Collaborateurs à la rédaction : Dmitry Sidorov, Syndy Shi, Isabel de Verteuil, Ellen Ferguson, Johanna Fernandes, Brendan Gray, Zitin Munshi, Prashant Patel, Diwei Zhong

Les jeunes sont très préoccupés par les changements climatiques. Pourtant, une étude de KPMG au Royaume-Uni sur le phénomène de « démission environnementale » indique que 64 % des jeunes professionnels interrogés estiment que les organisations ne disposent pas des mécanismes appropriés pour intégrer les jeunes dans la prise de décisions stratégiques, en particulier en ce qui concerne l'établissement d'objectifs en matière de climat et d'ESG.1 Le réseau Leaders 2050, dirigé par KPMG et composé de futurs leaders qui s'intéressent à la carboneutralité, à la croissance propre et à la durabilité tout en en mettant l'accent sur la diversité et l'inclusion, intensifie ses efforts pour faire entendre la voix des jeunes professionnels de partout au Canada. Ainsi, le réseau organise des événements pour leur offrir des occasions d'établir des liens, de discuter de leurs expériences et d'en apprendre davantage sur les progrès accomplis dans divers secteurs.

Les constats ci-dessous sont tirés des discussions tenues lors des événements inauguraux de Leaders 2050 au Canada;2 ils représentent les défis et les occasions pour les organisations qui cherchent à réaliser le potentiel de leurs futurs leaders.

Le rôle actuel des jeunes professionnels dans le cadre D’initiatives de développement durable

Leur rôle est essentiel dans la réalisation d'initiatives de durabilité au sein de leur organisation, et il prend diverses formes.

  • Les jeunes jouent un rôle essentiel dans les initiatives de durabilité en organisant des événements et en participant à des programmes de formation en matière d'ESG et de finance qui sensibilisent le personnel aux questions de durabilité. Ces programmes leur permettent de répondre de manière créative aux préoccupations environnementales et d'influencer la direction sur des questions telles que la gestion des déchets. Dans l'ensemble, ces programmes qui offrent des formations et des occasions de soulever des questions auprès de la direction sont relativement nouveaux.
  • Pour favoriser la diversité et l'innovation dans les efforts de durabilité, il est important que les jeunes s'investissent, car ils peuvent apporter des perspectives nouvelles et exprimer leur opinion, par exemple lors de conférences et d'événements sur la durabilité.
  • L'attraction et la fidélisation des jeunes talents dépendent de plus en plus de la performance des entreprises en matière d'ESG. Les entreprises reconnaissent davantage l'importance de la durabilité, motivées par les incitatifs gouvernementaux et le besoin d'idées novatrices. Toutefois, elles doivent en faire plus pour intégrer la durabilité dans leurs activités sectorielles, par exemple dans les processus d'approvisionnement.
  • Les établissements d'enseignement offrent un grand nombre de conférences et de concours d'études de cas. Les entreprises devraient voir ces activités comme des plateformes génératrices d'idées novatrices et de collaborations potentielles. 

La nécessité D’améliorer Les compétences

Les jeunes professionnels cherchent des occasions d'acquérir des compétences en matière d'analyse quantitative et de communication pour appuyer la prise de décisions fondées sur des données et pour prôner l'action à l'échelle de leur organisation.

  • Les jeunes professionnels souhaitent recevoir une formation officielle pour développer leurs compétences quantitatives et techniques et avoir la possibilité d'appliquer l'analyse des données et les mesures d'impact aux cas d'utilisation de la durabilité. Le développement de ces compétences peut renforcer la capacité d'un jeune professionnel à présenter un cas éclairé sur la conception et la mise en œuvre de stratégies de développement durable efficaces et à promouvoir la prise de décisions fondées sur des données.
  • Les jeunes professionnels recherchent des formations pratiques sur le développement de compétences générales, telles que l'art oratoire, le leadership, la résilience et l'adaptabilité pour promouvoir efficacement la durabilité au sein de leur organisation. Ces compétences leur donneront la confiance nécessaire pour dialoguer avec les décideurs, en particulier au sein des organisations où il est difficile d'obtenir le soutien des dirigeants. En maîtrisant mieux le langage du leadership, les jeunes professionnels peuvent montrer qu'ils partagent les valeurs et les objectifs de leur organisation et contribuer à la mise en œuvre de solutions plus pratiques.
  • Les jeunes professionnels veulent que des formations et des programmes de mentorat liés à la durabilité soient offerts à l'ensemble du personnel de leur organisation, y compris aux équipes qui ne sont pas liées à la durabilité et au climat. Ainsi, la collaboration interfonctionnelle s'en trouve améliorée et tous les membres du personnel ont la possibilité d'axer leur carrière sur la durabilité s'ils le souhaitent. Étant donné que 53 % des leaders canadiens en développement durable considèrent le manque de talents qualifiés comme un obstacle important à l'atteinte des objectifs de développement durable de leur entreprise, les organisations devraient envisager d'offrir de la formation théorique et pratique sur les compétences qui permettent de procéder à une transformation intégrale en matière de durabilité.3

L’autonomisation

Les jeunes professionnels cherchent des occasions de discuter sérieusement et de partager leurs connaissances à tous les niveaux.

  • Les jeunes professionnels veulent faire entendre leur voix à l'échelle de leur organisation et avoir l'occasion d'exprimer leurs idées, leurs préoccupations et leurs aspirations. Parmi eux, 72 % estiment que leur voix n'est pas entendue par la direction et 95 % pensent que les organisations doivent mieux intégrer les jeunes dans la prise de décisions.1 Leur participation à des séances de remue-méninges, à des groupes de travail, à des occasions de faire preuve de leadership et à des événements sectoriels pourrait favoriser la créativité, encourager la pensée critique, promouvoir la contribution active aux questions de durabilité et aider les organisations à comprendre comment elles peuvent réellement changer les choses. Ces activités peuvent servir de support aux jeunes professionnels pour engager un dialogue avec les dirigeants et les décideurs et ainsi influencer directement les politiques et les pratiques.
  • Les jeunes professionnels veulent une culture de soutien au travail, où ils sont à l'aise d'échanger des idées et de prendre des risques. Le soutien de mentors et l'adhésion de la haute direction sont des facteurs clés qui influencent leur niveau d'aisance à s'exprimer et à participer à des activités qui visent à favoriser le changement organisationnel.

Les risques liés à la durabilité

Les jeunes professionnels voient les risques physiques et ceux liés à l'écoblanchiment et à la réglementation comme les principaux risques liés à la durabilité pour les organisations.

  • Les jeunes professionnels s'inquiètent de la façon dont les organisations communiquent leurs renseignements et objectifs en matière de durabilité, et croient qu'elles devraient viser des cibles ambitieuses tout en mettant en œuvre une gestion appropriée de la conformité et des risques en accord avec le projet de loi C-59, adopté le 20 juin 2024, qui comprend des dispositions relatives à l'écoblanchiment et aux fausses déclarations en matière d'ESG. Cette préoccupation est largement partagée, puisque 81 % des organisations canadiennes craignent d'exagérer ou de déformer accidentellement leurs déclarations relatives à l'environnement, à la responsabilité sociale et à la gouvernance et d'être accusées de fraude ESG.4
  • Les jeunes professionnels croient que la réglementation émergente posera des défis uniques dans tous les secteurs d'activité, car elle requiert des structures de présentation de l'information définies et pose des exigences complexes. Ces règlements comprennent notamment la directive sur la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises de l'Union européenne et les nouvelles Normes canadiennes d'information sur la durabilité du Conseil canadien des normes d'information sur la durabilité. Ils croient également que l'étendue de la participation du gouvernement au financement et à l'approbation réglementaire a une incidence sur les habitudes et les choix de la population.
  • Selon les jeunes professionnels, les organisations devraient s'attaquer en priorité aux risques physiques liés aux changements climatiques, car ils représentent une menace directe pour leurs activités. Par exemple, plusieurs secteurs ont été durement touchés partout au Canada par la fréquence et la gravité croissantes des ouragans, des incendies de forêt et des orages. Les jeunes professionnels croient qu'il est essentiel de cerner et d'atténuer les risques physiques pour les opérations, et que les secteurs privé et public doivent collaborer pour s'adapter aux changements climatiques.

Les principales lacunes

Les jeunes professionnels considèrent que le manque de ressources, le cloisonnement organisationnel et les mesures inefficaces sont les principaux problèmes dans l'ensemble des secteurs d'activité.

  • Selon les jeunes professionnels, le manque de ressources financières représente un obstacle à l'intégration efficace de la durabilité dans la stratégie de l'entreprise et dans l'ensemble des fonctions. De fait, 44 % des organisations estiment que l'insuffisance des ressources et des capacités est un défi majeur à l'intégration de la durabilité.5 Les jeunes professionnels constatent souvent que leur organisation consacre des fonds aux besoins opérationnels plutôt qu'à la durabilité à long terme, car celle-ci est difficile à rentabiliser à court terme. Bien que cela soit considéré comme un défi important, il est essentiel d'harmoniser le programme ESG avec les objectifs financiers. Selon une étude de KPMG, 21 % des organisations estiment que la difficulté à mesurer le rendement du capital investi au sein des programmes ESG est un défi majeur pour l'affectation de ressources financières suffisantes à ces programmes.
  • Les jeunes professionnels croient que les questions de durabilité sont souvent séparées des priorités stratégiques plus larges de l'organisation, créant ainsi des cloisonnements organisationnels contre-productifs. Ceux-ci, ainsi que la communication limitée entre les fonctions à l'interne, sont considérés par 41 % des organisations comme des enjeux principaux qui entravent la collaboration sur les questions de durabilité, et de tels cloisonnements représentent un défi pour l'intégration du développement durable au sein des organisations.5 En outre, les personnes qui ne font pas partie des équipes de développement durable ont moins de moyens de s'informer sur les efforts de durabilité et d'y participer. Pour les membres d'équipes de développement durable, cela signifie que leurs objectifs en la matière passent souvent inaperçus ou ne s'harmonisent pas avec la stratégie globale de l'organisation.
  • Il y a une impression que les dirigeants ne comprennent pas les enjeux de durabilité, leurs interrelations et leur incidence potentielle sur l'organisation. Certains n'ont pas les connaissances nécessaires pour s'attaquer aux questions pertinentes en matière de durabilité et comprendre comment les mesures prises peuvent influencer positivement leurs résultats. De plus, bien que les mesures environnementales aient considérablement évolué au cours des dernières années, les mesures sociales n'ont pas évolué au même rythme. L'insuffisance des mesures d'impact social pousse souvent les entreprises à se concentrer excessivement sur les objectifs environnementaux et climatiques, en négligeant les répercussions sociales potentielles connexes. Cette façon d'agir pourrait entraîner des répercussions négatives sur le bien-être général des personnes et des communautés.

Les deux événements du réseau Leaders 2050 ont mis en lumière le rôle capital des jeunes professionnels dans l'élaboration de pratiques durables au sein des organisations. En leur fournissant les compétences nécessaires et les moyens de se faire entendre, et en comblant les lacunes en matière de ressources et de culture organisationnelle, les entreprises peuvent exploiter le potentiel de cette génération pour susciter un changement significatif dans les efforts de développement durable.

Ces rencontres, organisées à Toronto et à Calgary, sont les premières d'une longue série. Elles réunissent un groupe diversifié de jeunes professionnels en développement durable de divers secteurs d'activité afin de susciter des discussions et d'approfondir la compréhension des défis et des occasions liés à la durabilité.


  1. « Climate quitting - younger workers voting with their feet on employer's ESG commitments », KPMG au Royaume-Uni, 24 janvier 2023
  2. Événements du réseau Leaders 2050 à Toronto et à Calgary, 2024. Ces rencontres visaient à discuter des façons dont les organisations peuvent mieux soutenir les jeunes professionnels qui souhaitent changer les choses et des enjeux pressants liés au développement durable (Toronto), ainsi que des stratégies permettant de surmonter les obstacles dans un parcours vers le développement durable (Calgary)
  3. Observations tirées d'une étude sur les priorités ESG du marché effectuée par Verdantix pour KPMG au Canada en juillet 2024. N=100 leaders en ESG et en durabilité au Canada
  4. « La fraude ESG : un risque croissant aux entreprises canadiennes », KPMG au Canada, 22 mars 2024
  5. « Addressing the Strategy Execution Gap in Sustainability Reporting », KPMG aux États-Unis, février 2024. 

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