Le Canada déploie actuellement des efforts attendus depuis longtemps pour reconstruire et réorienter son économie de façons nouvelles et audacieuses. Mais transformer cet élan en résultats réels et durables exigera de l’attention, des investissements et, surtout, de la collaboration et des partenariats. Il faudra tout un village pour créer une nouvelle économie plus forte, où les responsables de projet, l’État, les communautés autochtones, les entrepreneurs, les bailleurs de fonds et les autres parties prenantes collaboreront pour accélérer la réalisation des projets, innover et améliorer la productivité. L’édification d’une nation n’est pas du ressort de l’État, c’est un acte de collaboration.
Dans le contexte de l’adoption de mesures législatives comme le projet de loi C-5, la Loi sur l’unité de l’économie canadienne, nous croyons que les tendances actuelles en matière d’infrastructure influeront sur la productivité et la croissance économique du Canada dans les années à venir. Le présent article examine les grands thèmes du récent rapport sur les tendances émergentes en infrastructure (en anglais) de KPMG International, exclusivement du point de vue canadien.
Chaîne d’approvisionnement
Dans le contexte économique et commercial actuel, le Canada doit trouver de nouvelles chaînes d’approvisionnement. Les efforts interprovinciaux visant à harmoniser davantage la réglementation seront essentiels au développement des marchés nationaux. En même temps, le projet de loi C-5 devrait favoriser la connectivité au pays et à l’étranger.
Pour l’avenir, deux grands domaines d’intérêt se démarquent pour le Canada. Le premier est la nécessité d’une plus grande connectivité partout au pays. Selon un récent sondage de KPMG au Canada mené auprès de 250 chefs d’entreprise canadiens, 90 % des répondants ont déclaré que tous les ordres de gouvernement devaient déclarer que la construction d’un corridor de services publics indépendant englobant tous les types d’énergies constituait une « urgence nationale ».
Le deuxième domaine d’intérêt est celui des ports. Le même sondage a révélé que 89 % des chefs d’entreprise canadiens estiment que les ports du Canada sont extrêmement improductifs et doivent faire l’objet d’investissements massifs pour tenir leur promesse d’étendre le commerce mondial.
Le Canada pourrait – et devrait – profiter de ces occasions pour atteindre de multiples objectifs et résultats pour le pays. Les ports sont nécessaires pour moderniser le commerce et ouvrir de nouvelles voies vers les marchés. Mais ils sont également essentiels à la sécurité de nos frontières nationales, en particulier à l’heure où l’attention géopolitique mondiale se tourne vers le Nord.
Parallèlement à la diversification des chaînes d’approvisionnement et à l’ajout de nouveaux fournisseurs, les constructeurs canadiens devront se concentrer davantage sur la compréhension non seulement de leurs fournisseurs de niveau 1, mais aussi de leurs fournisseurs de niveau 2 et 3, afin de mieux évaluer les risques, les vulnérabilités et les coûts potentiels.
Les responsables de grands projets de développement et les sociétés qui exercent leurs activités dans des secteurs concurrentiels à l’échelle mondiale (comme la production d’électricité) devront se concentrer davantage sur la planification et la gestion des vulnérabilités potentielles.
Comment les leaders canadiens peuvent-ils se préparer?
- Améliorer la visibilité de la chaîne d'approvisionnement en établissant des relations plus solides avec les fournisseurs clés et en améliorant l'échange de données aux niveaux 2 et 3 de votre réseau.
- Identifier les risques liés à la chaîne d'approvisionnement et les vulnérabilités critiques en fonction de l'évolution des considérations géopolitiques, commerciales, économiques et environnementales.
- Effectuer une analyse de scénarios en tirant parti de la technologie et de l'IA pour évaluer rapidement divers résultats potentiels et tester des stratégies.
Innovation et productivité
Le programme est colossal. Pourtant, le capital – financier et humain – est limité. Si le Canada veut réaliser ses ambitions en matière de construction, la productivité devra augmenter. Et cela nécessitera de grandes innovations, prenant de multiples formes.
Les entreprises d’infrastructures et de construction devront déterminer comment les nouvelles technologies (en particulier l’IA) peuvent contribuer à améliorer l’efficience de la construction et de la planification, par exemple en prédisant les retards dans les projets, en optimisant le séquencement et en améliorant l’affectation des ressources.
La productivité exigera également que les acteurs du secteur des infrastructures innovent en matière de ressources humaines. À mesure que le nombre de projets autorisés en vertu du projet de loi C-5 augmentera, la pression s’exerçant sur les capacités gagnera en intensité. La technologie atténuera une partie de cette pression. Toutefois, les dirigeants devront aussi trouver des façons d’être plus créatifs pour attirer et conserver les talents clés au sein de leur organisation.
En parallèle, les promoteurs de projets, tant publics que privés, devront réfléchir à la manière dont ils pourraient innover davantage dans leurs méthodes de passation de contrats afin de créer de nouvelles sources de productivité. Pour ce faire, les responsables de projets devront bien comprendre le marché, le point de vue de leurs contreparties et les mécanismes appropriés qui favorisent et stimulent la productivité.
Le gouvernement devra également jouer son rôle en créant un environnement propice aux investissements des organisations dans l’innovation et la productivité. Encore une fois, le projet de loi C5 jouera un rôle important en proposant de premières étapes solides vers l’harmonisation de la main-d’œuvre, la simplification de la réglementation et la réduction des dédoublements partout au pays. Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les conditions des investissements dans les infrastructures et l’innovation pour le secteur privé.
Comment les leaders canadiens peuvent-ils se préparer?
- Évaluer comment l'évolution du contexte macroéconomique et l'adoption du projet de loi C-5 pourraient créer des occasions de stimuler la croissance et l'innovation.
- Réfléchir à des manières d'être plus délibéré dans votre méthode de passation de contrats afin de stimuler la productivité au sein des projets.
- Cibler l'accroissement de la capacité opérationnelle pour rendre la réalisation des projets plus efficiente en mettant l'accent sur l'attraction et la rétention des talents clés.
Durabilité
Il existe une tension inhérente entre notre programme national de croissance et nos objectifs de durabilité. Pour corriger cette tension, l’industrie et le gouvernement devront prendre des décisions fondées sur la valeur qui concilient la faisabilité, la sécurité économique, la durabilité et l’ambition pour créer un plan d’action à long terme clair.
Dans certains cas, cette conciliation nécessitera des compromis difficiles, mais il y aura également des occasions d’atteindre l’équilibre. Il ne s’agit pas de choisir entre la croissance économique et la durabilité environnementale, par exemple, ou entre la défense et les infrastructures. Il s’agit de trouver des stratégies pour faire avancer plusieurs priorités en harmonie. Pensez aux pipelines et au captage du carbone.
Dans les faits, il y aura toujours des gens qui seront insatisfaits des décisions qui doivent être prises. Cela ne peut pas nous arrêter. En collaboration avec les communautés autochtones du Canada, le pays doit faire progresser rapidement les projets qui procureront aujourd’hui et dans l’avenir les plus grands avantages aux Canadiens.
La biodiversité deviendra également de plus en plus importante pour les citoyens, les gouvernements et les fournisseurs d’infrastructures. Même si le carbone demeurera un élément clé des activités de développement durable, nous nous attendons à ce que les répercussions des changements climatiques se manifestent de multiples façons au Canada, notamment sous la forme du risque pour la biodiversité – perte de forêts, de vie marine et d’habitats. Les acteurs du secteur des infrastructures devraient réfléchir à la façon dont ils intègrent les considérations relatives à la biodiversité à leurs stratégies futures.
Le projet de loi C-5 devrait contribuer à simplifier le développement. Toutefois, le gouvernement fédéral a encore une belle occasion d’expliquer comment le pays équilibrera et priorisera ces objectifs au fil du temps. Les communautés autochtones du Canada joueront un rôle essentiel dans l’atteinte de l’équilibre, grâce à leur vaste expérience et à leurs connaissances traditionnelles.
Comment les leaders canadiens peuvent-ils se préparer?
- Repérer des occasions d'établir des partenariats significatifs avec les communautés autochtones pour façonner et faire progresser les projets et les priorités.
- Formuler clairement les priorités et les compromis nécessaires pour atteindre les objectifs de croissance et environnementaux.
- Reconnaître l'importance de la biodiversité et comprendre le potentiel de votre organisation pour créer un effet positif.
Nouvelles catégories d’actifs
Pour atteindre nos objectifs nationaux, nous n’avons pas seulement besoin de faire croître notre économie, nous devons aussi la moderniser. De nouvelles catégories d’actifs, comme les centres de données et les infrastructures numériques, seront essentielles à notre économie future et à nos besoins en matière de souveraineté des données.
La promesse électorale du premier ministre Mark Carney d’injecter 2 milliards de dollars supplémentaires dans le développement de centres de données, si elle se concrétise, contribuera sans aucun doute à catalyser la croissance dans ce domaine. Il en va de même pour la demande apparemment insatiable du monde à l’égard d’une puissance de calcul plus grande, à l’heure où l’IA s’intègre rapidement à la trame du quotidien.
Le Canada a une occasion unique de tirer parti de ses ressources naturelles et de ses infrastructures pour attirer d’importants investissements étrangers dans le secteur. Des températures plus froides, une infrastructure numérique robuste, une capacité de production d’électricité abondante, la disponibilité des talents et des capacités, une réglementation rigoureuse et la primauté du droit : les caractéristiques des centres de données du Canada sont favorables.
Toutefois, pour tirer parti de cette occasion, il faudra une planification minutieuse de la part du gouvernement et du secteur privé. Cela exigera notamment une stratégie gouvernementale claire en matière d’infrastructure numérique souveraine, une refonte des cadres de réglementation de l’énergie et une réponse concrète à la demande croissante.
Nous nous attendons à ce que les centres de données deviennent un moteur important de la croissance des infrastructures du Canada au cours de la prochaine décennie. Le défi consistera à faire en sorte que les investissements dans le développement de nouveaux centres de données soient soutenus par des investissements dans l’énergie et l’infrastructure nécessaires pour répondre à la demande croissante. De nouveau, les partenariats et la collaboration seront essentiels pour obtenir des résultats pour le Canada.
Comment les leaders canadiens peuvent-ils se préparer?
- Évaluez l'incidence que l'essor de la demande de centres de données pourrait avoir sur votre stratégie d'affaires à long terme et la création d'occasions.
- Soutenir l'élaboration d'une stratégie intégrée à long terme pour le développement d'infrastructures numériques et de centres de données.
- Rechercher des occasions de soutenir des partenariats visant à faire progresser les capacités des centres de données du Canada.
Résilience aux changements climatiques
Le Canada fait face à des défis climatiques uniques qui auront une incidence importante sur les infrastructures que nous développons, ainsi que sur la façon dont nous les concevons et les réalisons. En fait, les phénomènes climatiques deviennent plus fréquents, plus graves et plus coûteux. Chaque année, nous assistons à des phénomènes météorologiques exceptionnels partout au pays, inondations, incendies, chutes de neige sans précédent ou chaleur extrême.
Les conditions de fonctionnement des infrastructures construites au cours des décennies précédentes sont très différentes de celles pour lesquelles elles ont été conçues. De nombreux actifs nécessitent déjà un certain niveau de modernisation afin de respecter leur durée de vie initialement prévue.
Puisque nous ne pouvons pas atténuer tous les risques et tous les incidents, la préparation aux situations d’urgence devra également devenir une priorité. Les propriétaires d’infrastructures devront donc investir dans la modélisation de scénarios, la capacité d’intervention en cas d’urgence et l’élaboration de plans d’intervention efficaces adaptés aux actifs.
Quoi qu’il en soit, il sera difficile d’obtenir un financement suffisant. De nombreux propriétaires auront de la difficulté à trouver les capitaux nécessaires pour entièrement moderniser et mettre à niveau leurs actifs, en particulier à un moment où tant de nouveaux aménagements sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie, saisir des occasions économiques et atteindre nos objectifs en matière de climat et de sécurité énergétique. Pour relever ce défi, il faut une vision intégrée des besoins en infrastructures, ainsi qu’un moyen objectif d’exprimer les risques et les priorités climatiques en des termes que les décideurs comprennent.
Dans le cas des nouveaux projets d’aménagement, les propriétaires devraient réfléchir aux divers scénarios auxquels leurs actifs pourraient être confrontés au cours des prochaines décennies, puis équilibrer les attentes en matière de dépenses d’investissement et de charges d’exploitation afin d’atteindre un niveau approprié de résilience selon leur tolérance au risque. Pour ce faire, il faudra bien comprendre l’importance ou l’aspect critique des actifs afin d’obtenir les résultats attendus.
Comment les leaders canadiens peuvent-ils se préparer?
- Définir l'aspect critique des actifs et les niveaux de services requis selon les besoins fonctionnels et opérationnels.
- Identifier les risques liés aux changements climatiques en fonction d'un éventail de scénarios climatiques probables.
- Intégrer l'atténuation des risques et l'intervention en cas d'urgence à la planification et à la conception du projet.
Notre pays s’est bâti grâce à de grands projets d’infrastructures. Il est temps que le secteur des infrastructures contribue de nouveau à bâtir un Canada fort. Pour ce faire, nous devons nous attaquer à ces tendances en travaillant en partenariat, à rythme soutenu et avec une productivité accrue. Cela exigera que tous les ordres de gouvernement, les conseils d’administration et l’ensemble du secteur des infrastructures fassent preuve d’un leadership visionnaire.
Le projet de loi C-5 en particulier représente un moment unique en matière d’infrastructures nationales qui pourrait permettre de révéler le potentiel de productivité du Canada. Il prépare le terrain pour un acte massif d’édification de la nation, un événement sans précédent au Canada depuis la construction des chemins de fer. Les possibilités pour le secteur canadien des infrastructures seront énormes.
Chez KPMG au Canada, nous sommes conscients des défis complexes auxquels sont confrontés les décideurs et des compromis qu’ils doivent trouver. Et nous sommes convaincus qu’avec une collaboration étroite, une vision solide et une feuille de route pratique, nous pouvons bâtir ensemble un Canada fort.
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