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Territoires intelligents et donnée publique

De la Smart City à la réalité des territoires connectés : l’émergence d’un modèle français?

L'essentiel

Cette étude a été réalisée à la demande du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance (Direction générale des entreprises), de la Fédération française des télécoms (FFT), du Syndicat professionnel des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication (Sycabel), de l’Alliance française des industries du numérique (AFNUM) et de la fédération Infranum.

L’étude s’est déroulée en deux phases : une première phase visant à identifier le périmètre et les caractéristiques des territoires intelligents, une seconde avec pour objectif l’approfondissement de l’analyse des composantes identifiées dans la phase 1. L’équipe du consortium KPMG – Data Publica a conduit plus de 70 auditions et entretiens et animé une dizaine d’ateliers entre janvier et juillet 2021. Au total, plus de 150 personnes ont été auditionnées et/ou ont pris part à des temps de travail collectif. Elles représentent des collectivités territoriales et des associations d’élus, des fédérations professionnelles, des institutions, des entreprises (de toutes tailles) et des filières stratégiques, des associations d’usagers.

Découvrez l'étude compléte.

Synthèses

Le territoire intelligent bouscule les lignes

Le territoire intelligent est-il un projet politique ?

La notion de « territoires intelligents » a remplacé progressivement celle de Smart City, qui ne rendait compte qu’imparfaitement des réalités territoriales françaises. Ce concept de Smart City qui était inspiré d’un nouvel idéal teinté de science-fiction sur l’urbanité moderne - automatisation, robotisation et interconnexion constante entre réel et virtuel – doit désormais être abandonné au profit d’un modèle plus sobre, privilégiant le cas par cas et une montée en compétence progressive de la collectivité.

Le concept de Smart-city et la vision techno-centrée qui l’accompagne a fait long feu en France.

En effet, le décalage est grand entre ce qui a parfois fait l’objet d’un marketing un peu forcé et la réalité des projets français qui s’étendent du petit village corse aux plus grandes régions françaises. Si les collectivités territoriales ont bien saisi l’enjeu d’un concept qui les invite à innover et à transformer leurs pratiques, elles ont eu pour (bon) réflexe de le traduire, l’adapter et le façonner à leur image plutôt que de suivre les approches « clé en main ». C’est ce qui semble faire l’exception et la richesse française du modèle de territoire intelligent.

Définir le territoire intelligent n’est pas une chose aisée pour autant.

Pour parvenir à une définition claire, partir d’un plus petit dénominateur commun : un territoire intelligent est un territoire dans lequel, à travers différents outils numériques, des services publics et des politiques publiques sont pilotés par la donnée. Partant de cette base, chaque territoire se démarque en centrant son projet par rapport à ses priorités : la transition écologique, l’inclusion numérique, la participation citoyenne, l’optimisation des services publics, les mobilités ou autre. Néanmoins, l’ambition de ces initiatives répond souvent aux mêmes enjeux : créer de la transversalité, améliorer le service rendu et/ou la qualité de vie au travail, redonner une voix aux citoyens, mieux comprendre son territoire pour mieux le piloter, se doter de meilleurs indicateurs et outils décisionnels.

Même si aujourd’hui les projets les plus médiatisés embrassent l’ensemble des enjeux techniques de la ville (eau, éclairage, sécurité, mobilité, écologie, etc.) la plupart des territoires étudiés ont plutôt opté pour une logique incrémentale.

En effet, les collectivités ont mis de côté le « tout ou rien » pour privilégier une « politique des petits pas ». C’est une manière de faire qui semble plus en phase avec la réalité des territoires et leur besoin de s’inscrire dans un temps long ou dans une logique d’apprentissage. Plusieurs questions accompagnent les premiers projets : est-il compatible avec les attentes des citoyens ? Contribue-t-il au développement et à la modernisation des services publics ? Est-il en phase avec les mutations territoriales ? C’est par ce souci du concret que la trajectoire française se distingue des observations parfois faites à l’international.

Il n’existe donc pas un seul et unique modèle de déploiement pour ces territoires intelligents.

Nous avons recensé plus de 70 cas d’usage, une panoplie de technologies plus ou moins matures et des finalités hétérogènes. Tout ceci concorde vers un point : les acteurs publics et privés ont progressivement accepté l’idée de projets toujours plus adaptés à la singularité des collectivités territoriales. C'est un grand pas vers l'idée d'un modèle unique. Le paradigme du territoire intelligent en France réside en ceci : qu’il n'existe précisément pas.

La définition d’un socle de principes communs n’est toutefois pas négligeable.

C’est en instaurant un cadre de confiance, des outils partagés pour la lisibilité des offres, une sensibilisation et formation massive des élus, agents publics et acteurs privés, que pourra être construit un cadre commun soumis à des attentes minimales pour les projets de territoires intelligents. Ce partage de communs qui permettra de répondre aux enjeux de durabilité, d’acceptabilité sociale mais aussi de souveraineté numérique et de cybersécurité est un point fort sur lequel un vaste chantier reste à mener…

Le territoire intelligent ou quand la technologie rencontre la cité

Cas d’usage, technologies et modèles économiques

Sobres, résilients, et proches des citoyens, les territoires intelligents n’en demeurent pas moins une somme de projets visant à déployer des technologies.

Les nouveaux services promis et promus passent par un catalogue aujourd’hui très voire trop large pour qu’une collectivité puisse aisément s’y retrouver. Sans évoquer la difficulté à les comparer les unes aux autres pour identifier celle qui répondra le mieux à des besoins qui n’ont par ailleurs pas toujours été qualifiés. On compte les logiciels, progiciels, capteurs, superviseurs, hyperviseurs, plateformes d’ouverture des données, objets connectés, réseaux de télécommunication, systèmes de stockage de données, applications, interfaces numériques, etc. Difficile de distinguer ce qui relève d’outils relativement éprouvés - capteurs de qualité de l’air, applications multi-services, plateformes de données – et les innovations de rupture -superviseurs urbains, jumeaux numériques, intelligence artificielle.

Cependant, qu’on ne s’y trompe pas, le territoire intelligent ne peut pas être qu’une juxtaposition de technologies.

Il doit au contraire réfléchir à l’alliage plus opportun entre outils, solutions numériques, infrastructures techniques et promotion de nouveaux usages Il faut ainsi s’affranchir de la promotion systématique de technologies de rupture et viser davantage un mix technologique alliant solutions matures, expérimentations, et approches usant de technologies simples à intégrer. Tous les cas d’usage n’ont pas besoin de la technologie dernier cri.

Cette variété de technologies existantes et d’usages possibles implique l’acquisition de nouvelles compétences mais aussi la formalisation d’exigences et de réflexions nouvelles pour les collectivités :

  • quelles technologies privilégier ?
  • avec quels partenaires ? 
  • quels impacts pour le quotidien des agents, métiers et citoyens ?
  • quels modes de mise en œuvre ? quel usage des données ?

Contacts :

Erwan Keryer

Associé, Secteur Public

KPMG en France

Romain Lamotte

Associé, Advisory, Connected Tech

KPMG en France

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