Le secteur canadien de l’assurance a beaucoup évolué depuis quelques années. Les percées technologiques lui ont permis de faire des gains de productivité et de réduire ses coûts, les modèles de prestation omnicanale deviennent la norme, et les changements climatiques continuent de présenter un risque existentiel pour le pays et le secteur. Les assureurs canadiens font également face aux vents contraires qui agitent l’économie alors que l’attitude des consommateurs évolue et que les exigences en matière de déclaration et de réglementation se resserrent.
Malgré la portée et l’envergure de ces changements, les assureurs canadiens tiennent à faire croître leur entreprise et à rehausser leur avantage concurrentiel à l’échelle mondiale. Nous tenons notre conférence annuelle sur l’assurance pour aider le secteur à acquérir une vue d’ensemble des défis et des occasions à venir. Lors de notre plus récente conférence, nous avons surtout cherché à aider les compagnies d’assurance à se préparer en vue de cet avenir incertain, mais emballant.
Les assureurs canadiens sont confrontés à d’importants enjeux. Ils doivent trouver les meilleures façons de répondre aux besoins changeants de leurs clients tout en obtenant un rendement approprié pour les risques qu’ils prennent – d’autant plus que les événements météorologiques extrêmes, les défis du marché, les changements technologiques, l’évolution du contexte réglementaire et les préoccupations géopolitiques continuent d’accaparer l’attention.
De nombreux assureurs se concentrent actuellement sur le meilleur moyen d’appliquer les politiques en lien avec les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et de tirer profit de la puissance de l’intelligence artificielle (IA) pour faire des prévisions, personnaliser leurs produits et automatiser leurs processus. D’intéressantes innovations, comme l’assurance intégrée et la cyberassurance, gagnent en popularité et devraient grandement influencer le secteur des assurances en 2024 et au cours des années à suivre. Bien que les grandes compagnies d’assurance profitent des nouvelles occasions, elles restent aussi résolues à offrir des garanties aux clients sous-représentés et à assurer le caractère inclusif et équitable de leur lieu de travail pour les membres du personnel.
À la lumière de ce contexte changeant, voici neuf choses qui modèleront le secteur en 2024 et par la suite.
2023 a été l’une des pires années de l’histoire du Canada au chapitre des catastrophes naturelles, ce qui représente tant des risques que des occasions sur le plan des enjeux ESG
Les changements climatiques ne manqueront assurément pas de perturber davantage le secteur. Les événements météorologiques extrêmes entraînent une hausse des demandes de règlement, et le manque de protection contre les catastrophes naturelles – qui se chiffrait à environ un milliard de dollars américains en 20231 – s’accentue en raison des changements climatiques.
Bien que cette situation incite quelques assureurs à se retirer de certaines sphères à risque élevé, d’autres espèrent profiter des nouvelles occasions en concevant de nouveaux produits et services – des polices qui favorisent la prévention des risques liés aux changements climatiques aux assurances paramétriques, en passant par les services-conseils en gestion des risques. Dans de tels cas, les assureurs doivent veiller à ce que leurs processus de souscription, de placement et de gestion de la chaîne d’approvisionnement intègrent des étapes pour surveiller et gérer les risques liés aux changements climatiques émergents.
Compte tenu de l’importance grandissante que les investisseurs et les organismes de réglementation accordent aux facteurs ESG, les assureurs sont nombreux à tenter de les intégrer de façon générale à leurs processus opérationnels actuels. Cela dit, bien que 44 % des têtes dirigeantes des compagnies d’assurance considèrent que les programmes ESG présentent un avantage financier2, elles ne sont que 51 % à avoir confiance dans leur capacité à appliquer ces priorités ESG, notamment à tracer leur voie vers la carboneutralité, en même temps que leurs autres priorités stratégiques3.
Nombre d’assureurs trouvent que l’inclusion des enjeux ESG est un exercice d’équilibriste qui impose de nouvelles formes de gouvernance, du personnel supplémentaire, de nouvelles technologies de contrôle et une nouvelle expertise. Certains cabinets se tournent vers les ressources et les compétences développées pour mettre l’IFRS 17 en place et évaluent la possibilité de les réaffecter aux enjeux ESG. D’un point de vue du développement durable, cette approche peut s’avérer utile pour conserver les talents et assurer l’uniformité et la crédibilité des déclarations.
Le secteur est en croissance, mais celle-ci sera modérée à court terme
Nous nous attendons à ce que la croissance soit modeste au cours des deux prochaines années. L’inflation demeure une préoccupation majeure pour les assureurs, tout comme l’incertitude politique et les risques technologiques émergents. Après une chute générale estimée à 0,2 % en 2022, les primes d’assurance devraient de nouveau croître à un taux annuel de 2,1 % cette année et la suivante4. Cette croissance serait attribuable notamment à la hausse des activités en Asie, à un assouplissement de l’inflation, au raffermissement du côté des assurances dommages et à la demande pour les assurances vie.
La technologie sera le moteur des gains de productivité et de rentabilité
Le vieillissement et le départ à la retraite de la main-d’œuvre du secteur des assurances entraîneront une perte de compétences notamment en souscription, en actuariat et en rajustement du règlement. Les assureurs espèrent que les nouvelles technologies arriveront non seulement à combler cette perte, mais aussi à accroître l’efficacité. Selon les estimations, l’IA pourrait augmenter la productivité et réduire les coûts d’exploitation du secteur des assurances de près de 40 %5. Lors d’un récent sondage de KPMG, 71 % des entreprises ont indiqué qu’elles prévoyaient instaurer leur première solution d’IA générative au cours des deux prochaines années. La technologie devrait aussi accroître la rentabilité de 21 %6.
La productivité continue d’augmenter grâce à la numérisation, mais de nombreux assureurs demeurent aux prises avec des systèmes désuets et dispendieux qui alimentent des flux de travail inefficaces. Dans la conjoncture économique actuelle, les assureurs qui jouissent de données plus granulaires et qui peuvent prendre des décisions plus rapidement sont en meilleure position pour croître. Pour rester productifs, concurrentiels et rentables en 2024, ils devront inévitablement réaliser une transformation numérique au moyen de services connexes.
L’IA fait des vagues et les assureurs doivent veiller à l’utiliser de façon éthique et responsable
L’IA n’étant plus une nouveauté dans le secteur de l’assurance, son utilisation ne se limite plus aux agents conversationnels et aux services d’assistance à la clientèle. En effet, elle sert également à automatiser le processus de demande de règlement, à détecter les fraudes, à vendre des produits d’assurance et même à assurer la conformité réglementaire. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique aident les assureurs à évaluer plus précisément les risques et à présenter des offres d’assurances hautement personnalisées. De telles prévisions peuvent expliquer en partie pourquoi le marché mondial des assurances alimenté par l’IA – estimé à 4,59 G$ US en 2022 – devrait atteindre 79,86 G$ US d’ici 20327.
Quand elles adoptent l’IA – pour automatiser leurs processus d’affaires, gérer le risque ou améliorer l’expérience client – les entreprises doivent respecter plus d’exigences réglementaires liées à l’IA, à la conformité ESG et à l’éthique. La loi sur l’IA de l’Union européenne, par exemple, durcit la réglementation en la matière en instaurant plusieurs catégories « à risque élevé » et sert maintenant d’étalon pour les autres pays qui souhaitent réglementer plus efficacement l’usage de cette technologie. L’importante empreinte carbone de l’IA et le potentiel de biais algorithmiques, qui peut engendrer des situations discriminatoires, peuvent avoir un effet néfaste sur l’atteinte des objectifs ESG. Les assureurs doivent préserver un équilibre entre l’automatisation et les gains prédictifs dus à l’IA et un usage responsable et éthique de cette technologie qui répond aux besoins des clients et du personnel.
Les assurances intégrées sont de plus en plus considérées comme un produit indispensable
Un nombre grandissant de consommateurs démontrent un intérêt pour l’achat d’assurance habitation, auto, voyage et maladie au moment où ils en ont besoin – au point de vente. Par conséquent, le marché des assurances intégrées a bondi en flèche, offrant de belles occasions aux compagnies d’assurances et aux cabinets de courtage.
Selon un récent rapport8, les assurances intégrées pourraient générer des primes dépassant 70 G$ d’ici 2030. Un sondage mené en 2023 par Chubb9 révèle que 81 % des cadres financiers qui prennent des décisions en matière de produits d’assurance pensent que l’assurance intégrée passera du statut d’avantage à celui de produit essentiel. Par ailleurs, près des trois-quarts des dirigeants de banques et de sociétés de technologie financière estiment que l’offre d’une assurance intégrée aide leur organisation à gagner la confiance des clients.
Le marché de la cyberassurance est en hausse, mais les assureurs doivent maintenir un équilibre entre les occasions de croissance et les risques
Le secteur de la cyberassurance est l’un de ceux affichant les plus fortes hausses, tant au Canada qu’ailleurs, surtout auprès des entreprises de plus grande envergure. Selon les estimations, le marché mondial de la cyberassurance devrait atteindre 33,3 G$ US en 2027, un bond par rapport aux 11,9 G$ US enregistrés en 202210. En même temps, l’augmentation des attaques par rançongiciel force les réassureurs à trouver de nouvelles façons de lever des capitaux supplémentaires pour faire face à une forte majoration potentielle de la capacité. Aux États-Unis par exemple, les demandes de règlement pour attaque par rançongiciel ont cru de 77 % au premier trimestre de 202311. Les retombées des conflits géopolitiques et de l’activité connexe des états-nations pourraient stimuler ce risque.
Les changements réglementaires demeurent une réalité pour les compagnies d’assurances, et suivre le rythme favorise la résilience
Les assureurs doivent continuellement s’adapter aux exigences réglementaires, et c’est toujours aussi vrai en 2024. Pour les assureurs du monde entier, un changement réglementaire important sera apporté l’an prochain. Les nouvelles normes mondiales de fonds propres pour les assureurs relatives à la solvabilité visent à uniformiser les normes sur la suffisance du capital des groupes d’assurances actifs à l’échelle internationale.
Maintenant que la première année de déclarations conformes à l’IFRS 17 au Canada est derrière nous, les assureurs tentent de comprendre comment le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) supervisera son mandat consistant à protéger les titulaires de police et jonglera avec les conséquences d’un secteur qui croît plus rapidement que l’économie canadienne. Par ailleurs, les assureurs surveillent aussi l’évolution d’autres questions, dont celles-ci :
- En vertu de la ligne directrice B-15 du BSIF publiée en mars 2023, les sociétés d’assurance doivent divulguer les risques liés aux changements climatiques à leurs parties prenantes et les gérer
- Les directives à venir du BSIF sur la façon dont les institutions financières doivent se protéger contre l’ingérence étrangère pourraient modifier la façon de souscrire les risques pour les assurances dommages
- La ligne directrice E-23 du BSIF sur le cadre de gestion du risque de modélisation et la ligne directrice B-10 sur la gestion du risque lié aux tiers s’appliqueront probablement aux institutions financières fédérales, y compris aux assureurs.
- L’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers a publié un nouveau cadre réglementaire et adopté une nouvelle approche de surveillance rehaussée du secteur des assurances vie et maladie.
Quand les entreprises mettent leurs processus à jour pour se conformer aux exigences en matière de déclaration, elles augmentent leur résilience. Il faut toutefois garder certains défis clés en tête, notamment en ce qui a trait à la définition des services commerciaux importants, à la création de paramètres pour mesurer la résilience, à l’établissement de la tolérance aux conséquences et à la prise en compte des tiers et des prestataires de services logistiques dans ces calculs. Idéalement, la résilience doit être intégrée dans les activités courantes et faire partie de l’ADN de l’entreprise – des membres de la direction à l’ensemble du personnel.
Les fusions et les acquisitions continueront de dépendre du capital privé
Bien que le contexte économique ait dans une certaine mesure ralenti le rythme des fusions et des acquisitions touchant les gros joueurs, l’investissement de capital privé chez les courtiers canadiens en assurance de dommage demeure élevé. Le marché canadien reste hautement fragmenté et présente de nombreuses occasions. Il pourrait notamment tirer avantage des connaissances et de l’expertise numérique des groupes spécialisés en capital privé des États-Unis et du marché beaucoup plus mature de l’Europe qui manifestent un intérêt dans le marché canadien. Comme les activités de fusion et d’acquisition ont pour but d’acquérir des capacités à tous les échelons de la chaîne de valeur, il faut s’attendre à d’autres regroupements d’entreprises.
La pression exercée sur les parties fusionnées entraînera d’autres changements. Les entreprises devront déterminer les éléments essentiels et non essentiels à leurs activités et trouver des façons de contrôler les coûts liés aux demandes de règlement. Dans un environnement inflationniste incertain, il sera primordial pour assurer la croissance d’améliorer la rentabilité des capitaux et de moderniser l’exploitation en misant sur l’automatisation, l’IA et l’analyse de données.
Les assureurs qui mettront en place un milieu de travail équitable et inspirant attireront les meilleurs talents
D’ici 2025, plus de 60 % de la main-d’œuvre à l’échelle mondiale sera composée de talents des générations Y et Z pour qui le perfectionnement continu et l’accès à des occasions de croissance professionnelle sérieuses sont prioritaires12. La diversité, l’équité et l’inclusion jouent donc un rôle de premier ordre. Les sociétés qui accordent la priorité à l’octroi d’une rémunération équitable, au juste équilibre travail et vie personnelle et aux occasions d’avancement seront plus fortes en 2024.
La diversité et l’égalité des genres sont des éléments importants d’une culture organisationnelle et les compagnies d’assurances ont du chemin à faire en la matière. Bien que les femmes occupent 49 % des postes de premier échelon, elles ne représentent que 23 % des cadres dirigeants13. Le document Perspective des chefs de la direction de KPMG 2023 suggère que des changements se pointent à l’horizon : 75 % des chefs de direction reconnaissent que la diversité au travail pourrait nécessiter un changement au niveau de la haute direction. Ils sont aussi nombreux à s’attendre à ce que la question de la diversité soit examinée de plus près au cours des trois prochaines années.
- Fédération mondiale des associations d’assurance (GFIA), Global protection gaps and recommendations for bridging them, mars 2023, site web de Verzekeraars
- ESG in insurance: Insured emissions report, site Web mondial de KPMG
- Perspectives des chefs de la direction de KPMG 2023, KPMG International, septembre 2023
- World insurance : stirred, and not shaken, SwissRe, 2023
- L'intelligence artificielle (IA) sur le marché de l'assurance, Precedence Research, juillet 2023
- Perspective des chefs de la direction de KPMG 2023, KPMG International, septembre 2023
- Intelligence artificielle (IA) sur le marché de l'assurance, Precedence Research, juillet 2023
- La distribution d'assurance intégrée pourrait dépasser 70 milliards de dollars de primes aux États-Unis d'ici 2030, PR Newswire, janvier 2023
- Les banques et la course au portefeuille numérique : la stratégie d'assurance intégrée, Assurance Chubb
- Cyber insurance: Risks and trends 2023, 26 avril 2023, site web de Munich Re
- US Cyber Purchasing Trends, 10 mai 2023, site web de Marsh
- Companies can’t wait to upskill their workforce, 1er juillet 2023, KPMG
- Rapport sur les inégalités femmes-hommes dans le monde 2023, 20 juin 2023, Forum économique mondial
Comment KPMG peut aider
KPMG au Canada possède les compétences et les outils requis pour aider les assureurs à répondre aux besoins de leurs clients en prenant de l’expansion et en personnalisant leur offre, et à se mettre en adéquation avec le paysage technologique et réglementaire d’aujourd’hui. Dotés de toutes les aptitudes pertinentes, nos conseillers chevronnés peuvent aider les assureurs à affirmer leur résilience opérationnelle, à fournir des produits d’assurance de qualité aux clients et à accroître leur part de marché au Canada et ailleurs.
Nos équipes interdisciplinaires connaissent tous les aspects qui peuvent influencer les activités du secteur de nos jours. Nous pouvons aider les dirigeants et les entreprises à s’y retrouver dans les domaines de la réglementation, des technologies et de la cybersécurité, et à rester centrés sur la création de valeur. Pour en savoir plus sur les tendances dans le secteur des assurances ou parler de leurs répercussions sur votre entreprise, communiquez avec nous.
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