Enseignements clés
La double matérialité s’impose comme filtre stratégique : Les banques et acteurs fintech ont su s’approprier la logique de double matérialité définie par la CSRD, centrée sur les enjeux significatifs. Quatre thématiques font consensus : changement climatique, effectifs propres, consommateurs finaux et éthique des affaires.Les émissions financées, un défi méthodologique majeur : 95 % de l’empreinte carbone des banques provient des émissions financées, mais les méthodologies et périmètres sont encore hétérogènes, rendant les comparaisons complexes.Le numérique, un impact sous-estimé : Bien que représentant jusqu’à 35 % des émissions scope 2, l’impact environnemental du numérique reste peu documenté. Les initiatives de numérique responsable sont rarement valorisées dans les rapports, alors qu’elles pourraient devenir un pilier stratégique de performance durable.Plans de transition : des engagements encore trop génériques : 80 % des banques ont publié des plans de transition sur les émissions financées, souvent exprimés en intensité mais sans lien clair avec les actifs concernés ni couverture des scopes complets.Une information plus dense, mais pas toujours exploitable : Malgré la standardisation, la complexité et la technicité de l’information nuisent à sa compréhension. Notre étude appelle à structurer l’information pour la transformer en outil de gestion opérationnelle.
La CSRD marque un tournant pour le secteur bancaire européen en instaurant des exigences de transparence sur les enjeux ESG. Si les premières publications témoignent d’un engagement réel et d’efforts de structuration, elles révèlent également des limites méthodologiques, des disparités sectorielles et une lisibilité perfectible.
Transformer ces rapports en outils de pilotage stratégique pour les services financiers nécessite encore des avancées : clarification des périmètres, meilleure intégration des plans de transition, et structuration des données pour un usage opérationnel. Dans un contexte de simplification des normes ESRS et d’abandon des standards sectoriels spécifiques, la coopération entre établissements devient essentielle.
Le secteur bancaire en France a engagé la transformation de son écosystème face aux défis ESG. À présent, il lui revient de franchir une nouvelle étape : faire de la durabilité un levier de performance ESG, d’innovation et de résilience à long terme pour les activités bancaires.