• Laurent des Places , Associé |
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Dans un monde ou l’écologie et les énergies renouvelables sont des sujets au cœur des débats, Il semble inévitable pour les entreprises d’électrifier leurs flottes automobiles. Cette transition du secteur automobile est portée par des normes et réglementations gouvernementales au service du développement durable. Cependant, face à l’instabilité économique et géopolitique, la problématique d’approvisionnement et de production en métaux rares représente un réel enjeu dans la réussite de la transition énergétique.

Le défi de la transition du secteur automobile vers un développement réellement durable doit donc s’appréhender de manière globale et sur l’ensemble de la chaîne de valeur.

Phase de production : Potentiels impacts négatifs de l’électrification automobile

Environnement : des impacts négatifs liés au processus d’extraction de matières premières

La construction et l’utilisation de véhicules électriques requièrent différentes ressources, notamment des métaux rares, très prisées des industriels de par leurs propriétés exceptionnelles (magnétiques, catalytiques et optiques).

Une voiture électrique peut contenir 9 à 11kg de terres rares, ça représente le double de la quantité trouvée dans les voitures à hydrocarbure.

Aperçu des métaux rares contenus dans une voiture électrique

Société : les impacts néfastes liés aux conditions d’exploitation de la main d’œuvre des métaux rares ?

Les processus d’extraction de métaux rares nécessaires aux véhicules électriques comportent des dangers réels pour les employés et populations locales. Le cobalt, par exemple, nécessaire aux circuits des batteries électriques, provient à ~65% de la République Démocratique du Congo. Les conditions d’extractions minières locales sont catastrophiques, du fait de la corruption, du manque de règlementation et de la prolifération de mines artisanales employant hommes, femmes et enfants dans des conditions dangereuses et insalubres.

Géopolitique : des risques de déséquilibres avec certains pays producteurs/investisseurs

Dans une logique de spécialisation minière, certains pays ont développé un quasimonopole sur de la production de métaux rares. La batterie, qui représente entre 30 et 40% de la valeur d’un véhicule électrique, nécessite divers métaux pour sa fabrication.

Phase d’usage : sous certaines conditions, une augmentation importante de l’électrification automobile annule le bénéfice espéré

L’électrique, contrairement aux hydrocarbures, dépend fortement du mix énergétique et des infrastructures du pays d’usage. Ainsi, sous conditions d’usage équivalent, le type de production électrique local peut fortement mitiger le bilan carbone des véhicules électriques face aux véhicules mécaniques.

Phase de recyclage

Chaque année, en France, un habitant produit en moyenne jusqu’à 23 kg de déchets électroniques.

La quantité de déchets électroniques augmente de 3-5% par an avec la pénétration grandissante de produits électroniques au sein des foyers. Au cœur de ces déchets, les métaux rares sont généralement peu recyclés. En effet, cela coûte moins cher d’extraire des métaux rares que d’investir dans l’économie circulaire et les technologies / procédés de recyclage.

Il est d’une part important de garantir le recyclage de certains composants des batteries pour limiter l’impact environnemental et sociétal de leur production. D’autre part, le recyclage permet de rééquilibrer les dynamiques entre Etats consommateurs et ceux ayant des compétences avancées en recyclage.