Cet article a été rédigé par : Valérie Besson, Nicolas Leonetti, Jihane Ben Amar et Paul Koni Elenga.
Un levier d'innovation pour l'agriculture et l'énergie
L'agrivoltaïsme représente, selon la CRE, l'ensemble des installations permettant de coupler une production photovoltaïque secondaire à une production agricole principale en permettant une synergie de fonctionnement démontrable. L'objectif initial était de trouver une solution pour résoudre le conflit d'utilisation des terres cultivables entre la production d'électricité et l'agriculture. En 2011, le concept d'agrivoltaïsme a été officiellement introduit dans une première publication. Depuis lors, les projets se développent en Europe et dans le monde, en particulier en Asie (Chine, Japon, Corée du Sud, etc.).
Promulguée au journal officiel du 11 mars 2023, la loi d'accélération de la production d'énergies renouvelables (AER) du 10 mars introduit pour la première fois en France la définition de l'agrivoltaïsme. L'article 54 du texte vise à établir un cadre précis pour l'exploitation d'une parcelle agricole afin de produire de l'électricité solaire tout en maintenant une activité de culture ou d'élevage simultanée.
L'agrivoltaïsme au cœur de la transition énergétique
La mise en œuvre des projets agrivoltaïques joue un rôle crucial dans le développement des énergies renouvelables en France. Ils sont essentiels pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour lutter contre le réchauffement climatique. La PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie) oriente vers une accélération du développement de la filière photovoltaïque. En utilisant des terres agricoles sans priver les agriculteurs de leurs terres, l'agrivoltaïsme s'intègre parfaitement dans cette transition énergétique.
Dynamique et tendances du marché agrivoltaïque
Actuellement, le secteur agricole français contribue à environ 15 % de la production d'énergie photovoltaïque nationale, avec 50 000 des 437 000 exploitations agricoles équipées de telles installations. Les projets agrivoltaïques présentent divers avantages selon le type de cultures. Les cultures en plein air profitent des ombrières qui protègent contre le soleil et les intempéries, optimisant la photosynthèse grâce à des trackers ajustant la position des panneaux.
Les cultures sous serre voient leur chaleur estivale réduite par les panneaux photovoltaïques, tandis que ces derniers maintiennent la chaleur en hiver et augmentent l'humidité, diminuant ainsi les besoins en eau. L'élevage bénéficie de panneaux au sol qui abaissent la température du sol et fournissent de l'ombre aux animaux, améliorant leur bien-être et favorisant la croissance de l'herbe.
Les piscicultures, quant à elles, tirent avantage de l'ombrage des panneaux, assurant une luminosité constante et réduisant le stress des poissons. De plus, les panneaux diminuent l'évaporation de l'eau et permettent l'installation de filets pour protéger les poissons des prédateurs.
Défis majeurs à l'expansion de l'agrivoltaïsme
L'acceptabilité par les agriculteurs et les riverains reste un défi. Convaincre les agriculteurs de céder une partie de leurs terres et gérer les préoccupations des riverains concernant l'esthétique et les nuisances visuelles est essentiel. La compétitivité financière est également un enjeu, les centrales agrivoltaïques présentant un coût initial plus élevé en raison des infrastructures spécifiques nécessaires. Il est crucial d'assurer une transition vers des projets durables tout en préservant les activités agricoles traditionnelles et en évitant toute spéculation foncière.