De nombreux hauts dirigeants canadiens se sont fixé des objectifs ambitieux en matière de durabilité. Pour les atteindre et obtenir des résultats mesurables, ils doivent porter une attention accrue à la chaîne d’approvisionnement de leur entreprise.

Dans un récent sondage de KPMG, les chefs de la direction canadiens ont identifié la complexité de la chaîne d’approvisionnement comme le principal obstacle à la réalisation des objectifs de durabilité de leur organisation, avant les lacunes technologiques, les problèmes de gouvernance et de contrôle, et la pénurie de talents et d’expertise.

« La pression subie par les dirigeants canadiens pour qu’ils assurent la durabilité et l’éthique de la chaîne d’approvisionnement s’exerce de plusieurs façons, affirme Kim Swanzey, associée, Enjeux ESG et leader, Durabilité de la chaîne d’approvisionnement, chez KPMG au Canada. Il est beaucoup plus difficile pour une organisation d’apporter des changements dans l’ensemble des composants de la chaîne d’approvisionnement que dans ses propres opérations. Les défis sont nombreux : opacité historique sur une grande partie de la chaîne de valeur, incohérence et incompatibilité des systèmes, et autorité ou influence limitée sur les entités individuelles, pour ne citer que ceux-là. »

La réglementation comme facteur de changement

L’évolution rapide du cadre réglementaire est l’un des moteurs de changement les plus pressants. Les dirigeants canadiens doivent prendre en compte un nombre croissant d’exigences et de normes relevant des autorités régionales, sectorielles et financières compétentes.

Au Canada, le projet de loi S-211 est entré en vigueur le 1er janvier 2024, obligeant certaines entreprises désignées à publier les mesures qu’elles ont prises pour réduire le risque de travail forcé ou de travail des enfants dans leur chaîne d’approvisionnement. Les organisations canadiennes qui exercent leurs activités à l’échelle internationale doivent également se conformer à une série de normes mondiales à cet égard, notamment la Directive sur la publication d’informations sur la durabilité des entreprises et le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne, le règlement européen contre la déforestation et la Uygher Forced Labor Prevention Act des États-Unis.

« En plus des obligations de déclaration liées au projet de loi S-211, au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et au règlement européen contre la déforestation, les dirigeants doivent composer avec la multitude de normes sectorielles volontaires qui ont émergé dans la foulée, poursuit Mme Swanzey. Pour l’instant, les exigences portent surtout sur la divulgation, mais il est probable que les entreprises auront, à l’avenir, à se conformer à des normes plus strictes en matière de gouvernance, voire de certification, des renseignements communiqués. »

Toutes ces normes réglementaires et volontaires ont un point commun : elles exigent un niveau de visibilité nettement plus élevé sur les fournisseurs de l’entreprise, qui va au-delà des fournisseurs de niveaux 1 (fournisseurs directs) et 2 (fournisseurs ou sous-traitants des fournisseurs de niveau 1). Les entreprises doivent démontrer qu’elles ont une visibilité sur l’ensemble des composants, jusqu’aux matières premières, soit un niveau de granularité bien supérieur à ce qui était exigé auparavant. Elles doivent également montrer qu’elles comprennent les risques au sein de leur chaîne d’approvisionnement et qu’elles disposent de mécanismes pour les contrôler et les gérer.

« Dans de nombreux cas, les entreprises n’auront d’autre choix que d’améliorer leur approche de la gestion de la chaîne d’approvisionnement pour répondre à ces nouvelles exigences et atteindre leurs objectifs en matière de durabilité, déclare Mme Swanzey. Les occasions sont là, les défis aussi. »

Par où commencer?

Saisir ces occasions est un autre moyen pour les entreprises de se démarquer et de maintenir leur avantage concurrentiel. Pour y parvenir, la première étape consiste à bien comprendre tous les rouages de leur chaîne d’approvisionnement et à cerner les risques liés à la région, aux produits, aux groupes et aux entités concernés.

« Comprendre et cerner les risques présents constitue un bon premier pas pour aider l’entreprise à adapter son système de gestion des fournisseurs et à démontrer qu’elle utilise les ressources de manière appropriée et responsable », explique Mme Swanzey.

Après avoir déterminé les risques et les occasions dans sa chaîne d’approvisionnement, il reste à l’entreprise à définir les données à recueillir, notamment sur les conditions de travail et de production, les systèmes de traçabilité et les émissions de gaz à effet de serre à chaque étape de la chaîne de valeur. Pour la plupart des entreprises, la collecte de données cohérentes, comparables et utiles auprès de l’ensemble des fournisseurs peut poser un défi.

« Chaque fournisseur possède ses propres systèmes, formats et normes pour l’établissement des rapports, ce qui complique le regroupement et la comparaison des résultats et soulève des questions quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la fiabilité des données », commente Alain Sawaya, leader national, Chaîne d’approvisionnement et approvisionnement, chez KPMG au Canada.

Les entreprises ont maintenant accès à des solutions technologiques émergentes pour recueillir et normaliser ces données. « Des outils seront bientôt disponibles pour adapter les solutions de traçabilité existantes afin d’aider à localiser l’origine, la production et la consommation des marchandises au sein de la chaîne d’approvisionnement d’une entreprise. Cela aidera les dirigeants à créer un profil de risque plus complet pour leur chaîne de valeur, grâce à des informations que des méthodes moins précises, comme les enquêtes et les sondages, permettent difficilement d’obtenir. »

Les solutions technologiques pour les chaînes d’approvisionnement ont pour objectif ultime de rationaliser la collecte, la gestion et l’utilisation des données. Pendant longtemps, les entreprises se sont peu préoccupées des détails concernant leurs chaînes d’approvisionnement étendues, ne s’intéressant qu’aux risques commerciaux et aux considérations financières. Aujourd’hui, le modèle de référence en matière de supervision de la chaîne d’approvisionnement évolue rapidement, obligeant les organisations de toutes tailles à surveiller leur performance et à se tenir bien au fait des attentes réglementaires et sectorielles.

« Même si l’entreprise n’est pas directement ou officiellement visée par ces exigences, elle aurait avantage à s’informer, car c’est probablement ce que font ses acheteurs en aval, » conclut M. Sawaya.

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