Initialement publié le 10 novembre 2025. Pour connaître les derniers développements, consultez les bulletins FlashImpôt Canada.
Budget de 2025 – Transformer les assises économiques du Canada
François-Philippe Champagne, le ministre des Finances et du Revenu national, a déposé le budget fédéral de 2025 à la Chambre des communes le 4 novembre 2025. Le premier budget déposé sous la gouverne du premier ministre Mark Carney a instauré une combinaison de mesures fiscales visant à contrer les perturbations commerciales, la hausse des coûts et l’incertitude économique, en mettant fortement l’accent sur la promotion de l’investissement accru des entreprises au Canada.
Le budget prévoit des investissements en capital de 280 milliards de dollars, ce qui pourrait faire grimper le déficit à 78,3 milliards de dollars.
Le budget a mis l’accent sur le renforcement de la sécurité économique, de la sécurité physique, de l’habilitation commerciale et de la diversification par le biais de grands projets industriels et d’infrastructures d’intérêt national. Le gouvernement mobilise le secteur privé au moyen d’encouragements et de co-investissements afin de catalyser la croissance économique et de l’aider à s’affranchir de sa dépendance excessive envers un seul partenaire économique.Il instaure également un nouveau Cadre de budgétisation des investissements en capital qui distingue les investissements en capital des dépenses de fonctionnement courantes, et prévoit d’équilibrer le budget de fonctionnement d’ici trois ans.
Le budget de 2025 prépare la voie à une transformation, mais sa réussite dépendra des mesures prises et de l’exécution. Les entreprises doivent privilégier l’agilité, la planification des investissements et les partenariats avec le secteur public pour s’harmoniser avec les nouveaux encouragements et favoriser les retombées.
Analyse du budget de 2025
L’analyse qui suit présente les principales mesures du budget qui pourraient avoir une incidence sur les Canadiens et les entreprises.
Impôts des sociétés et des particuliers | Commerce et tarifs douaniers | Infrastructure et logement | Innovation et productivité
Politique fiscale – Impôts des sociétés et des particuliers
- Instauration d’une « superdéduction à la productivité » qui encouragerait les investissements en capital en réduisant le taux effectif marginal d’imposition du Canada, qui passerait de 15,6 % à 13,2 %, soit le taux le plus bas du G7.
- Déductions immédiates pour les bâtiments servant à la fabrication et à la transformation, offrant une déduction de 100 % dans la première année d’imposition où le bâtiment est utilisé à cette fin.
- Augmentation du plafond de dépenses pour les crédits d’impôt remboursables dans le cadre programme de la recherche scientifique et du développement expérimental (« RD&DE »), le faisant passer de 4,5 millions de dollars à 6 millions de dollars.
- Élargissement de l’admissibilité aux crédits d’impôt pour l’économie propre : ajouts à la liste des minéraux au titre de crédits pour l’exploration de minéraux critiques et la fabrication de technologies propres; ajout du Fonds de croissance du Canada comme entité admissible au crédit d’impôt à l’investissement pour l’électricité propre.
- Prolongation et clarification des encouragements : prolongation des taux de crédit complets pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (« CUSC ») jusqu’en 2035; clarification des règles relatives aux frais d’exploration excluant la viabilité économique et les études de faisabilité technique.
- Modification du régime de prix de transfert du Canada afin qu’il s’harmonise avec le consensus international sur l’application du principe de pleine concurrence.
- Proposition de modifications aux règles sur le revenu étranger accumulé, tiré de biens (« REATB ») afin d’inclure les revenus de placements à l’étranger qui couvrent des risques d’assurance canadiens.
- Élimination de la taxe sur les logements sous-utilisés (« TLSU ») et élimination de l’application de la Loi sur la taxe sur certains biens de luxe aux aéronefs et aux navires, mais maintien de la taxe sur les véhicules de luxe.
- Mise en œuvre d’un crédit d’impôt remboursable pour les préposés aux services de soutien à la personne équivalant à 5 % de leurs revenus admissibles, pouvant atteindre 1 100 $ par année pendant cinq ans.
91 % des chefs d’entreprise canadiens souhaitent réduire le taux global d’imposition des sociétés de 2 à 4 % pour attirer des investissements et rétablir leur avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis.
L’une des mesures notables du budget de 2025 est la « superdéduction à la productivité », qui combine les déductions immédiates annoncées dans le budget pour les bâtiments servant à la fabrication et à la transformation aux encouragements fiscaux annoncés précédemment permettant aux entreprises d’accélérer l’amortissement des investissements dans la machinerie, l’équipement et les outils numériques, y compris l’intelligence artificielle (« IA »). Cette mesure vise à améliorer le climat d’investissement au Canada et à soutenir le réinvestissement et la modernisation. Pour les cabinets canadiens, cela représente une occasion d’améliorer leur compétitivité et d’adopter des technologies qui améliorent la productivité.
Malgré les appels en faveur d’une réforme fiscale plus large, le budget de 2025 n’a apporté aucune modification aux taux généraux d’imposition du revenu des particuliers ou des sociétés, aux taux d’inclusion des gains en capital ou à d’autres mesures fiscales générales. Il a plutôt instauré des encouragements ciblés, comme la passation en charges immédiate et la bonification des crédits d’impôt pour l’économie propre, tout en annulant définitivement la hausse proposée du taux d’inclusion des gains en capital, la taxe sur les services numériques et l’incitatif aux entrepreneurs canadiens. Aucune mesure n’a été prise pour simplifier le régime fiscal et aucun allègement n’a été accordé pour les retraits obligatoires des fonds enregistrés de revenu de retraite (« FERR »).
Le changement le plus notable en matière de fiscalité internationale est la réécriture du régime de prix de transfert du Canada. Le budget a fourni plus de précisions sur la façon d’analyser les transactions transfrontalières entre personnes ayant un lien de dépendance, en tenant compte non seulement des conditions contractuelles, mais aussi des « caractéristiques économiquement pertinentes ». Ces changements introduisent des normes de conformité plus strictes en exigeant une analyse économique plus approfondie, en élargissant les obligations en matière de documentation et en resserrant l’échéancier des réponses. Il n’y a pas eu de discussion de fond dans le budget sur le cadre du Pilier 2, une composante essentielle de la Loi sur l’impôt minimum mondial, et il existe une incertitude quant à la question de savoir si la règle relative aux profits insuffisamment imposés s’appliquera en 2025.
Dans l’ensemble, le budget de 2025 a adopté une approche modérée en matière de politique fiscale, favorisant les encouragements ciblés plutôt que les réformes radicales et laissant les structures fiscales fondamentales en grande partie inchangées.
Commerce et tarifs douaniers – Renforcer les cadres mondiaux et nationaux
- Doublement des exportations vers des pays autres que les États-Unis au cours des 10 prochaines années pour générer 300 milliards de dollars de plus en échanges commerciaux et réduire la dépendance économique du Canada à l’égard des États-Unis.
- Financement de 8 millions de dollars sur quatre ans, accordé à Affaires mondiales Canada pour renforcer les relations commerciales avec des partenaires européens.
- Lancement d’une stratégie de diversification du commerce visant à accroître la portée du Canada et à doubler les exportations outre-mer d’ici 10 ans.
- Investissement de 5 milliards de dollars dans le Fonds de réponse stratégique afin d’aider les secteurs touchés par les droits de douane à maintenir leur capacité industrielle en soutenant la restructuration, l’expansion et l’accès à de nouveaux marchés.
- Investissement de 1 milliard de dollars sur trois ans aux agences de développement régional pour soutenir les secteurs touchés par les droits de douane, notamment les secteurs de l’agriculture, de la pêche, des produits de la mer, de l’acier et de la foresterie.
- Financement de 5 milliards de dollars sur sept ans, accordé au Fonds pour la diversification des corridors commerciaux qui investira dans l’infrastructure pour expédier des produits canadiens vers les marchés mondiaux.
88 % des chefs d’entreprise canadiens affirment que le plus grand risque pour leur entreprise serait de perdre les protections qu’ils ont actuellement en vertu de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (« ACEUM »).
Le budget de 2025 était axé sur la diversification du commerce et la croissance dans de nouveaux marchés, et plusieurs mesures ont été annoncées pour surmonter les défis actuels. Un nouveau Bureau des exportations stratégiques à Affaires mondiales Canada sera chargé de repérer les occasions d’affaires à l’échelle internationale et d’aider les entreprises canadiennes à éliminer les obstacles à l’accès aux marchés étrangers, et même les difficultés liées aux besoins de financement. Le Fonds pour la diversification des corridors commerciaux se consacrera à l’aménagement d’infrastructures favorisant le commerce pour aider à faire croître le PIB, ainsi que sur le soutien à la réalisation de gains d’efficience au niveau de la chaîne d’approvisionnement. Le gouvernement fédéral a précédemment annoncé une nouvelle politique « Achetez canadien » pour l’approvisionnement gouvernemental, ainsi qu’un nouveau programme de requalification professionnelle, le lancement d’une plateforme numérique de formation et d’emploi, et la prolongation des mesures temporaires d’assurance-emploi pour les travailleurs, dont l’emploi est touché par les droits de douane américains.
Les droits de douane ont eu d’importantes répercussions sur les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, et le rythme des changements s’accélère compte tenu de la révision imminente de l’ACEUM en 2026. À mesure que les négociations progresseront, les entreprises doivent continuer de se préparer aux répercussions éventuelles et d’exploiter les occasions présentées dans ce budget. Explorez nos plus récentes analyses sur le portail Composer avec le commerce et les tarifs.
Infrastructure et logement – Coordination des investissements en capital pour la croissance à long terme
- Investissement de 213,8 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer les projets d’intérêt national soumis au Bureau des grands projets.
- Investissement de 1 milliard de dollars dans le Fonds d’infrastructure pour l’Arctique pour permettre les investissements du secteur privé et le développement de projets de défense dans la région, y compris des ports en eau profonde et des routes toutes saisons.
- Affectation de 50 milliards de dollars au Fonds pour bâtir des collectivités fortes pour appuyer des projets d’infrastructure locaux liés au transport, au logement et aux hôpitaux.
- Investissement de 13 milliards de dollars sur les cinq prochaines années par l’intermédiaire de Maisons Canada pour « dynamiser » l’industrie de l’habitation.
- Instauration d’un financement à faible coût pour les promoteurs immobiliers, d’incitatifs pour la construction de logements locatifs et d’initiatives pour accroître la main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de la construction.
- Comme il a été annoncé précédemment, élimination de la taxe sur les produits et services (« TPS ») sur les habitations neuves d’une valeur maximale de 1 million de dollars et réduction de la TPS pour les acheteurs d’une première habitation neuve dont la valeur se situe entre 1 million et 1,5 million de dollars.
96 % des chefs d’entreprise canadiens appuient les infrastructures et les politiques qui permettent au secteur canadien de l’énergie d’accéder à des marchés mondiaux.
Le budget de 2025 témoigne d’un engagement ferme à l’égard des infrastructures en tant que moteur de la croissance économique à long terme, en mettant l’accent sur la collaboration entre les secteurs public et privé. Bien que les annonces du budget reflètent l’optimisme quant à la capacité d’attirer d’importants investissements en capital qui sont estimés à plus de 1 000 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, la réussite dépendra de la création d’un environnement réglementaire prévisible et de mécanismes pour atténuer les risques liés aux projets à grande échelle. Le mandat clarifié du Bureau des grands projets est une étape positive vers l’amélioration de la coordination et de la structuration du financement entre les partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux et privés.
Le développement de l’infrastructure se positionne maintenant comme une pierre angulaire de la concurrence et de la résilience du Canada, ce qui exige un équilibre entre les priorités industrielles et énergétiques et les objectifs liés au climat. Les entreprises doivent prévoir une approche plus intégrée de la planification des infrastructures, à l’égard desquelles l’efficience de la réglementation, la gestion des risques et les considérations relatives à la durabilité façonneront la prise des décisions d’investissement.
Innovation et productivité – Nécessité de soutenir une croissance critique
- Accélération de l’adoption de l’IA et rationalisation des activités fédérales grâce à un nouveau Bureau de la transformation numérique, qui sera chargé de rationaliser les activités fédérales et d’accélérer l’adoption de l’IA.
- Investissement de 925,6 millions de dollars sur cinq ans pour bâtir une infrastructure publique de calcul souveraine à grande échelle.
- Financement de 84,4 millions de dollars sur quatre ans pour prolonger le programme ÉleverlaPI, de 75 millions de dollars sur trois ans pour prolonger l’initiative Assistance PI et de 22,5 millions de dollars sur trois ans pour renouveler l’appui du portefeuille de brevets du Collectif d’actifs en innovation.
- Mise en place du programme de mesure des technologies et de l’intelligence artificielle (TechStat) pour permettre d’en comprendre les effets sur la société et l’économie.
- Versement de 1,3 milliard de dollars visant à recruter des chercheurs étrangers dans les universités canadiennes et appuyer leurs recherches.
- Fournir 81,8 milliards de dollars sur les cinq prochaines années pour moderniser la défense du Canada en augmentant le personnel et en renforçant l’infrastructure et la technologie, tout en investissant dans de nouvelles capacités militaires, la cyberdéfense, la sécurité dans l’Arctique et les engagements de l’OTAN.
- Investissement de 334,3 millions de dollars sur cinq ans dans les technologies quantiques à double usage dans le cadre de la Stratégie industrielle de défense.
90 % des chefs d’entreprise canadiens conviennent que le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation audacieuse qui favorise les investissements dans les technologies de pointe et tire parti de l’IA et des idées canadiennes.
Le budget fédéral place l’innovation et l’IA au cœur de la stratégie économique du Canada, consacrant des ressources importantes à une infrastructure souveraine d’IA, à la recherche de pointe et au renforcement des cadres de propriété intellectuelle. Ces mesures signalent un environnement où les entreprises qui investissent dans la transformation numérique, tirent parti des gains d’efficience découlant de l’IA et s’alignent sur les nouveaux incitatifs à la R-D seront mieux placées pour saisir les occasions de croissance et maintenir leur compétitivité dans un marché en évolution rapide.
Bien que le budget de 2025 fasse progresser l’infrastructure d’IA du Canada et le programme d’innovation en général, il accorde une attention limitée à la réduction de l’écart en matière d’initiation à l’IA au pays. L’analyse internationale intitulée « Utilisation de l’intelligence artificielle, confiance et point de vue : une étude de 2025 à l’échelle mondiale » montre que le Canada se classe 44e parmi 47 pays en matière de formation et de littératie en IA. S’il est essentiel de bâtir une infrastructure de calcul souveraine, il est tout aussi essentiel de veiller à ce que les Canadiens possèdent les compétences et la compréhension nécessaires pour utiliser l’IA de manière responsable et efficiente.
Le budget ne comprenait pas de mesures comme un régime privilégié des brevets, un crédit d’impôt pour l’adoption de l’intelligence artificielle ou un nouveau régime d’actions accréditives pour la recherche scientifique, des initiatives mentionnées dans la plateforme électorale d’avril 2025 du Parti libéral. Une incertitude demeure quant à la question de savoir si ces propositions ont été reportées ou retirées.
Pour la suite : prochaines étapes de votre stratégie d’entreprise
Alors que les entreprises planifient les prochaines étapes à la suite des annonces du budget de 2025, les dirigeants devraient envisager d’harmoniser leurs plans avec les nouveaux encouragements fiscaux, les priorités en matière de transformation numérique et les possibilités de financement pour l’innovation. Des déductions accélérées et des crédits bonifiés peuvent favoriser le réinvestissement, tandis que l’IA et les initiatives quantiques ouvrent la voie à la compétitivité à long terme. Parallèlement, l’incertitude commerciale mondiale et les changements apportés aux chaînes d’approvisionnement soulignent la nécessité de mener des activités résilientes et de diversifier les marchés, ce qui influe sur le calendrier des investissements et les stratégies en matière de gestion des risques.
KPMG Canada peut aider les organisations à composer avec ces mesures grâce à une planification fiscale intégrée, aux services-conseils en matière de douanes et de technologies numériques, et aux services liés aux stratégies d’innovation.
Ressources et analyses
À propos du sondage sur le budget fédéral de 2025 de KPMG
KPMG Canada a mené un sondage auprès de 501 entreprises canadiennes du 11 septembre au 2 octobre 2025 afin d'évaluer les points de vue et les priorités des chefs d'entreprise en prévision du budget fédéral du 4 novembre. Tous les répondants sont des propriétaires d'entreprise ou des décideurs au niveau de la direction et proviennent de tous les secteurs de l'industrie. Trente-cinq pour cent d'entre eux dirigent des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut se situe entre 500 millions et un milliard de dollars; 31 %, des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut est supérieur à un milliard de dollars 20 %, des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut est compris entre 300 et 499 millions de dollars; 9 %, des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut est compris entre 100 et 299 millions de dollars; et les 5 % restants, des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut est compris entre 10 et 99 millions de dollars. Cinquante-sept pour cent des entreprises sont privées, 30 % sont des sociétés de capital-investissement, 11 % sont cotées en bourse et 2 % sont des filiales étrangères. La plateforme de recherche en ligne Methodify de Sago a été utilisée pour le sondage.
Communiquez avec nous
Tenez-vous au courant de sujets qui vous intéressent.
Inscrivez-vous aujourd’hui pour avoir accès à du contenu personnalisé en fonction de vos intérêts.
Communiquez avec nous
- Trouvez des bureaux kpmg.findOfficeLocations
- kpmg.emailUs
- Médias sociaux @ KPMG kpmg.socialMedia