Les entreprises canadiennes ont misé gros sur la technologie infonuagique. Selon un récent sondage de KPMG au Canada, 93 % des chefs d’entreprise ont déclaré que l’adoption de l’infonuagique s’est accrue dans leur organisation.
Bien qu’un grand nombre d’entreprises profitent déjà des avantages de leur investissement dans cette technologie, plusieurs autres doivent encore en tirer le plein potentiel. Selon des leaders dans le domaine, le principal défi ne se trouverait pas au niveau de la technologie elle-même, mais plutôt au niveau du processus général de transformation numérique.
« Il faut instaurer une mentalité d’amélioration continue pour constamment examiner les services appropriés et s’assurer que l’architecture offre toute la souplesse voulue », explique Gavin Lubbe, à la tête des Services-conseils – Management, Analyse des données chez KPMG dans la région du Grand Toronto. « Les entreprises ne réalisent pas toujours à quel point leurs stratégies et leurs méthodes d’exploitation doivent se transformer pour réellement tirer une valeur de l’infonuagique – et même celles qui y arrivent doivent comprendre que c’est un processus continu », ajoute-t-il.
L’informatique en nuage est souvent rentable; le rapport mondial 2023 sur la technologie de KPMG révèle que 64 % des entreprises canadiennes ont vu leur rentabilité ou leur rendement augmenter grâce à l’infonuagique, mais, en même temps, 36 % ont indiqué n’avoir tiré aucun gain de leur transformation numérique jusqu’à présent. Une partie du problème repose sur le fait que de nombreuses entreprises paient pour des services dont elles n’ont pas besoin, alors que d’autres y font appel trop rapidement. Selon M. Lubbe, certaines ont également de la difficulté à mesurer la valeur obtenue grâce à l’infonuagique. Dans les deux cas, il peut y avoir un décalage entre la stratégie infonuagique et l’exécution, ce qui entrave parfois les efforts déployés pour mettre en place des processus d’affaires numériques.
Par ailleurs, les environnements infonuagiques sont de plus en plus complexes à gérer, surtout dans le cas de systèmes logiciels importants, comme les solutions de gestion des ressources, et les entreprises se retrouvent souvent à utiliser plusieurs nuages auprès de différents fournisseurs. En outre, elles sont nombreuses à posséder des systèmes désuets sur place. Voilà des problèmes qui peuvent tous être résolus, mais pour cela, les entreprises doivent investir de façon plus intentionnelle, modifier leur façon d’évaluer la valeur tirée de cette technologie et trouver des manières de mieux gérer leurs dépenses liées à l’infonuagique.
Adoption du changement numérique
Les entreprises peinent souvent à profiter pleinement de l’infonuagique parce qu’elles résistent aux changements à grande échelle que ces solutions peuvent exiger.
« Plusieurs déclarent que le transfert de leur infrastructure dans le nuage vise à contrôler les coûts », indique Amardeep Johar, leader national, Solutions d’entreprises chez KPMG au Canada, qui aide les entreprises de toutes les tailles à mettre leurs plateformes infonuagiques en œuvre. « Mais le passage à l’infonuagique impose un important changement de mentalité – c’est une transformation à l’échelle de l’organisation. Adopter de nouveaux logiciels ne suffit pas; les entreprises doivent s’adapter à tous les niveaux et parfois, elles ne sont pas prêtes à le faire. »
Selon M. Johar, pour profiter au maximum des plateformes SaaS (logiciels à la demande) infonuagiques, les entreprises doivent adapter leurs processus à la solution, mais elles ont plutôt l’habitude de faire l’inverse. M. Johar mentionne que les coûts grimpent quand elles tentent de configurer une plateforme SaaS pour qu’elle prenne en charge leurs processus existants, lesquels peuvent même entrer en conflit avec les mises à jour faites par le fournisseur de la solution SaaS. « S’adapter à une plateforme constitue une façon de faire tellement différente pour la plupart des entreprises, explique-t-il. Et l’effet d’entraînement à l’interne est assez important. »
Les aptitudes et les comportements des employés représentent un autre élément qui doit évoluer, mais qui peut être difficile à changer. Comme une grande partie du travail technique est maintenant impartie aux fournisseurs de services infonuagiques, les entreprises peuvent restructurer leurs équipes de prestation et de maintenance informatiques pour qu’elles s’acquittent davantage de fonctions liées à la gestion des données. En même temps, plusieurs tâches courantes anciennement exécutées par des employés peuvent être automatisées, ce qui leur permet de se concentrer davantage sur l’évaluation stratégique des activités.
Il est essentiel, pour réussir une transformation, d’accepter le changement, de prioriser les besoins des utilisateurs finaux et de mobiliser les employés. « La gestion du changement est un aspect primordial, précise M. Lubbe. Après tout, vous modifiez la façon de penser et de travailler des gens. »
Discipline opérationnelle
Les entreprises font face à un autre défi : elles ont réalisé que l’informatique en nuage n’est pas forcément moins onéreuse, du moins si elles poursuivent leurs activités comme elles le faisaient quand elles utilisaient des serveurs sur place. « En fait, à l’heure ou au gigaoctet, les solutions infonuagiques peuvent coûter plus cher que les solutions sur place », affirme M. Lubbe.
Selon lui, faire appel à d’importants fournisseurs de services infonuagiques permet d’avoir rapidement accès à une imposante puissance informatique pour de courtes périodes, mais, pour contenir les coûts, les équipes doivent faire preuve de diligence et s’assurer de ne pas payer pour des services qu’elles n’utilisent pas. « J’ai déjà vu des sociétés manquer de la discipline opérationnelle qui leur aurait permis de limiter leurs dépenses en mettant fin, le temps venu, aux services dont elles n’avaient plus besoin. »
Les services infonuagiques sous-entendent le transfert du contrôle des actifs technologiques aux utilisateurs fonctionnels, ce qui exige des modèles de gouvernance internes différents et un autre type de surveillance. Pour nombre d’entreprises, cela constitue une refonte considérable qui peut susciter de la frustration, tant chez le personnel des TI que pour les leaders fonctionnels, selon M. Lubbe.
Ce dernier précise : « La consommation est dictée par l’unité fonctionnelle, mais les coûts sont payés par les TI, puis réaffectés à l’entreprise. Selon ce modèle, les TI peuvent être frustrés de voir les coûts augmenter sans même savoir si l’entreprise tire une valeur de cette dépense. Et de leur côté, les unités fonctionnelles sont confrontées à des factures qui grimpent. »
Cadres de valeurs
M. Lubbe croit que pour apaiser ces tensions, il faut définir et évaluer la valeur de façon plus large et ne pas se limiter aux mesures courantes que sont le coût, la rapidité ou l’efficience. Il encourage plutôt les dirigeants à déterminer le prix de tactiques comme l’évitement des coûts. Par exemple, le coût des mises à jour pourrait être pris en charge par les fournisseurs de services infonuagiques, ce qui éviterait aux équipes des TI d’avoir à gérer ces cycles. Les dirigeants devraient également évaluer les gains financiers qu’il y aurait à gérer les TI sur place au lieu de chercher à optimiser les services infonuagiques. Il explique aussi qu’il a aussi un avantage à transférer certains risques aux fournisseurs de services infonuagiques qui investissent massivement dans la protection des données et l’optimisation du temps utilisable. « Il faut penser aux avantages d’une façon plus holistique », propose-t-il.
D’entrée de jeu, chaque application infonuagique requiert ce que M. Lubbe appelle un « cadre de valeurs », qui sert à définir les objectifs du passage au nuage et les indicateurs clés de performance. C’est un processus réfléchi d’analyse coûts/avantages de base. « Beaucoup de déploiements de solutions infonuagiques échouent parce qu’il y a un décalage entre les objectifs établis et ce qu’ils essaient réellement d’accomplir », déclare M. Johar.
Non seulement M. Lubbe partage son opinion, mais il ajoute aussi qu’une stratégie infonuagique élaborée selon une approche disciplinée inclura des mesures constantes qui permettront de réévaluer périodiquement le rendement du capital investi dans les applications infonuagiques individuelles. Il est possible, grâce à cette information, de gérer les attentes, de réaffirmer à toutes les parties prenantes les avantages que présente l’utilisation du nuage, et de repérer les ajustements nécessaires ainsi que la nécessité ou non de faire affaire avec un nouveau fournisseur de services.
Même si plusieurs entreprises canadiennes réalisent que l’exploitation de TI dans le nuage représente une transition plus imposante qu’elles ne le pensaient initialement, elles demeurent impatientes de faire le changement et de retirer le maximum de leur technologie. Pour y parvenir, elles devront toutefois revoir leurs stratégies numériques. « Les entreprises se tournent souvent vers la facilité plutôt que vers les inducteurs de valeur, affirme M. Lubbe. Elles doivent maintenant déterminer très clairement la valeur qu’elles veulent tirer de chaque application. »
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