KPMG explore les nouvelles frontières de « l’économie de l’intelligence »

Dans son Book de tendances 2025, KPMG en France propose une réflexion sur une hybridation des intelligences, artificielle et humaine, au service de futurs plus humains, qui s’appuie sur un travail collectif, porté par des décideurs Innovation du monde de l’entreprise, des chercheurs, des universitaires et des experts KPMG.

Publié le 4 mars 2025

L'essentiel

Intitulé « L’économie de l’intelligence », le Book de tendances 2025, conçu et produit par KPMG Innovation, explore une nouvelle ère d’intelligence collective entre humains et IA. Avec l’arrivée des systèmes multi-agents autonomes, les robots humanoïdes, les solutions quantiques, nos sociétés basculent dans le monde de l'anthropo-tech, ouvrant un horizon de prospérité inédit pour ce siècle. « Une opportunité à saisir à condition de transformer cette tech révolution en une économie de l’intelligence, où puissances de calcul augmentées et savoirs humains trouvent le chemin d’une hybridation heureuse » plaident les auteurs du Book.

Ce document révèle six tendances majeures pour les années à venir : 

Le développement de l’IA s’accompagne d’une forte dépendance vis-à-vis des Big Tech, qui détiennent l’essentiel des infrastructures (cloud, data centers, modèles). L’entreprise puissance questionne ce rapport de force : comment reconquérir une certaine souveraineté technologique pour l’entreprise, ou du moins comment l’entreprise peut-elle s’assurer d’un certain contrôle sur les briques essentielles de ses systèmes d’IA ? Des solutions souveraines ou en open source émergent. C’est le cas d’OVHcloud avec son alternative d’hébergement des services IA indépendant, ou encore Outscale une nouvelle offre de « Large Language Models as a Service » (LMaaS) proposée par un partenariat Mistral AI et Dassault Systèmes.

Les agents conversationnels et systèmes multi-agents prennent une place grandissante dans nos vies et nos métiers, transformant la relation client et les environnements de travail. Ces nouvelles intelligences permettent de déléguer de nombreuses tâches, mais soulèvent autant d’interrogations : comment intégrer ces “collègues virtuels” pour qu’ils nous aident réellement ? La question essentielle est de savoir jusqu’où les IA complètent et se substituent aux intelligences humaines, comment ces dernières peuvent intégrer les fonctions non-routinières dans le champ de l’entreprise tout en accompagnant le développement d’approches humanistes en portant des dynamiques de care, de bien-être ou de juste équilibre avec l’humain. La révolution de l’IA agentique oblige à interroger le rôle et anticiper l’encadrement de ces intelligences amies, aussi utiles que potentiellement envahissantes.

La multiplication des contenus produits par les IA ouvre la voie à une véritable guerre du faux où détournements d’informations et expositions malveillantes menacent les entreprises et les démocraties. Cela fait naître de nouveaux enjeux de protection des données et impose la nécessité de remettre la prévention au cœur de nos usages quotidiens. L’issue de cette guerre du faux tracera le chemin d’une émancipation citoyenne ou fera naître une menace vitale pour la réputation des entreprises et la démocratie. 

D’Ava, le chatbot du voyagiste virtuel Navan qui traite 40 % des demandes clients sans assistance humaine à l’appli DoNotPay, qui génère des plaidoiries d’avocat à partir d’un simple enregistrement des audiences, plus aucun secteur ni métier n’échappe à l’IA. L'intelligence artificielle intervient désormais dans toutes les fonctions de l'entreprise, du back-office aux équipes dirigeantes. Cette automatisation massive bouleverse en profondeur de nombreux métiers et impose une réorientation vers un nouveau partage des compétences entre humains et machines. 

Aujourd’hui, IA, robots et web3 bouleversent notre rapport à la créativité. En associant la force de travail de l’IA à l’ingéniosité humaine, les conditions propices à l’émergence de grandes inventions sont créées. De “nouveaux Léonard” apparaissent maitrisant parfaitement l’IA. Ils en tirent pleinement parti dans un environnement qui valorise la diversité, l’audace, la collaboration pluridisciplinaire et la co-construction. Ils sont à même de répondre aux multiples défis de leurs entreprises. 

Souvent dénoncés pour leur empreinte carbone, les robots et l’IA offrent de nouveaux recours pour faire face aux nombreux enjeux environnementaux, climatiques et sociétaux et pour penser un modèle de croissance plus durable et raisonné. Pour que cette écologie augmentée soit crédible, des usages raisonnés de ces technologies sont à travailler en conciliant performance, impact et coûts énergétiques. C’est l’un des plus grands défis de l’économie de l’intelligence de demain.

   

« À l’ère de l’économie de l’intelligence, notre Book de tendances 2025 explore une nouvelle ère d’intelligence collective entre humains et IA. Comment amplifier l’intelligence de Sapiens grâce aux technologies pour forger des futurs plus humains ? Sans chercher l’exhaustivité, ce Book a pour ambition de poser des questions stimulantes sur l’hybridation des intelligences – et son impact sur les organisations pour bâtir des modèles plus agiles, éthiques et durables mais aussi à 360° sur l’apprentissage, la souveraineté ou l’environnement. »
 
Albane Liger-Belair

Directrice Associée, Innovation

KPMG en France

Et si après 2030…

Le Book de tendances propose un certain nombre de visions post 2030, parmi lesquelles : 

  • Le grand retour de l’otium. Avec le temps libre dégagé par la généralisation des IA, le loisir studieux - inventé par les Grecs et nommé otium par les Romains – occupe désormais une bonne partie de la semaine. Les activités de conception et de création gagnent des adeptes toujours plus nombreux, tous passionnés par leur progression personnelle et avides de comprendre le monde.
  • La machine vivante arrive à maturité. L’hybridation tech-bio ouvre la voie à des IA multi-intelligences, couplant l’efficience énergétique des cerveaux du vivant et la puissance des algorithmes. La définition du statut juridique de ces machines vivantes réorganise notre rapport à la nature, pour moins d’exploitation et plus d’intégration. 
  • Le quantique comme boussole écosystémique. L’informatique quantique a décollé et sa puissance autorise la cartographie en temps réel des interconnexions écologiques et industrielles. Les process décisionnels sont nourris de données ultrafines et de simulations complexes, contextualisant les effets écosystémiques de chaque action.
  • Des techs conviviales by design. Après 2030, ce ne sont plus les utilisateurs qui doivent s’adapter aux machines, mais les machines qui deviennent pro-humaines et « conviviales ». Type et niveau de langage, parcours préféré, nature et sophistication des fonctionnalités, rythme d’interaction, les IA apprennent de chaque utilisateur et modifient leur comportement en permanence. Résultat : une efficacité renforcée, sans effort.
  • L'heure de l'économie symbiotique. Des consortiums d’entreprises, d’universités, de collectivités et même d’États ont été créés pour co-investir dans des modèles d’IA alternatifs et robustes. Partageant à la fois la puissance de calcul et les fruits de la croissance, les acteurs s’alignent aussi sur les questions de gouvernance éthique. L’innovation pervasive redistribue richesses et pouvoir sur la planète, ouvrant la voie à d’autres modèles de développement.
  • Des IA du « vrai ». Les stratégies de manipulation se perfectionnant à la vitesse du machine learning, ont émergé des “IA de la vérité”, de plus en plus puissantes, capables de détecter et signaler les fakes instantanément. Avec les capacités de l’IA, des solutions blockchain et des « identités numériques validées » et dotées du statut de commun avec une gouvernance décentralisée, les “IA de la vérité’’ sont devenues les incorruptibles de l’éthique de l’information.

Ils ont dit

Quelques extraits de contributions au Book de tendances 2025 :

« Le citoyen du XXIe siècle doit être capable d’exercer son esprit critique face à la circulation massive d’informations et la captation constante de son attention. Cela passe par une sensibilisation à la fabrication et circulation des contenus – ce qui est l’enjeu de l’éducation aux médias numériques. Mais il faudrait aussi intégrer une formation à l’histoire et l’anthropologie des techniques dans la formation initiale des élèves pour repositionner l’essor des technologies, de leur nouveauté et leurs enjeux pour les sociétés humaines dans le temps long. »
 

Anne Alombert
Maîtresse de conférences en philosophie à l’université Paris 8 et membre du Conseil national du numérique. Elle est autrice de « Schizophrénie numérique » (Allia, 2023) 

« Nous avons tendance à prêter aux machines des intentions qui vont bien au-delà du champ de leur programmation. Cela témoigne de leur pouvoir d’attraction autant que de notre volonté de les humaniser. Mais je ne crois pas que nous ferons de ces machines des alter ego car, en réalité, la relation est assez limitée : une fois que nous comprenons leur fonctionnement, nous nous en lassons vite. Leur potentiel véritable s’exprime dans leur capacité de médiation entre humains. C’est là qu’elles peuvent avoir un effet vertueux. Différentes études en témoignent, notamment celle de chercheurs du MIT, qui ont montré comment l’emploi d’un ourson robotisé réduit le stress d’enfants hospitalisés. »
 

Joffrey Becker
Anthropologue au laboratoire Etis du CNRS, spécialisé dans les systèmes complexes et la robotique 

« Je ne crois pas aux approches binaires qui ne voient que des pertes d’emplois et la déshumanisation dans le futur des IA. J’ai l’intime conviction que plus on utilisera ces technologies, plus on y découvrira d’opportunités. Il existe de multiples tâches que les machines ne savent pas exécuter et d’autres où elles performent mieux que nous. C’est une bonne nouvelle car cela permet de réorienter nos emplois vers des champs nouveaux et plus créatifs. »
 

Guy Ben-Ishai
Économiste, Head of Economic Policy Research chez Google

« Les capacités des machines conduisent à reconsidérer les compétences des humains qui les utilisent. Ce sera un dialogue continu, où la machine apportera de la valeur mais où la capture de cette valeur ne dépendra que des intuitions et des initiatives de l’humain. Cela suppose de travailler « main dans la main » avec la machine en valorisant des compétences collaboratives. J’appelle cela des « compétences de fusion », car il s’agira certes de contrôler ce que la machine produit, mais aussi d’apprendre d’elle. »
 

Charles-Henri Besseyre des Horts
Professeur émérite à HEC Paris 

« Le modèle d’organisation hérité de la gestion de la complication repose sur la hiérarchie et l’intelligence. Dans le cadre de la complexité, l’intelligence n’est plus la qualité première car l’IA offre à chacun un super assistant de poche qui ne fatigue jamais et ne dit jamais non ! Certains groupes comme Google appellent d’ailleurs leurs recrues à « désapprendre » pour libérer l’esprit d’initiative. Cela ne veut pas dire que les organisations ou le management disparaissent - au contraire. Ils se construisent sur de nouveaux champs d’incarnation et de rapport au travail. »
 

Ludovic Cinquin
Co-fondateur d’OCTO Technology et auteur de « Devenir une entreprise agile » (Éditions Eyrolles, 2021) 

« Je suis assez méfiant sur l’IA Act, un ouvrage de juristes qui résume souvent la transparence à de la documentation et des procédures, et qui travaille à protéger le consommateur sans vraiment considérer les risques sécuritaires ou militaires qui impactent le citoyen. Pour l’éthique, je ne pense pas qu’elle puisse se cantonner à des labels ou comités. La volonté de corriger les biais suppose qu’une IA pourrait être vertueuse en soi. Mais le biais des biais, c’est de croire que les datas sont neutres et que le réel s’y reflète tout entier ! »
 

Axel Cypel
Ingénieur et essayiste, auteur de « Au cœur de l’intelligence artificielle » et de « Voyage au bout de l’IA » (éditions de Boeck supérieur – 2020 et 2023) et responsable du pôle Projets IA d’une grande banque française 

« L’IA porte une promesse immense dans tous les domaines à horizon 2 à 5 ans. C’est le cas en médecine, où elle révolutionne déjà la lutte contre le cancer grâce à la détection précoce et aux traitements ciblés. Plus largement, elle va permettre de relever des défis complexes en exploitant en temps réel l’ensemble de la connaissance humaine. Cependant, cette transformation radicale doit s’accompagner du respect des valeurs démocratiques et d’un cadre éthique rigoureux pour garantir qu’elle serve le progrès humain. Bien orientée, l’IA pourrait faire émerger de nouveaux « polymathes » capables, comme à la Renaissance, de créer et d’inventer à la croisée des sciences, des arts et des humanités. »
 
Marie Guillemot

Présidente du Directoire

KPMG en France

« Dans un monde focalisé sur la performance, l’émergence de l’IA est d’abord un danger : nous risquons de foncer encore plus vite dans le mur de la suroptimisation et de réduire notre adaptabilité en multipliant les dépendances algorithmiques. Mais l’IA est là pour rester. Il s’agit donc plutôt de lui donner de nouveaux rôles : plutôt que d’identifier les meilleures réponses plus rapidement, elle devrait surtout nous aider à ouvrir le jeu pour identifier de nouvelles questions. »
 

Olivier Hamant
Biologiste, chercheur à l’INRAE, directeur de l’Institut Michel Serres et auteur d’ouvrages dont « L’entreprise robuste » (2025) et « De l’Incohérence, philosophie politique de la robustesse » (2024), chez Odile Jacob 

« Nous sommes à une période unique de l’histoire où nous pouvons redéfinir notre existence et devenir encore plus humains. L’IA ne maîtrisera que l’intelligence analytique. Nous, humains, maîtrisons aussi l’intelligence émotionnelle, créative et pratique que la machine n’aura jamais même si elle peut en donner l’impression par la simulation ou la confusion de certaines réponses. On devrait se redéfinir en s’éloignant de ce que fait la machine. »
 

Aurélie Jean
Numéricienne, entrepreneuse, autrice de « Les algorithmes font-ils la loi ? » (Éditions de l’Observatoire, 2021) 

« Confiance.ai, qui réunit une dizaine de grandes entreprises et des laboratoires de recherche, a permis aux industriels de penser par eux-mêmes le cadre de déploiement des IA. L’enjeu est majeur car les processus industriels reposent sur des paramètres de performance mais aussi de sécurité que garantissent des méthodes d’ingénierie logicielle très cadrées. Nous avons travaillé sur des cas d’usage pour construire des méthodologies garantissant performance et sécurité. »
 

Paul Labrogère
Directeur général de l’Institut de recherche technologique Système X, qui a piloté le programme Confiance.ai 

« L’IA ne peut se développer sans une anticipation de ses impacts. C’est pleinement notre credo et le sens d’Impact AI qui rassemble des acteurs économiques et des experts autour de ces technologies et de leur cadre d’application. Et nous portons un important chantier de formation et de travail en équipe car toutes les fonctions de l’entreprises sont concernées par l’IA. »
 

Christophe Lienard
Directeur central de l’innovation du groupe Bouygues, Président du think & do tank Impact AI 

« L’encadrement est central car la frontière devient ténue entre ce que produit un agent et ce que produit un humain. Récemment, un bot a été sollicité dans le cadre d’une expérimentation pour supprimer une personnalité. Il a contacté et négocié avec un tueur à gage sur le dark web… La supervision humaine est essentielle, tout comme le cadre réglementaire. L’AI Act oblige d’ailleurs à signaler tout contenu généré par de l’IA. Le déploiement d’évaluations des conversations de ces agents me paraît aussi important.  »
 

Gilles Moyse
Entrepreneur et fondateur de la société réciTAL, auteur de l’ouvrage « Donnerons-nous notre langue à ChatGPT ? » (Éditions Le Robert, 2023) 

« L’homme s’est construit depuis deux millions d’années dans son lien aux outils. Le feu a modifié notre imaginaire en nous faisant cesser de redouter l’obscurité, l’invention de l’écriture a permis la transmission du savoir, la voiture a transformé notre environnement. Avec ces IA néanmoins, nous passons d’un rapport à des outils dotés de fonctionnalités précises à des machines-cerveaux qui interfèrent avec nos capacités cognitives et impactent directement tous les pans de nos vies collectives. C’est une rupture majeure. Au lieu de craindre les machines, nous serions plus avisés d’être critiques envers nos comportements vis-à-vis d’elles. Il me paraît important de penser pour demain un modèle d’usagers « centaures » qui développent des pratiques technologiques sur un socle de savoirs communs plutôt qu’un modèle cyborg où l’apprentissage serait consubstantiel de la machine… Cela passe par un investissement dans l’éducation et une révolution anthropologique de l’école pour qu’elle sensibilise les jeunes générations au travail collectif autour de ces outils. »
 

Pascal Picq
Paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France, auteur de plusieurs livres autour de l’IA dont « L’IA, le philosophe et l’anthropologue » (Éditions Odile Jacob, 2024)

« Nous totalisons quelque 15 millions de visites par an sur notre site, soit un volume supérieur à celui de nos clients en magasin. Grâce à notre nouveau conseiller virtuel, les clients peuvent poser des questions ouvertes, comme à un vendeur et de bénéficier de conseils personnalisés proche de celui en magasin. Hello Casto a été entrainé sur notre catalogue de 70 000 produits mais aussi sur des modules de formation de nos forces de vente. On compte déjà environ 100 000 conversations virtuelles avec cet outil et plus de 10 % de notre chiffre d’affaires en e-commerce provient d’échanges avec Hello Casto. »
 

Romain Roulleau
Directeur digital et e-commerce du groupe 

Méthodologie

Les experts de KPMG qui ont participé à l’élaboration de ce Book de tendances 2025, sous la direction d’Albane Liger-Belair et de l’équipe Innovation de KPMG en France : Axel de Goursac, Associé, Lead AI ; Sébastien Ropartz, Associé en charge des activités de consulting Tech ; Xavier Niffle, Associé Audit, en charge du digital audit et de l’innovation ; Laurent Chetcuti, Avocat Associé, KPMG Avocats ; Vincent Maret, Associé, responsable du pôle Cybersécurité et Protection des données personnelles ; François-Xavier Leroux, Associé, Digital customer ; Axel Dupuy, Associé, Connected Technology.

Contact presse
Rizana Siddique

Responsable du pôle Relations médias

KPMG en France

Découvrez nos derniers communiqués de presse et interviews d’experts sur notre espace média.