Les infrastructures font maintenant partie des catégories d’actifs stratégiques qui redéfinissent les flux de capitaux à l’échelle mondiale. Dans d’autres domaines, de la transition énergétique à la connectivité numérique, l’ampleur des investissements requis a atteint un sommet, et les capitaux privés prennent le relais là où les gouvernements ne peuvent plus agir seuls. Pourtant, au Canada, où l’on retrouve certaines des caisses de retraite les plus influentes au monde, une part importante des capitaux institutionnels continue d’être déployée à l’étranger.

Pourquoi? Parce que la réserve nationale de projets dans lesquels on peut investir reste limitée, freinée par les politiques, touchant notamment l’octroi de permis, et les lenteurs dans la préparation des projets. En plus de constituer une occasion manquée, ce décalage entre la disponibilité des capitaux et l’accessibilité des actifs crée une vulnérabilité stratégique.

Bond spectaculaire de la demande mondiale d’infrastructures

Les investissements dans les infrastructures ne visent plus seulement à remplacer les actifs vieillissants, ils préparent l’avenir en soutenant la transformation numérique, la transition énergétique et la résilience économique. À l’échelle de la planète, les investisseurs institutionnels s’engagent dans le financement de projets d’infrastructure rentables qui génèrent leurs propres flux de revenus, tels que les centres de données, les aéroports et les terminaux méthaniers.

Un rapport récent de l’Allianz Research Institute prévoit que près de 4 200 milliards de dollars américains seront nécessaires pour moderniser les infrastructures mondiales dans les domaines du transport, de l’énergie et de la transformation numérique d’ici 2035. L’explosion des actifs sous gestion non cotés et négociés sur le marché des capitaux privés, qui sont passés de 25 milliards de dollars américains en 2005 à 1 500 milliards en 2024, souligne le rôle central que jouent désormais les acteurs du capital-investissement dans le financement des infrastructures mondiales.1 Ceux-ci ne se contentent plus de combler les lacunes, ils sont devenus des piliers essentiels de la structure de financement.

Au Royaume-Uni et en Australie, par exemple, la privatisation a permis aux fonds de pension de détenir et d’exploiter des infrastructures essentielles. L’attrait de ces actifs réside non seulement dans leurs rendements à long terme, mais aussi dans leur alignement sur les objectifs ESG et les priorités nationales en matière de développement.

En quoi cet enjeu touche-t-il les dirigeants canadiens?

Le Canada est à la croisée des chemins. Les déficits budgétaires limitent la capacité du gouvernement à financer des projets d’infrastructure, tandis que les caisses de retraite recherchent activement des actifs à long terme générateurs de revenus. Le point d’achoppement? Bon nombre de ces actifs ne sont pas facilement disponibles au niveau national en raison de contraintes politiques, de difficultés liées à l’obtention des permis et du fait que peu de projets sont immédiatement commercialisables.

En libérant le potentiel de ses infrastructures, le Canada pourrait réinjecter des milliards de dollars de capitaux institutionnels dans le pays, ce qui stimulerait la croissance économique, la création d’emplois et le développement durable.

Défis, possibilités et solutions

Voici quelques pistes de réflexion pour aider les différentes parties concernées à relever le défi et à saisir les occasions qui s’offrent à elles :

Assouplissement des politiques
Les gouvernements doivent réévaluer les modèles de propriété des infrastructures. Par exemple, la plupart des aéroports canadiens appartiennent toujours à l’État, contrairement aux installations européennes et australiennes. La privatisation ou les partenariats public-privé (PPP) pourraient débloquer des investissements importants.

Modèles générateurs de revenus
Les projets à prioriser sont ceux qui s’autofinancent, ce qui assure leur viabilité auprès des investisseurs privés et sont par conséquent moins dépendants des fonds publics. Le gouvernement peut participer au financement lorsque des facteurs externes le justifient.

Au-delà du remplacement périodique des installations publiques, le secteur des infrastructures a également besoin de nouveaux investissements pour répondre aux objectifs liés à la transition énergétique et à la transformation numérique découlant de l’expansion de l’intelligence artificielle (IA). Cette évolution ouvre des possibilités rentables et attrayantes pour les investisseurs institutionnels du fait que de nombreux projets d’envergure peuvent désormais s’autofinancer. Le secteur privé pourrait construire, financer et rentabiliser ces opérations qui deviendraient autant d’occasions d’investissement lucratives.

Acceptation sociale et participation autochtone
Comme on le voit dans le secteur énergétique en pleine évolution, le soutien de la collectivité et des peuples autochtones est essentiel pour mener à bien les projets. Ceux qui intègrent ces perspectives ont plus de chances de réussir et d’attirer les investisseurs. La participation des peuples autochtones au capital permet non seulement d’harmoniser les intérêts, mais, combinée aux capitaux institutionnels privés et au soutien mesuré des pouvoirs publics, elle peut également ouvrir de nouvelles sources de financement.

Échelle des projets et diversification des risques
Les projets d’infrastructure dépassant souvent les 10 milliards de dollars – voire 30 milliards dans le cas de certaines initiatives de pipelines –, la collaboration entre plusieurs bailleurs de fonds est essentielle. Comme les banques ne peuvent à elles seules assumer un risque aussi important et concentré sur un seul emprunteur, les investisseurs institutionnels doivent faire partie de l’équation.

Application des modèles mondiaux
Le Canada devrait s’inspirer des marchés mondiaux où la mise en place d’infrastructures privées a stimulé les investissements. L’application à l’échelle nationale des leçons tirées ailleurs élargirait notre bassin de possibilités d’investissement.

Mesures à prendre pour ouvrir les investissements en infrastructures

  • Décideurs politiques : Revoir les cadres réglementaires afin de permettre la propriété privée ou la réalisation en PPP d’actifs liés aux infrastructures en donnant la priorité aux réformes en matière d’octroi de permis et en accélérant la préparation des projets.
  • Investisseurs institutionnels : Collaborer de manière proactive avec les gouvernements et les promoteurs afin de définir des projets susceptibles d’attirer les investissements. Agir en faveur de changements politiques qui favorisent les investissements à long terme.
  • Promoteurs de projets d’infrastructure : Concevoir des projets fondés sur des modèles de revenus clairs et conformes aux critères ESG. Établir des partenariats avec les communautés autochtones et les parties prenantes locales afin de renforcer l’acceptabilité sociale.
  • Associations sectorielles : Faciliter le dialogue entre les secteurs public et privé, et les communautés autochtones. Promouvoir les meilleures pratiques mondiales et travailler au renforcement des capacités pour le développement à grande échelle des infrastructures canadiennes.

Nous pouvons vous être utiles

KPMG au Canada met au service des parties prenantes et des titulaires de droits dans l’ensemble de l’écosystème des investissements en infrastructures le savoir-faire unique et la vaste expérience de son équipe pluridisciplinaire dans les domaines suivants :

  • Conseils en stratégie et en politiques d’infrastructure : Nous aidons les administrations et les organismes publics à concevoir des cadres qui attirent des capitaux privés.
  • Financement de projet et évaluation des risques : Nous aidons les promoteurs et les investisseurs à structurer les transactions en visant un équilibre optimal entre le risque et le rendement.
  • Enjeux ESG et mobilisation des peuples autochtones : Nous accompagnons les organisations dans la mise en place de projets d’infrastructure inclusifs et durables.
  • Analyses des marchés mondiaux : Grâce à notre réseau international, nous pouvons aider les clients canadiens à tirer profit des meilleures pratiques mondiales et leur offrir des analyses pointues en matière d’investissement.

Il est temps d’agir alors que le Canada se trouve à un tournant décisif dans le développement de ses infrastructures. En harmonisant les politiques, les capitaux et les intérêts des communautés, nous pouvons bâtir un avenir résilient, inclusif et prospère.

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  1. 3.5% to 2035: Bridging the global infrastructure gap, Allianz SE, juillet 2025