Les investisseurs, les prêteurs, les assureurs et les clients exigent de plus en plus des entreprises qu’elles fassent preuve d’une performance démontrée en matière d’environnement, de responsabilité sociale et de gouvernance (ESG). L’avenir des entreprises qui ne le font pas pourrait bien être compromis. ​

« Les entreprises qui ne parviendront pas à réagir adéquatement aux enjeux ESG au moyen de stratégies concrètes et de rapports clairs auront de plus en plus de difficultés à obtenir du financement », affirme Doron Telem, leader national, ESG chez KPMG au Canada. « Ce virage s’explique en partie par le fait que les plus importants prêteurs et investisseurs canadiens établissent des mandats et des objectifs bien définis en matière d’ESG, et que la rémunération de leurs dirigeants est de plus en plus liée à la performance ESG. » ​

Les institutions financières prennent des engagements ambitieux pour réduire les émissions de carbone. Un nombre croissant d’entre elles ont d’ailleurs joint les rangs de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ). Cette coalition représente environ 130 billions de dollars en capitaux engagés dans le soutien à la transition de l’économie mondiale vers la carboneutralité.​

D’après cette note technique du Carbon Disclosure Project (CDP), qui gère un système mondial de divulgation de l’information sur l’environnement, les portefeuilles de prêts, d’investissement et de contrats d’assurance sont de loin la plus importante source d’émissions de carbone du secteur des services financiers. ​

« Plus les institutions financières prendront des décisions de financement en fonction de la performance ESG, plus leur rôle sera important dans le virage vers une économie à faibles émissions de carbone et dans l’accélération de la transition vers la décarbonation des émetteurs lourds, affirme M. Telem. Cela aura des répercussions immédiates sur toutes les entreprises, dans tous les secteurs. »​

« Comme le calcul des émissions d’une entreprise doit tenir compte des émissions de ses fournisseurs en amont, la pression exercée sur les grandes sociétés se répercutera sur toutes les petites entreprises privées qui forment leur chaîne d’approvisionnement, poursuit-il. Par conséquent, toutes les entreprises devront s’attendre à faire l’objet d’un examen plus approfondi quant à la façon dont elles prévoient décarboner leurs activités. »​

Selon Amy West, cheffe mondiale des solutions ESG pour Valeurs Mobilières TD à New York, « les dirigeants et les investisseurs des marchés des capitaux publics et privés évaluent maintenant les risques découlant des changements climatiques sur toutes les activités d’une entreprise. Cette façon de faire nous aide à avoir une vue d’ensemble des risques financiers d’un client, portrait que nous n’avions pas auparavant. »​

« Ce qui était autrefois considéré comme un événement climatique improbable ou rarissime fait maintenant partie des risques avérés, et le plan d’affaires de chaque entreprise doit en tenir compte », ajoute Mme West. ​

Bien que les projecteurs soient présentement braqués sur les changements climatiques, M. Telem souligne que de nombreux autres facteurs sociaux et de gouvernance joueront aussi un rôle majeur dans la façon dont les investisseurs, les prêteurs et les assureurs évalueront la performance ESG à l’avenir. ​

Les principaux facteurs sociaux pris en compte par les fournisseurs de capitaux sont la gestion et la diversité des effectifs, la santé et la sécurité au travail, l’approvisionnement responsable et les relations de communauté. Les facteurs de gouvernance prioritaires comprennent le rendement éthique, la conformité aux réglementations et la responsabilité en matière d’ESG.

Les facteurs ESG pourraient alourdir les exigences en matière de financement

Pour atteindre leurs objectifs ESG déclarés publiquement, plusieurs entreprises devront vraisemblablement attirer des capitaux supplémentaires. Selon le sondage annuel de KPMG, Perspective des chefs de la direction, un dirigeant canadien sur cinq affirme que le manque de budget pour investir dans la transformation ESG est un défi de taille. ​

Les institutions financières répondent à cette demande de fonds en mettant sur pied des programmes de financement liés à la durabilité, dans lesquels la performance ESG d’un emprunteur a une incidence sur le taux d’intérêt obtenu. ​

Des considérations similaires s’appliquent aux fournisseurs de capitaux propres. La plupart des investisseurs institutionnels, y compris les sociétés de capital-investissement, ont déjà inclus les facteurs ESG comme critère important dans leurs transactions. ​

« Les facteurs ESG servent maintenant d’indicateurs du potentiel de valeur à long terme des entreprises, et il est essentiel que ces dernières rendent compte de leurs progrès à ce chapitre », affirme Clark Savolaine, associé en Services-conseils transactionnels de KPMG. ​

Pour l’instant, la présentation de rapports ESG demeure largement volontaire au Canada. Mais les attentes à cet égard évoluent rapidement, tant à l’échelle nationale que mondiale. ​

Par exemple, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, le Bureau du surintendant des institutions financières et l’International Sustainability Standards Board (ISSB) prévoient de finaliser, en 2023, un ensemble de règles sur la divulgation des risques liés au climat. Des exigences semblables devraient également être annoncées aux États-Unis.

Des programmes ESG intégrés à l’échelle de l’entreprise sont indispensables

Toujours selon M. Telem, les dirigeants d’entreprise qui n’ont pas encore intégré les facteurs ESG à leur modèle d’affaires doivent s’y pencher dès que possible. Cela comprend entre autres l’établissement des priorités et la mise en œuvre d’initiatives fondées sur la demande et la rétroaction des principaux clients et fournisseurs de capitaux. ​

Lors de l’élaboration de leur programme ESG, les entreprises doivent évaluer la progression possible des exigences des consommateurs. Les fournisseurs de capitaux s’informeront sur ce point et examineront également la façon de décarboner les processus d’approvisionnement, de fabrication et de livraison. Les entreprises doivent aussi trouver un modèle d’affaires s’adaptera au rythme de la concurrence, l’ancienne comme la nouvelle. ​

« Les organisations qui accusent un retard important dans leur programme ESG trouveront plus difficilement du financement, et à un coût plus élevé, ce qui pourrait bien assombrir leur horizon, conclut M. Telem. À l’opposé, une stratégie ESG bien conçue peut offrir un avantage durable et reconnu par rapport à la concurrence.

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