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Remis en lumière durant la crise, DSI et CDO doivent saisir cette opportunité unique pour porter la technologie au plus haut niveau de l'entreprise.
Ces derniers mois ont démontré l’absolue nécessité des technologies numériques pour assurer la continuité, et a fortiori la pérennité, des entreprises dans un contexte mondial plus qu’incertain. Un rappel brutal et sans équivoque de leur place incontournable au sein des décisions stratégiques de l’entreprise.
Véritables sources de valeur ou artifices marketing, catalyseurs des métiers traditionnels ou centres de coûts, facteurs de différenciation ou passage obligé? Les avis des dirigeants sont bien plus contrastés qu’il n’y parait ! Une telle disparité interroge. Niveau de maturité de l’industrie ou de l’entreprise sur le sujet, manque de compréhension fine des enjeux sous-jacents par les dirigeants ? Dans les faits, elles sont d’ailleurs au moins aussi souvent source d’espoirs que de frustrations.
C’est dans ce contexte, où le business as usual a laissé place à de nouvelles réalités, que DSI et CDO en tant que responsables des technologies numériques, ont un rôle décisif à jouer auprès des comités exécutifs : rétablir le dialogue avec les dirigeants sur les enjeux technologiques tout en faisant émerger une véritable culture numérique. Ils aident à repositionner le numérique au cœur de la stratégie d'’entreprise et à institutionnaliser cet outil comme le moyen fondamental des transformations à venir.
DSI et CDO à nouveau sur le devant de la scène
Une crédibilité renouvelée
Ces derniers mois, les entreprises qui ne l’avaient pas encore fait ont brusquement été contraintes d’accélérer leur transformation numérique : une tendance confirmée par notre étude KPMG. Déploiement d’outils collaboratifs, redimensionnement significatif des infrastructures, lancement de sites e-commerce (priorité n°1 d’investissement pour 2021 dans une majorité d’entreprises selon notre étude), digitalisation accélérée des processus… En quelques semaines, elles ont également dû développer de nouvelles manières de travailler adaptées au télétravail massif, s’appuyant sur de nouveaux outils au quotidien et bousculant du même coup toutes les feuilles de route de transformation et autres plans stratégiques qui s’étalaient sur les années à venir.
Symboles de ce soudain changement de paradigme, les équipes informatiques, DSI et CDO en tête, ont été très fortement mobilisées sur cette période, et ont dans de multiples entreprises réussi de complexes opérations à distance et sans accroc, retrouvant ainsi leurs lettres de noblesse. Ces nombreux succès ont au passage remis sur le devant de la scène une fonction de l’entreprise traditionnellement délaissée, mais plus que jamais essentielle.
Cette reconnaissance et cette crédibilité nouvelles sont confirmées par le KPMG CIO Survey 2020 : 61% des DSI et CDO interrogés confient avoir vu leur influence auprès de la direction générale ou des métiers grandir depuis le début de la crise sanitaire. Un rayonnement croissant qui traduit une prise de conscience généralisée des enjeux critiques entourant le système d’information de l’entreprise et ses performances.
Un rôle essentiel de conseil auprès du COMEX
Dans ce contexte particulièrement incertain, de nombreux dirigeants redoutent les transformations technologiques à venir. Ils perçoivent les bouleversements en cours dans le monde qui les entoure, mais peu d’entre eux disposent réellement de la compréhension fine de ces sujets qui leur permettrait de distinguer les mutations profondes des effets de mode et autres buzz médiatiques. Il leur est de plus complexe d’apprécier la rapidité des changements associés et de leurs véritables impacts sur leurs entreprises.
Le plus grand risque est que ces dirigeants succombent à une certaine inertie active : savoir qu'ils doivent accélérer la transformation en constatant que la rupture est imminente, mais sans jamais réellement s'y atteler. Trop d'entreprises ont en effet découvert à leur dépens à quelle vitesse la technologie pouvait bouleverser leur secteur d’activité, et même rendre leur cœur de métier totalement obsolète (comme celles qui n’ont pas su prendre suffisamment tôt le virage de l’e-commerce).
C’est là que DSI et CDO doivent intervenir et jouer pleinement leur rôle de guide pour l’entreprise et ses décideurs dans les transformations technologiques à mener. Forts d’une crédibilité retrouvée, conférée par leur rôle essentiel face au contexte économique et sanitaire, ils ont maintenant l’opportunité unique de replacer sans équivoque la technologie au cœur de la création de valeur de l’entreprise. Il leur appartient désormais de trouver de nouvelles voies et des moyens plus efficaces pour transmettre ces messages essentiels aux instances dirigeantes de l’entreprise.
Une scène que DSI et CDO peinent traditionnellement à occuper
La communication entre les DSI et CDO et leur comité exécutif a toujours été problématique, voire même conflictuelle, révélatrice d’un fort décalage entre leurs préoccupations et enjeux respectifs. Symbolisé par une absence quasi-systématique des DSI et CDO des instances dirigeantes des plus grandes entreprises, cristallisé en particulier par les contraintes budgétaires récurrentes imposées par le COMEX, ce gouffre culturel est en partie hérité du passé. En effet, la technologie numérique n’a longtemps été synonyme que de centre de coûts, sans véritable valeur ajoutée pour les entreprises. Cette image profondément ancrée dans la culture d’entreprise traditionnelle a bien du mal à s’effacer, malgré l’avènement de nouvelles technologies de rupture qui occupent régulièrement le devant de la scène médiatique.
A ce relationnel complexe s’ajoute le besoin de repositionner le rôle et la posture du « tech leader » (qu’il soit DSI, CDO ou CTO) avant de pouvoir remettre les enjeux liés à la technologie sur la table du COMEX, un constat partagé par de nombreux dirigeants. Car s’il est vrai que le comité exécutif se désintéresse des sujets purement technologiques, au premier rang desquels on trouve les infrastructures, les facteurs de ce désamour sont multiples, et ne se résument pas qu’à la méconnaissance des cadres dirigeants des enjeux sous-jacents à l’informatique.