Cet article a été rédigé par : Khalid Hima.
« Malgré la qualité de votre profil, nous avons porté notre choix sur un autre candidat ». Cette phrase a une résonnance particulière pour beaucoup d’entre nous. Soyons transparents, rejoindre une grande entreprise reste encore aujourd’hui plus difficile pour les profils dits « atypiques ».
Il y a 7 ans, diplômes universitaires en poche, complétés par des expériences associatives et en ONG, je me suis heurté à cette barrière. Celle qui se dresse devant les individus au parcours non linéaire, qui font le choix d’explorer d’autres secteurs, de sortir du sentier tout tracé. J’ai fait des études en rêvant de l’ONU et pourtant à 24 ans, après quelques expériences enrichissantes, j’ai fait deux constants majeurs :
- Les entreprises, notamment les plus importantes, ont un poids colossal dans l’orientation du système économique et politique, et doivent en ce sens faire partie de l’équation dans les réponses à apporter aux défis sociaux et environnementaux
- Peu de personnes venant du monde des ONG, des associations, des formations humanitaires se dirigent spontanément vers elles pour agir, comme deux mondes sans lien ni passerelle. C’était décidé, il fallait que j’explore cette voie, malgré les obstacles que j’avais déjà rencontrés malgré moi.
Une rencontre avec des dirigeants conscients de la responsabilité de leur entreprise
Les entreprises sont à l’image de leurs équipes dirigeantes. Quand j’ai rencontré Bouchra Aliouat, alors Secrétaire générale de la Fondation d’entreprise KPMG et actuelle directrice de l’Engagement Citoyen, elle m’a donné envie de rejoindre KPMG. 15 ans d’actions concrètes dans les territoires les plus défavorisés, sur des thématiques telles que l’éducation dans les lycées professionnels ou l’entrepreneuriat social, la sincérité perçue dans la démarche et les impacts constatés, m’ont convaincu d’y mettre mon énergie.
Ne nous méprenons pas, dans une grande entreprise, le rôle des dirigeants et leur implication concrète sur les sujets liés à l’engagement au service de la société, c’est fondamental. Agir efficacement n’est possible que si les dirigeants sont mobilisés. Tout collaborateur a un rôle à jouer, chacun peut s’engager à sa juste mesure. Cependant, l’impulsion du top management est essentielle pour donner une vision, des moyens et une ambition collective. Je ne mesurais pas autant ce facteur avant d’y être. 7 ans plus tard, j’en suis intimement convaincu.
Mobiliser, convaincre, embarquer : le combat quotidien du « marginal sécant »
Plus le navire est imposant, plus la manœuvre est délicate. KPMG en France, ce sont 12000 collaborateurs qui interviennent sur des métiers techniques (audit, conseil, expertise comptable ou juridique) et transverses, répartis dans quelques 200 bureaux sur le territoire. Autant le dire, un gros navire ! Mobiliser quotidiennement les équipes sur des actions d’intérêt général, travailler à la transformation du rôle de l’entreprise sur des enjeux tels que le recrutement inclusif, l’impact environnemental, la qualité de vie au travail, la création de valeur extra-financière, la gouvernance collaborative, c’est passionnant et parfois difficile. Transformer les entreprises de l’intérieur, c’est accepter les frottements et les difficultés. Cela nécessite de convaincre des chaines de décision parfois longues, de démontrer sans relâche l’impact des projets réalisés, de sensibiliser sur des sujets qui nous paraissent évident mais qui ne le sont pas pour tous, de négocier des budgets dans des contextes de crises multiples, de renoncer (à court terme) à des actions dont on est convaincu de leur pertinence, et revenir à la charge, inlassablement. Être un « insider », c’est comprendre un environnement complexe, gérer le choc des cultures entre le monde l’entreprise, celui du monde associatif et de la société civile, trouver le sens de la mesure pour avancer, parfois moins vite qu’espéré mais toujours plus loin qu’hier. En somme, être un marginal sécant, la jonction entre plusieurs univers.
L’entreprise : un puissant levier d’impact aux côtés du monde associatif et de la société civile
Agir en entreprise c’est aussi disposer d’un puissant levier d’impact sur la société. Grâce au mécénat de compétences par exemple, c’est-à-dire la mobilisation des collaborateurs sur le temps de travail pour des actions d’intérêt général, ce sont près de 4700 jeunes de 15 à 25 ans, et 400 entrepreneurs sociaux qui sont accompagnés par KPMG tous les ans. Redonner pouvoir et confiance en particulier à des jeunes lycéens ou entrepreneurs des quartiers prioritaires, cela fait partie de notre responsabilité d’entreprise à mission. S’appuyer sur la richesse des expertises internes en les mettant à disposition gratuitement aux acteurs associatifs, co-construire sur le temps long des réponses adaptées aux besoins sociaux et environnementaux, être au cœur de l’innovation sociale, soutenir de nouveaux modèles d’entreprises, créer des ponts, c’est le cœur de mon métier !