L'essentiel

      L’alimentation est un pilier fondamental du fonctionnement de nos sociétés. Pourtant, face à une population mondiale croissante, à des tensions environnementales, géopolitiques et sanitaires, notre système alimentaire atteint ses limites. C’est dans ce contexte que nous avons mené une enquête qualitative auprès de plus de 200 dirigeants internationaux, issus de secteurs comme l’agriculture, la santé, la technologie, la finance et l’énergie. L’objectif était de mieux comprendre les leviers de transformation vers un modèle alimentaire plus durable, plus équitable et plus résilient.

      Un constat central ressort : plus de la moitié de la population mondiale est aujourd’hui exposée à un stress hydrique permanent, ce qui impacte directement la production agricole et la qualité nutritionnelle des aliments. Cette fragilité met en lumière l’urgence de repenser la production, la consommation et la gestion des ressources.

      Comment garantir un accès équitable à des produits alimentaires sains et durables pour 10 milliards d’humains d’ici 2050 ? Quels rôles peuvent jouer les innovations technologiques, la nutrition, la lutte contre le gaspillage et la bioéconomie dans la refonte du système alimentaire ? Comment les acteurs économiques peuvent-ils contribuer à la résilience de la chaîne de valeur alimentaire ?

      Pour en savoir plus sur les leviers d’un système alimentaire durable, téléchargez l’étude complète.

      Un enjeu pour les secteurs

      Retail : acteur clé d’un système alimentaire réinventé


      Les attentes des consommateurs évoluent profondément : ils recherchent désormais des produits alimentaires locaux, durables, traçables et à haute valeur nutritionnelle. Pour répondre à ces nouvelles exigences, le secteur du retail doit repenser ses modèles et intégrer des innovations à tous les niveaux de la chaîne : kits repas personnalisés, distribution en ligne responsable, labels environnementaux fiables, affichage carbone ou encore lutte contre le gaspillage. À travers ces leviers, la grande distribution peut devenir un acteur central de la transformation du système alimentaire, en influençant massivement les habitudes d’achat et en rendant la consommation durable accessible au plus grand nombre. Comme le rappelle Ian Proudfoot, responsable de l’agroalimentaire mondial chez KPMG, « chaque personne sur la planète est inextricablement liée au système alimentaire » — un constat qui place le retail au cœur de ce lien quotidien entre production et société.

      Énergie : renforcer les synergies avec l’alimentaire


      La production alimentaire et l’accès à l’énergie sont aujourd’hui étroitement liés. Dans un contexte de hausse des coûts énergétiques et de tensions géopolitiques, de nombreux dirigeants soulignent l’importance de mieux articuler les systèmes alimentaires et énergétiques pour renforcer leur résilience mutuelle. L’enjeu est d’identifier des modèles qui permettent de réduire la dépendance aux énergies fossiles, d’optimiser les usages énergétiques dans les chaînes d’approvisionnement, et de développer des solutions fondées sur la nature, telles que la bioénergie ou les biomatériaux. Une réflexion s’engage également autour du recyclage des flux, de la valorisation des déchets organiques et du potentiel de l’économie circulaire pour créer des systèmes plus sobres et intégrés.

      Financier : Financer la transition, structurer le changement


      Les décisions d’investissement ont un impact direct sur la forme que prendra le système alimentaire de demain. L’allocation des flux de capitaux détermine ce qui pousse, où, et comment, influençant les modèles agricoles, le rythme de l’innovation et la résilience des chaînes d’approvisionnement. Les dirigeants interrogés soulignent la nécessité de repenser ces flux pour soutenir des transitions durables. Parmi les leviers déjà mobilisés, on trouve les obligations vertes, les prêts liés au développement durable, la participation aux marchés carbone ou encore les plateformes de financement mixte. En structurant des modèles économiques innovants, les acteurs financiers peuvent créer de la valeur tout en facilitant des transitions régénératrices — en particulier dans les régions les plus exposées aux chocs climatiques et aux tensions d’approvisionnement.

      Cinq enseignements clés

      • Produire sans détruire : le dilemme de l’usage des terres agricoles

        L’utilisation des terres agricoles devient un enjeu critique avec des besoins concurrents (habitat, énergie, alimentation). Repenser la production d’aliments, notamment d’origine animale, est indispensable pour répondre à la demande mondiale croissante sans aggraver la déforestation ou la perte de biodiversité.

      • Changer de paradigme nutritionnel pour une meilleure santé humaine

        Le rôle du système alimentaire dépasse désormais la simple fourniture d’énergie, en intégrant des objectifs nutritionnels et sanitaires. Face à la montée de l’obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires, l’alimentation doit intégrer des standards nutritionnels plus exigeants.

      • L’impact du climat sur la sécurité alimentaire

        La production agricole subit les effets directs du changement climatique : sécheresses, inondations, perte de rendement. L’anticipation devient un levier stratégique pour préserver l’approvisionnement alimentaire mondial.

      • L’innovation au service de la souveraineté alimentaire

        Des solutions comme les protéines alternatives à base d’insectes, les circuits courts, ou encore la traçabilité via la blockchain offrent de nouvelles pistes pour sécuriser la production et renforcer la confiance des consommateurs, tout en réduisant l’impact environnemental.

      • Vers un système alimentaire inclusif et équitable

        Trop de populations restent exclues d’un accès à des aliments de qualité. Pour répondre aux besoins futurs, il faut bâtir un système où l’alimentation durable est accessible à tous, où chaque consommateur devient acteur, et où le gaspillage est réduit à la source.

      Vers une action collective et multisectorielle 

      Face aux limites de notre système alimentaire, il devient clair que nous ne pouvons plus compter uniquement sur les acteurs traditionnels de l’agriculture ou de la grande distribution. La transition vers un modèle plus durable, équitable et résilient implique une mobilisation collective de l’ensemble des secteurs : énergie, santé, finance, technologie, infrastructures, pouvoirs publics… Tous ont un rôle essentiel à jouer dans la refonte du modèle alimentaire mondial.

      Les solutions existent déjà : agriculture de précision, innovations nutritionnelles, traçabilité par la blockchain, modèles de financement durable, économie circulaire, ou encore prospective stratégique pour anticiper les risques à venir. Notre ambition est d’accélérer ces dynamiques, d’encourager les coopérations transversales, et de faire converger les expertises vers un objectif commun.

      Car l’alimentation ne peut plus être considérée comme une simple fonction de production ou de consommation : elle est devenue un enjeu systémique, au croisement de la santé, de l’environnement, de l’économie et de la souveraineté. Repenser le système alimentaire mondial, c’est réinventer les équilibres entre besoins humains, limites planétaires et justice sociale. C’est agir dès aujourd’hui pour construire un futur où chaque aliment produit et consommé contribue à la vitalité de nos sociétés — et à la préservation de notre planète.

      Contacts:

      Eric Ropert

      Associé, Responsable du secteur Biens de consommation et Distribution

      KPMG en France

      Roger Averbuch

      Associé, Customer et Conseil en Stratégie pour les ETI

      KPMG en France


      Marie-Claire Renault Descubes, Directrice Advisory et Spécialiste agriculture et alimentation - KPMG en France

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