversements du marché de la main-d’œuvre — surtout par le nombre d’employés qui prendront leur retraite et le manque d’employés qualifiés disponibles pour les remplacer. En comparaison, un peu moins du tiers (28 %) des chefs de la direction sont préoccupés par cette question, même si 79 % d’entre eux concèdent que les organisations devraient investir dans le perfectionnement des compétences et l’apprentissage continu des membres des collectivités locales pour s’assurer d’avoir accès aux talents futurs.
- Observations tirées d’une étude sur les priorités ESG du marché effectuée par Verdantix Research pour le compte de KPMG au Canada en juillet 2024. N=100 Leaders en ESG et en durabilité au Canada.