Ce billet de blogue a été initialement publié en consultation avec Donald Matthew, qui a pris sa retraite de KPMG au Canada en octobre 2022.
Plusieurs facteurs ont fait du Canada une région rentable pour le secteur manufacturier avant la pandémie, et bien que les dernières années aient présenté quelques obstacles, notre réputation tient le coup.
Cette évaluation est due à bien plus qu'une fierté nationale. En effet, le rapport de 2021 de KPMG International intitulé Où fabriquer? Analyse mondiale du coût de l'activité économique (en anglais), dont l'analyse porte sur 23 mesures dans 17 marchés — regroupées en coûts primaires (p. ex., main-d'œuvre, services, immobilier, coût du capital) et en coûts secondaires (p. ex., qualité de la main-d'œuvre, facilité des affaires, et risques et protections) — classe le Canada en première place pour le coût total des activités de fabrication.
Comme nous le savons tous, le secteur est tout sauf figé. Explorons-le donc en profondeur.
Avant et maintenant
Avant la pandémie, le secteur manufacturier du Canada se portait bien. Il jouissait d'un bon bassin de main-d'œuvre à des coûts relativement concurrentiels, d'une chaîne d'approvisionnement robuste soutenue par un accès à des ressources et à des intrants intérieurs, et d'une position centrale parmi d'importants partenaires commerciaux (p. ex., les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Asie, etc.).
Ces avantages existent toujours. Toutefois, comme de nombreux pays, le Canada est à la merci des perturbations de la chaîne d'approvisionnement qui rendent le maintien de l'exploitation de plus en plus difficile et coûteux. Même l'espace se fait rare : bon nombre de nos clients du secteur manufacturier paient des sommes astronomiques pour des terrains industriels (article en anglais seulement) dans de grands centres urbains comme la région du Grand Toronto et la région du Grand Vancouver.
La vente des produits n'est pas le problème. La demande est élevée et les fabricants vendent chaque unité produite. Le hic est que la plupart d'entre eux passent la majorité de leur temps à s'approvisionner en intrants et à optimiser leur exploitation pour répondre à la demande. Par conséquent, les méthodologies de production « juste-à-temps » reviennent tranquillement aux méthodologies « juste-au-cas-où ».
Il est également important de noter qu'avant la pandémie, les taxes et tarifs aux États-Unis étaient des points centraux pour bon nombre de nos clients du secteur manufacturier. On en parle encore, mais ces deux points ont maintenant reculé dans la liste des inquiétudes en raison des priorités concurrentielles et du changement de gouvernement américain. Qu'elles soient prioritaires ou non, les préoccupations liées aux taxes et aux tarifs resteront présentes encore longtemps.
Le Canada n'est pas le seul à faire face à ces défis. L'environnement manufacturier a évolué autant ailleurs qu'ici. Les quelques facteurs qui ont compliqué la tenue des affaires à l'échelle mondiale auront donc peu d'incidence sur notre positionnement.
Ne pas ignorer les facteurs ESG
L'affinité du Canada pour les politiques et rapports sur les facteurs ESG nous place également en bonne position. Nos sociétés fermées et ouvertes sont plus avancées que leurs homologues mondiaux dans l'inclusion des facteurs ESG dans leurs rapports et leurs stratégies d'affaires.
Nous sommes aussi les premiers de tête en matière de gérance environnementale. Par exemple, l'Université de l'Alberta consacre chaque année d'importantes sommes dans la recherche de moyens de plus en plus efficaces d'extraire le pétrole des sables bitumineux, et le résultat de son travail est mis en œuvre dans l'ensemble de l'industrie. Alors, bien que nous fassions du progrès dans l'utilisation d'écotechnologies et la réduction d'émissions de gaz carbonique, nous fournissons également une source responsable de combustibles fossiles pendant que nous opérons la transition à grande échelle vers des solutions durables.
Occasions et obstacles
Nous avons raison d'être optimistes quant à l'avenir manufacturier du Canada. Tout d'abord, nous continuons à fournir de grandes quantités de biens aux partenaires commerciaux qui nous entourent malgré l'augmentation des droits de douane et des défis transfrontaliers. De plus, les incitatifs manufacturiers fédéraux et provinciaux offrent du soutien au secteur, et le Canada maintient une bonne qualité de vie pour les talents de l'industrie.
Cela ne signifie pas que le secteur ne rencontre aucun obstacle. L'inflation et les taux d'intérêt sont des sujets délicats chez nos clients. La position de ces derniers du point de vue du bilan et de la clientèle, ainsi que leur capacité à supporter les coûts en temps opportun leur permettront de relever les défis associés à ces obstacles.
Les fabricants canadiens sont également touchés par les considérations géopolitiques entre les partenaires commerciaux internationaux. Voilà peut-être la motivation dont certaines entreprises ont besoin pour explorer la relocalisation ou la délocalisation intérieure de l'exploitation. Qui plus est, nous offrons les coûts concurrentiels pour y arriver. Cependant, il nous faut suffisamment de main-d'œuvre qualifiée.
Malgré ces obstacles, le secteur manufacturier au Canada tient le coup. La demande est abondante, les ventes sont bonnes et nos avantages sur les coûts primaires et secondaires restent forts. Dans l'ensemble, notre pays est très ouvert aux échanges, même dans des conditions extraordinaires.
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