Au cours des dernières années d’instabilité économique, de pénuries de main-d’œuvre et de progrès technologiques continus et exponentiels, les chefs de la direction canadiens ont réparti de façon plus égale leurs investissements entre la technologie et le personnel.
Il est clair que la pandémie a changé la donne : dans notre rapport Perspective des chefs de la direction en 2022, 80 % des répondants ont dit favoriser la technologie. Cette année, ce pourcentage est tombé à 59 %, dont 41 % ont préféré investir dans le personnel.
Cette stratégie plus uniforme devrait combler des lacunes importantes, corriger des inefficacités et établir les conditions d’un succès continu.
Jeu d’équilibre : priorités d’investissement des chefs de la direction canadiens dans les talents et la technologie au cours des cinq dernières années
Si les chefs de la direction tracent cette voie rééquilibrée, c’est à leurs leaders en technologie qu’il incombe de s’y retrouver et d’assurer l’efficacité et la croissance. Dans le cadre du Sondage mondial sur la technologie 2024 de KPMG, nous nous sommes entretenus avec des leaders en technologie pour comprendre les occasions et les défis auxquels ils font face alors qu’ils travaillent à moderniser leurs activités, à mettre en œuvre de nouvelles technologies et à perfectionner leurs employés.
Principales priorités d’investissement technologique des leaders en technologie
Du côté des talents, de nombreux chefs de la direction et leaders en technologie accordent également la priorité aux efforts visant à trouver les personnes nécessaires pour réaliser leurs ambitions. Parmi les des chefs de la direction sondés, 96 % prévoient embaucher du personnel au cours des 3 prochaines années et 80 % reconnaissent que les défis liés au recrutement et à la rétention des meilleurs talents constituent une menace à la prospérité de l’organisation.
96 % des chefs de la direction canadiens prévoient embaucher du personnel au cours des 3 prochaines années
80 % des chefs de la direction canadiens reconnaissent que les défis liés au recrutement et à la fidélisation des meilleurs talents constituent une menace pour la prospérité de l’organisation
Rigueur et rendement du capital investi
Dans ce contexte économique incertain, les chefs de la direction s’attendent à ce que leurs leaders en technologie soient plus conséquents dans leurs investissements technologiques. Par conséquent, les leaders canadiens en technologie adoptent une approche davantage axée sur les données, les preuves de concept réussies étant la principale raison d’investir plutôt que la satisfaction aux demandes des clients. En d’autres mots, ils deviennent plus proactifs que réactifs.
Cette rigueur porte ses fruits. En 2023, environ 35 % des leaders canadiens du secteur de la technologie n’ont signalé aucune augmentation de la rentabilité dans l’ensemble des catégories technologiques. En 2024, ce chiffre est tombé à 3 %, la plupart des dirigeants estimant une augmentation de 5 à 15 % de la rentabilité dans toutes les catégories technologiques.
Toutefois, les dirigeants du secteur de la technologie sont hésitants face aux rendements qui attirent de plus en plus l’attention : 91 % sont préoccupés par les problèmes qui pourraient survenir si la priorité était accordée aux gains à court terme plutôt qu’aux avantages à long terme.
Ambitions de l’IA…
Les investissements importants dans la technologie, en particulier dans l’IA, s’accompagnent d’attentes plus grandes. Selon le sondage, 72 % des chefs de la direction canadiens s’attendent à un rendement mesurable de leurs investissements en IA au cours des 3 à 5 prochaines années, la hausse de la rentabilité figurant en tête de leur liste de souhaits. À ce titre, 71 % d’entre eux visent un rendement maximal de l’investissement en IA dans les TI, et 64 %, dans les ventes et le marketing.
La pression se fait maintenant sentir pour les leaders en technologie, qui doivent obtenir des résultats, et donc, intensifier leurs efforts. Leurs progrès dans la mise en œuvre de l’IA ont rapidement suivi ceux d’autres technologies prioritaires dans leur organisation, notamment l’analyse de données, la cybersécurité, le Web3 et les technologies XaaS (tout en tant que service). En fait, parmi ces répondants, jusqu’à 78 % affirment avoir le soutien et le financement nécessaires pour réussir, et qu’ils font des progrès dans la mise en œuvre de l’IA.
72 % des chefs de la direction canadiens s’attendent à un rendement mesurable de leurs investissements en IA au cours des 3 à 5 prochaines années
… contre réalités de l’IA
Mais surtout, bien que les chefs de direction canadiens adoptent l’IA, ils ne ferment pas les yeux sur ses dangers. Ils reconnaissent que l’IA peut présenter des risques importants pour leur organisation et que de nombreux obstacles se dressent entre eux et une mise en œuvre réussie.
Seulement 40 % des répondants affirment que leur organisation est prête à déployer l’IA générative encadrée d’une gouvernance solide, et 67 % estiment que le rythme de l’évolution de la réglementation en IA représentera un obstacle à leur succès.
Les chefs de la direction ne sont pas les seuls à être préoccupés. Les leaders canadiens en technologie éprouvent également de la difficulté à surmonter certains de ces obstacles alors qu’ils cherchent à opérationnaliser les technologies et à atteindre leurs indicateurs clés de performance. Environ la moitié (51 %) s’inquiète d’un manque de capacités et de compétences techniques nécessaires pour mettre en œuvre l’IA avec succès.
C’est pourquoi, au cours des 12 prochains mois, les leaders canadiens en technologie se concentreront sur ce qu’ils considèrent comme une lacune importante : la gestion des données. Moins de la moitié des leaders en technologie croient à l’efficacité de leurs systèmes de données (47 %), de leur gouvernance des données (48 %) ou de leurs protocoles de sécurité des données (46 %).
Pour tirer une valeur de l’IA et des investissements connexes, il faudra trouver le juste équilibre entre la gestion et l’hygiène des données en jumelant les bonnes politiques et les bons protocoles aux bons outils et au bon sens des opérations. Encore une fois, le personnel fera pencher la balance.
67 % des chefs de la direction canadiens estiment que le rythme de l’évolution de la réglementation en IA représentera un obstacle à leur succès
Travailler ensemble, c’est mieux
Les chefs de la direction souhaitent également inverser la tendance au télétravail causée par la pandémie : la plupart des chefs de la direction canadiens prévoient un retour de la main-d’œuvre au bureau au cours des 3 prochaines années (83 % par rapport à 64 % en 2023), tandis que 13 % envisagent un scénario de main-d’œuvre hybride et que seulement 4 % prévoient employer une main-d’œuvre entièrement à distance.
L’interaction en personne constitue un moyen éprouvé de bâtir une culture d’innovation, de collaboration et, surtout, de transfert des connaissances, que les chefs de la direction considèrent comme le principal facteur ayant une incidence sur la croissance de l’entreprise. Le rythme du changement étant ce qu’il est, et au vu du besoin continu d’apprentissage et d’amélioration des compétences, les chefs de la direction prennent de plus en plus conscience de la valeur de la mémoire institutionnelle pour le maintien de la continuité et de la prospérité organisationnelles.
Toutefois, que leur argent aille davantage à la technologie ou aux talents, les chefs de la direction et leurs leaders en technologie reconnaissent que le visage de leur main-d’œuvre croissante change. 79 % des chefs de la direction canadiens et 89 % des leaders en technologie conviennent que l’IA ne modifiera peut-être pas fondamentalement le nombre d’emplois, mais qu’elle nécessitera une augmentation importante des compétences et un redéploiement des rôles.
Cela souligne un point récurrent : meilleur sera la degré d’harmonie que les chefs de la direction et les leaders en technologie peuvent atteindre entre leur rendement du capital investi dans la technologie et dans le personnel, plus constant sera leur chemin vers la réussite.
79 % des chefs de la direction canadiens conviennent que l’IA ne modifiera peut-être pas fondamentalement le nombre d’emplois, mais qu’elle nécessitera une augmentation importante des compétences et un redéploiement des rôles
89 % des leaders en technologie conviennent que l’IA ne modifiera peut-être pas fondamentalement le nombre d’emplois, mais qu’elle nécessitera une amélioration importante des compétences et un redéploiement des rôles
Privilégier une croissance stable
Les organisations qui s’efforcent d’équilibrer les risques et les avantages doivent garder à l’esprit ce qui suit :
- L’harmonisation entre la direction et les leaders en technologie. Pour faire progresser l’adoption de technologies et générer un rendement sur les investissements en technologie, il faut une direction unie. Cela signifie que les chefs de la direction, les chefs de l’information et les autres dirigeants doivent bien s’entendre. Ils doivent communiquer régulièrement sur les priorités, les objectifs et les progrès de la mise en œuvre.
- L’IA n’est utile que dans la mesure de ses intrants. L’IA peut améliorer l’efficacité, connecter les données et fournir de meilleures informations que les processus manuels et les outils conventionnels, mais le jugement humain est nécessaire pour remettre en question et valider les données et les résultats.
- La technologie n’a de valeur que si les gens l’utilisent. L’achat d’une technologie ne signifie pas que l’organisation est prête à en tirer le meilleur parti. Les dirigeants de l’entreprise doivent se réunir et déterminer comment la déployer de manière à atténuer les risques et à maximiser le rendement.
- L’intégration de la cybersécurité à la technologie et à la culture. Pour se défendre en permanence contre les rançongiciels, les attaques par hameçonnage, les hypertrucages et les autres stratagèmes frauduleux en constante évolution, les organisations doivent également investir continuellement dans les outils et les compétences nécessaires pour garder la cybersécurité au premier plan.
- Garder les gens au cœur. Il faut continuer d’investir dans le personnel et la culture. Il est moins coûteux de retenir les meilleurs talents que de les recruter et d’assurer le transfert des connaissances au sein de l’organisation. Investir dans l’apprentissage continu et créer des occasions de collaboration peut aider à former une main-d’œuvre plus résiliente et innovante.
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À propos des enquêtes de KPMG
Les dirigeants de PME ne sont pas encore convaincus : seulement 20 % d’entre eux s’attendent à un tel retour à temps plein au bureau au cours des trois prochaines années. Malgré leur désir de revoir le personnel au bureau — 85 % d’entre eux conviennent qu’ils offriraient des récompenses pour favoriser ce retour — près des deux tiers (65 %) s’attendent à travailler avec une main-d’œuvre hybride d’ici trois ans, reconnaissant qu’il faut faire preuve de souplesse pour attirer et conserver les talents diversifiés dont ils ont besoin pour assurer leur croissance et leur productivité.
Comme la pénurie de main-d’œuvre qualifiée constitue une préoccupation constante, 84 % des PME s’attendent à ce que leur entreprise soit touchée par les bouleversements du marché de la main-d’œuvre — surtout par le nombre d’employés qui prendront leur retraite et le manque d’employés qualifiés disponibles pour les remplacer. En comparaison, un peu moins du tiers (28 %) des chefs de la direction sont préoccupés par cette question, même si 79 % d’entre eux concèdent que les organisations devraient investir dans le perfectionnement des compétences et l’apprentissage continu des membres des collectivités locales pour s’assurer d’avoir accès aux talents futurs.