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2 août 2022     |    3 min de lecture

GREEN ECONOMY

Face aux enjeux climatiques, les acteurs de l’industrie touristique imaginent de nouvelles manières de prendre ses vacances. Objectif : éviter les conséquences du tourisme de masse et réduire les émissions de CO2. Et la question des modes de transport reste cruciale.

Le secteur du tourisme représente, à ce jour, 10 % du PIB mondial. Les effets du dérèglement climatique constituent autant de prises de conscience pour les acteurs de ce secteur qui innovent afin de créer de nouvelles modalités touristiques permettant aux citoyens de profiter de leurs congés de façon plus durable.

La crise sanitaire a, par ailleurs, profondément changé notre manière de voyager, comme le note le chercheur Rémy Knafou, professeur émérite de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et auteur du livre « Réinventer le tourisme - Sauver nos vacances sans détruire le monde» (Éditions du Faubourg) : « On s’est rendu compte avec brutalité de la fragilité des mobilités. Dans le domaine touristique, on a privilégié des destinations proches, à l’intérieur des frontières ou dans des régions faciles d’accès. On prend aussi conscience des enjeux environnementaux, c’est un mouvement irréversible. » (lire son interview).

De multiples initiatives originales

En France, de nombreuses initiatives peuvent être mentionnées. La société coopérative et participative Terres des Andes propose, par exemple, un tourisme en immersion, coconstruit avec les habitants locaux et assurant une juste rémunération aux guides et aux familles d’accueil.

Quant à l’association des Greeters, elle regroupe des guides bénévoles proposant des visites gratuites aux touristes. Le choix de solliciter un « greeter » est déterminé par la volonté de rentrer en contact avec des personnes vivant localement et non de bénéficier d’une balade gratuite. À l’issue de leurs rencontres, la plupart des visiteurs font d’ailleurs un don aux organisations de Greeters sollicitées ou à France Greeters.

De son côté, Vaovert propose une plateforme d’hébergements écoresponsables dans toute la France. Pour être référencés, les établissements doivent répondre positivement à plus de 95 critères permettant d’évaluer leur engagement. La start-up a pour ambition de se positionner comme solution pour une transition vers un tourisme durable.

Des labels pour se repérer

Un certain nombre de labels permettent par ailleurs de s’assurer que les hébergements choisis s’engagent dans une démarche environnementale performante. Présent sur les cinq continents, l’écolabel touristique Clef Verte/Green Key vérifie un certain nombre de critères comme la mise en œuvre d’une politique environnementale et d’une démarche socialement responsable, la gestion intelligente des déchets (réduction à la source, collecte et recyclage), la maîtrise des consommations d’énergie et d’eau, les achats responsables (en particulier pour l’alimentation et l’entretien), la sensibilisation active de la clientèle…

À travers les « Gîtes Panda », le WWF France et les Gîtes de France développent, quant à eux, l’écohabitat et sensibilisent les hôtes à la protection de la biodiversité. Ce label, créé en 1993, a développé un cahier des charges constitué de 120 critères répartis sous quatre piliers fondamentaux : la protection de la nature, l’écohabitat, l’écocitoyenneté et la sensibilisation de la clientèle à la protection de l’environnement.

La question centrale du mode de transport

Selon The Shift Project, réduire de manière draconienne les émissions de CO2 du tourisme en France implique de rompre avec trois modes de vacances les plus consommateurs d’énergies fossiles : l’itinérance en voiture, les courts séjours européens en avion et le voyage longue distance en avion pour une durée classique, d’une à trois semaines (lire l’interview de Béatrice Jarrige, cheffe de projet « mobilité longue distance » au sein de The Shift Project).

En un mot, pratiquer des activités durables dans un lieu écoresponsable n’aura qu’un impact limité tant que les modes de déplacement les plus émetteurs de CO2 ne seront pas drastiquement limités. Or, seuls peu de consommateurs sont aujourd’hui prêts à modifier les moyens de transport qu’ils empruntent pour se rendre sur leur lieu de villégiature.

Le train apparaît comme l’un des principaux leviers de la décarbonation des modes de transport pour se rendre en vacances. En effet, si l’on se réfère à la base carbone de l’Ademe, un trajet en avion équivaut à l’empreinte carbone de 80 trajets en TGV (pour un nombre de kilomètres équivalent).

Les enjeux de demain se jouent sur plusieurs éléments tels que l’accessibilité tarifaire au plus grand nombre, le renforcement du maillage du réseau ferroviaire et le développement de l’intermodalité, à savoir, la gestion du dernier kilomètre touristique.

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