Le prochain grand défi des entreprises de télécommunications

La décarbonation représente un défi de taille pour les entreprises de télécommunications, notamment en raison des besoins énergétiques importants liés à l’entretien de l’infrastructure de réseau existante et au développement continu des technologies pour les réseaux de prochaine génération.

Toutefois, elle représente également une occasion importante pour les entreprises de répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de durabilité, de réduire les coûts opérationnels, de devenir socialement responsables et, potentiellement, de tirer parti de mécanismes de financement des activités vertes qui favorisent un accès accru aux capitaux.

Les grandes entreprises de télécommunications ont annoncé d’audacieux engagements en matière de décarbonation. L’électrification des véhicules et l’approvisionnement en énergie verte deviendront indispensables, particulièrement dans le monde de la 5G. Mais la décarbonation implique aussi une approche commerciale totalement différente, y compris des modèles d’économie circulaire et des chaînes de valeur durables.La gestion des émissions de carbone produites en amont et en aval de la chaîne de valeur est beaucoup plus complexe, mais d’une importance considérable puisque ces émissions représentent souvent la majeure partie de l’empreinte carbone d’une entreprise de télécommunications.

Il est donc essentiel d’établir une bonne stratégie de décarbonisation pour atteindre des engagements plus vastes en matière de lutte contre les changements climatiques, ainsi que de carboneutralité. Cependant, il n’existe pas de solution universelle. Les entreprises de télécommunications devront se pencher sur leurs stratégies de gestion des actifs du réseau, leurs initiatives d’électrification et leurs occasions de numérisation, ainsi que sur l’approvisionnement externe de ressources énergétiques renouvelables et à faible émission de carbone.

Le passage à la 5G nécessitera plus d’énergie

D’ici 2027, le rythme rapide des changements technologiques dans le secteur des télécommunications se poursuivra à mesure que les plus grands acteurs déploieront des réseaux 5G. Cette technologie est déjà en place dans certaines régions du Canada, et possède une vitesse de téléchargement 205 % plus rapide que celle de la 4G.1

Bien que de nombreuses entreprises de télécommunications aient conçu leur réseau 5G de manière à ce qu’il soit plus écoénergétique que ceux des générations précédentes, la densification et l’augmentation du trafic de données devraient entraîner une consommation d’énergie accrue. Malgré cela, la 5G et l’hyperconnectivité seront essentielles pour dégager le potentiel intrinsèque des technologies comme les mégadonnées, l’Internet des objets (IdO), la mobilité future, les véhicules automatisés, l’intelligence artificielle (IA) et la réalité augmentée. Ces dernières, ainsi que d’autres technologies émergentes, aideront les organisations de grande envergure à améliorer leur architecture d’entreprise, à optimiser leurs coûts et à accroître leurs capacités d’apprentissage machine et leur sécurité. Quoique les avantages de la transformation sociétale et numérique soient évidents, il est nécessaire de contrebalancer ces avancées avec des initiatives de développement durable.

Actuellement, le secteur des télécommunications consomme environ
2 à 3 %
de l’énergie mondiale 2
En raison de l'augmentation potentielle du trafic de données (jusqu'à 1 000 fois plus) et de l'infrastructure 5G requise, la consommation d'énergétique du secteur pourrait augmenter de
2 à 3 fois
La technologie 5G pourrait surpasser les économies d’énergie réalisées récemment par les entreprises de télécommunications qui délaissent leurs réseaux de cuivre.

La bonne nouvelle est que certaines entreprises de télécommunications mondiales se sont engagées à déployer des réseaux 5G écoénergétiques qui dépendent de sources d’énergie renouvelable afin de réduire l’utilisation des combustibles fossiles pour produire de l’énergie. En outre, la virtualisation des réseaux, les réseaux libres d’accès radio (Open Radio Access Network ou ORAN) et les investissements dans l’apprentissage machine et l’IA présentent des occasions majeures de stimuler l’efficacité de la consommation d’énergie des réseaux.

Le secteur des télécommunications a aussi l’occasion de participer aux débuts de la course à la décarbonation et de conclure des accords d’achat d’énergie, virtuelle ou non, avec des fournisseurs de services publics afin de se procurer de l’électricité de sources renouvelables et de réaliser des rendements financiers attrayants dépendamment des prix de l’énergie sur le marché.

Les entreprises de télécommunications européennes envisagent également des solutions de nouvelle génération pour réduire considérablement l’empreinte énergétique de la 5G. Cela comprend la mise en place d’exigences en matière de durabilité ou de faibles émissions de carbone pour les fournisseurs, l’étude de nouveaux moyens autonomes de production d’énergie, comme les miniréseaux et les compteurs intelligents, et l’exploration de l’utilisation d’algorithmes d’IA pour prédire et ajuster la consommation d’énergie.

Le rôle des jumeaux numériques et de l’IdO dans la décarbonation et l’amélioration de la résilience des réseaux

Les entreprises de télécommunications qui exploitent des infrastructures et des actifs essentiels sont confrontées à des incertitudes et à de nouveaux risques liés au marché pouvant se rapporter aux changements climatiques, à l’évolution des normes de présentation de l’information et de réglementation, à la transformation de la demande des consommateurs, au vieillissement des actifs et à des pressions financières. C’est là que les jumeaux numériques entrent en scène, puisqu’ils peuvent jouer un rôle clé dans toute stratégie de décarbonisation.

La résilience des réseaux est devenue un enjeu de taille pour les entreprises de télécommunications à mesure que les phénomènes climatiques ont augmenté en fréquence et en intensité. Ces dernières peuvent utiliser des jumeaux numériques pour créer une représentation numérique de leurs actifs, de leur réseau ou de leur chaîne de valeur. Elles peuvent ensuite superposer à cette représentation numérique des scénarios climatiques et commerciaux potentiels – comme une projection du cycle de vie des réseaux de fibre optique par rapport à ceux de cuivre – ce qui peut orienter les initiatives de durabilité.

L’IdO peut également aider les entreprises de télécommunications à gérer des questions ESG complexes, notamment en permettant aux opérateurs de réseau de surveiller les tours de téléphonie cellulaire à partir d’un emplacement centralisé, à distance. En plus de l’équipement de télécommunications, ces tours contiennent des générateurs, des compteurs et bien d’autres types d’équipement.

Les appareils IdO permettent de surveiller des paramètres tels que la consommation d’énergie, l’utilisation de carburant, les fuites, l’autonomie et la température des batteries, en plus de transmettre des notifications en cas d’accroc. Ils rendent également possible le suivi des paramètres de sécurité, comme la détection de dommages physiques ou d’intrusions, ainsi que des paramètres environnementaux, dont les vents violents ou le feu. Les grandes entreprises de télécommunications tireront donc parti des capacités de l’IdO pour améliorer la résilience des réseaux et favoriser une utilisation efficace de l’énergie.

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L’économie circulaire et la décarbonation

Bien qu’une certaine incertitude demeure concernant le calendrier, les réseaux 3G devraient être mis hors service au Canada d’ici la fin de 2025.3 À l’heure actuelle, les entreprises de télécommunications travaillent à faire passer leur réseau à la 5G tout en maintenant l’empreinte carbone de la 4G LTE. Par conséquent, elles sont appelées à réduire le flux de déchets lié à leur infrastructure réseau, en particulier ce qui découle de la mise hors service de la technologie existante, tout en diminuant les déchets électroniques provenant d’appareils et de centres de données.

Cependant, la décarbonation ne peut pas se dérouler uniquement au niveau de l’installation ou des opérations; les efforts à ce chapitre doivent être déployés dans l’ensemble de la chaîne de valeur, en commençant par la stratégie d’entreprise et les décisions d’approvisionnement durable. Une approche d’économie circulaire met l’accent sur la préservation des produits, des matériaux et des ressources aussi longtemps que possible, en maximisant le cycle de vie du produit et en minimisant les déchets pour promouvoir une économie réparatrice et régénératrice. Cette approche a une incidence directe sur les émissions de gaz à effet de serre de portée 3 des entreprises de télécommunications, soit celles liées à la chaîne de valeur.

L’économie circulaire et la décarbonation

Les émissions de portée 1 sont celles produites directement par des sources que détient ou contrôle l’entreprise. Celles de portée 2 sont générées indirectement par l’entreprise (p. ex., consommation d’énergie achetée pour alimenter, chauffer ou refroidir les installations). Les émissions de portée 3 englobent tout ce qui découle de la chaîne de valeur de l’entreprise.

Les fabricants d’équipement d’origine, les fournisseurs de services et les gouvernements devront aussi collaborer à la concrétisation de l’économie circulaire. Plusieurs pays européens visent à intégrer des modèles d’affaires d’économie circulaire dans le secteur des technologies de l’information et des communications en élaborant des normes et des méthodes, telles que la réduction des matériaux envoyés à des sites d’enfouissement et la réintroduction de produits dans différentes chaînes de valeur. Un des fruits de ces efforts est le cadre d’indicateurs de transition circulaire, soit un ensemble de paramètres conçu par des entreprises pour aider leurs pairs à surveiller et à gérer leur passage à un modèle d’affaires entièrement circulaire.4 Les entreprises de télécommunications canadiennes peuvent alors tirer parti des outils et des renseignements à leur disposition – et peut-être même suivre cet élan et créer leurs propres modèles circulaires – pour réduire leur empreinte carbone globale.

Les stratégies de décarbonisation et la gouvernance

La gouvernance jouera un rôle important dans toute stratégie de décarbonisation. Traditionnellement, les équipes du développement durable sont chargées de calculer l’empreinte carbone de l’entreprise et d’en rendre compte.En raison de la sensibilisation accrue des consommateurs, des attentes des investisseurs et de la hausse des coûts de l’énergie, l’efficience énergétique est de plus en plus une question de premier plan pour les conseils d’administration. Aujourd’hui, des entreprises parviennent à réduire leur empreinte carbone en intégrant des initiatives de décarbonation dans l’ensemble de leurs activités et en allant au-delà du bilan carbone de l’exploitation.

L’établissement d’un prix du carbone à l’interne peut servir à encourager une stratégie de décarbonisation. Ce prix, laissé à la discrétion de l’entreprise, est ensuite pris en compte dans les décisions stratégiques d’investissement et d’affaires. Monétiser le carbone à des fins de prise de décision interne contribue à repérer les projets ou les investissements à forte intensité de carbone et peut inciter les entreprises à explorer des alternatives à faible intensité ou à modifier ces projets, de sorte que leur dossier commercial soit plus favorable.

Une fois fixées par la direction, les cibles de décarbonation devraient être réparties au sein des unités administratives (réseau, exploitation sur le terrain, TI, finance, etc.) et faire l’objet d’un suivi actif en ce qui concerne les indicateurs clés de performance. De plus, des modèles financiers solides devraient être élaborés pour assurer la réalisation des objectifs de décarbonation. Ces modèles financiers devraient non seulement tenir compte des initiatives internes de décarbonation, mais aussi des prévisions en matière d’approvisionnement d’énergie renouvelable et des prix connexes.

La reconnaissance des leviers de la décarbonation au sein des activités

Les entreprises de télécommunications ont l’occasion de se démarquer de la concurrence en se penchant sur la manière dont leurs produits et leurs services peuvent accélérer la transition vers une économie faible en carbone. Cela comprend l’évaluation des modèles d’affaires existants afin d’intégrer la circularité, la création de partenariats ou d’alliances qui favorisent la durabilité dans l’ensemble de la chaîne de valeur et l’établissement d’objectifs ambitieux et d’échéanciers qui remettent en question les activités actuelles de l’entreprise.

L’établissement de cibles et la formulation de moyens de les atteindre devraient figurer au sommet de la liste des priorités des entreprises de télécommunications. Toutefois, elles doivent tenir compte des ressources dont elles disposent à l’interne et sur le marché canadien. Ces cibles devraient toucher à ce qui suit :

  • La consommation d’énergie
  • L’approvisionnement en énergie renouvelable
  • La gouvernance (p. ex., création de comités sur les changements climatiques ou de commissions de l’énergie)

KPMG connaît l’importance des facteurs ESG, qui peuvent transformer votre entreprise. C’est pourquoi nous sommes en mesure de vous aider à accroître la confiance, à atténuer les risques et à dégager de la valeur tout en bâtissant un avenir durable. De la quantification de cibles de décarbonisation à la prévision d’initiatives de réduction des émissions de carbone, nous pouvons vous aider à intégrer une présentation de l’information ESG attrayante pour les investisseurs dans votre rapport annuel. Nos équipes spécialisées en télécommunications au Canada et à l’étranger peuvent également vous aider à comparer votre approche en matière de développement durable à celle de vos pairs à l’échelle mondiale, à mettre en œuvre vos initiatives de décarbonation et à élaborer vos stratégies relatives au 5G et à l’IdO. Où que vous en soyez dans votre parcours de décarbonation, nous collaborerons avec vous afin que vous atteigniez la carboneutralité.


1 Emerging 5G Market Keeps Canada in the Global Top 10 for Mobile Speeds, Isla McKetta, Ookla, February 11, 2021.
2 Energy Efficiency: An Overview, GSMA Future Networks, May 8, 2019.
3 3G sunset update for US and Canadian network carriers, Julia Darnbrough, Northern Business Intelligence, April 11, 2023.
4 Circular Transition Indicators (CTI), World Business Council For Sustainable Development, 2023.

Nos professionnels du secteur de Telco et ESG peuvent vous aider à tracer la voie de l’avenir.

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