• Adrien de Rufz, Senior Manager |
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Le financement du poste clients via l’affacturage a connu un fort ralentissement en 2020 et repris des couleurs en 2021 pour revenir à son niveau pré-Covid. En cause la pandémie qui a entraîné une baisse de l’activité économique et la mise en place d’aides gouvernementales comme les Prêts Garantis par l’Etat (PGE). Ces derniers ont pris le relais comme solutions de financement à court ou moyen terme des entreprises. Pourtant, depuis 2018, l’affacturage est devenu la première source de financement court terme des entreprises françaises devant le découvert. Après près de deux ans de dispositifs économiques proposés par le gouvernement, quelle ambition pour cette solution de financement ?

L’affacturage, outil de financement de l’activité économique

Entre 2009 et 2019, le volume des créances achetées par les sociétés d’affacturage françaises a augmenté de 128 à 350 milliards d’euros [1], soit une augmentation des volumes de 152% en l’espace de dix ans. Ce financement a le vent en poupe au point de devenir la première source de financement court terme des entreprises françaises, devant le découvert. L’année 2020 a fait pâle figure avec un volume de créances achetées en recul de 7,5%, avant de rebondir en 2021.

Les confinements successifs ont en effet eu deux conséquences : le ralentissement de la production ainsi qu’un ralentissement de la consommation. Ces deux mécanismes ont pesé sur l’activité des secteurs ayant le plus recourt à l’affacturage : l’industrie, les activités de négoce et de distribution, ainsi que les technologies de l’information et de la communication. Or, l’affacturage nécessite une activité économique active pour atteindre son plein potentiel. Le premier semestre 2020 a donc été marqué par une baisse des volumes de créances achetés de 10,2% par rapport au premier semestre 2019. Ces secteurs ont retrouvé un cycle d’exploitation plus normatif au second semestre et en partie compensé la baisse du début d’année.

Dans le contexte de la crise, d’abord sanitaire, puis économique des années 2020 et 2021, le gouvernement a réagi en proposant aux entreprises des solutions de soutien indépendantes de leur niveau d’activité, au premier rang desquelles le Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Ces solutions ont été la meilleure réponse possible face à la situation inédite qu’a vécue le pays et permis d’éviter de très nombreuses défaillances d’entreprise. Si l’efficacité de ces mesures est désormais prouvée, celles-ci ont été consommées et commencent à être remboursées. Les directions financières sont aujourd’hui confrontées à un double défi : arrêter une stratégie de remboursement de ces aides tout en continuant de financer leur BFR pour assureur leur croissance.

L’affacturage est alors le relai naturel du financement de la croissance, voire du refinancement des PGE. Avec un marché français très concurrentiel et un marché stagnant ces deux dernières années, les conditions d’accès et les prix de l’affacturage sont plus que jamais compétitifs et cette solution à privilégier pour financer la croissance des entreprises françaises.

Vers une démocratisation de l’affacturage comme levier de la performance et du rebond

Le marché de l’affacturage auprès des entreprises en difficulté était déjà mature il y a dix ans. Pour adresser de nouveaux clients, les factors ont développé de nouveaux produits s’adressant à de nouvelles cibles : les PME et ETI en bonne santé financière et désireuses d’optimiser le coût de leurs lignes de financement. Ainsi, les opérations d’affacturage sont potentiellement confidentielles, la relance des clients continue d’être gérée par l’entreprise, sans assurance contre d’éventuels impayés clients et avec des mécanismes de cession allégés pour l’entreprise. Chaque sécurité qui est abandonnée baisse le coût de l’opération mais augmente le risque pris par le financeur.

La baisse du coût de ces opérations, largement soutenue par le niveau de l’Euribor [2] (négatif depuis 2015), a attiré les entreprises de taille intermédiaire (ETI) à s’intéresser à ce type de financement. Celles-ci sont généralement bien structurées financièrement et leurs contrats de dette en place plafonnent souvent leur capacité à lever de la dette en fonction de leur rentabilité. Les sociétés d’affacturage françaises ont donc développé des produits hors bilans compatibles avec ces restrictions et permettant, non plus de financer les créances des entreprises, mais de les monétiser par une cession irrévocable. L’entreprise peut alors retraiter la créance de son actif et ne constate pas de dette au bilan.

Ces deux nouveaux produits ont amené non seulement de plus en plus d’entreprises françaises à faire appel à l’affacturage mais également des entreprises étrangères à venir se faire financer des créances émises localement par des factors français, moins cher et plus souples que leurs acteurs locaux. Ces nouveaux clients expliquent la croissance soutenue du marché de l’affacturage en France, plus rapide que chez nos voisins européens. Le marché français, historiquement le troisième en Europe derrière l’Italie et le Royaume-Uni, est désormais non seulement le premier marché européen [3] mais également le second derrière la Chine.

Plus que jamais, les créances clients que détiennent les entreprises sont des actifs de grande qualité, très liquides dans un marché dynamique et concurrentiel. Si ce type de financement a connu un recul au cours de l’année 2020, face aux prêts garantis par l’Etat, et rebondi en 2021, il est certainement le relai naturel de ces dispositifs et l’outil le plus adapté au financement de la croissance des entreprises.