Alors que moins d'un quart (22 %) des organisations du secteur public canadien ont adopté l'intelligence artificielle (IA), la moitié des fonctionnaires qui utilisent l'IA dans leur travail s'appuient sur des outils d'IA accessibles au public, ce qui expose les gouvernements à des risques potentiels, notamment des atteintes à la confidentialité et à la sécurité des données, le vol de propriété intellectuelle et l'exposition à des informations biaisées ou inexactes pouvant entraîner des problèmes juridiques et éthiques, selon un nouveau rapport de KPMG au Canada.

« Alors que les employés du secteur public adoptent déjà des outils d'IA pour accomplir leur travail, les organisations du secteur public doivent accélérer le déploiement de politiques formelles d'adoption de l'IA », déclare Michael Klubal, responsable national de l'infrastructure, du gouvernement et des soins de santé, KPMG au Canada. « Notre enquête souligne la nécessité d'une gouvernance forte, d'une surveillance et d'une formation approfondie pour déployer une adoption responsable et sécurisée de l'IA et intégrer les meilleures pratiques. Cette approche permettra non seulement de protéger la confiance et les données du public, mais aussi de trouver un équilibre entre innovation et responsabilité. »

L'IA peut aider la fonction publique à améliorer la productivité, à créer de nouveaux types de services, à rationaliser ou à automatiser les tâches de routine et à fournir plus efficacement des services aux citoyens et aux entreprises. Pourtant, l'enquête montre que le service public n'exploite peut-être pas tout le potentiel de l'IA, seuls 36 % des fonctionnaires affirmant que l'IA est « extrêmement » ou « très » importante pour renforcer leur productivité et leur efficacité opérationnelle, 42 % qu'elle est « quelque peu » importante et 22 % qu'elle ne l'est pas. 

En outre, parmi les fonctionnaires des organisations qui ont adopté l'IA, plus des deux tiers (69 %) affirment que « l'anxiété liée à l'IA est réelle » au sein de leur organisation, en raison de préoccupations concernant la sécurité de l'emploi, les dilemmes éthiques, la vie privée, les faux contenus, l'hypertrucage et la désinformation.

« Les gouvernements ont l'occasion de démontrer le potentiel positif de l'IA pour transformer la prestation des services publics », ajoute M. Klubal. « Avec moins de quatre fonctionnaires sur dix qui comprennent comment l'IA peut les aider à devenir plus productifs, il sera essentiel de disposer d'un plan de mise en œuvre soigneusement élaboré, non seulement pour choisir les bons exemples de cas d'utilisation, mais aussi pour encourager et inciter les employés à adopter l'IA. Il est également assez révélateur que près de neuf fonctionnaires sur dix ne pensent pas que les Canadiens comprennent vraiment (ou n'ont pas confiance en) la manière dont la fonction publique développera et utilisera l'IA. »

Principales conclusions de l'enquête :

  • 22 % des 349 fonctionnaires canadiens affirment que leur organisation a mis en œuvre des outils d'IA ; 32 % d'entre eux expérimentent ou testent actuellement des outils d'IA ; 9 % ont l'intention de déployer des outils d'IA ; 18 % n'en ont pas déployés, 4 % ne prévoient pas d'en déployer, et les 15 % restants n'ont pas connaissance de plans d'adoption de l'IA
  • Près de la moitié (48 %) des répondants utilisent des outils d'IA au travail
    • La moitié d'entre eux (50 %) utilisent des outils accessibles au public
    • 33 % utilisent des outils d'IA privés ou propriétaires fournis par leur employeur
    • 17 % utilisent des outils d'IA publics et privés
  • 36 % estiment que l'IA est « extrêmement » ou « très » importante pour améliorer la productivité et l'efficacité opérationnelle de leur organisation, 42 % disent qu'elle est « quelque peu » importante et 22 % disent qu'elle ne l'est pas
  • 69 % des fonctionnaires des organisations qui ont mis en œuvre l'IA affirment que « l'anxiété liée à l'IA est réelle » au sein de leur organisation, avec des préoccupations allant de la sécurité de l'emploi et des dilemmes éthiques à la vie privée, aux faux contenus, aux hypertrucages et à la désinformation
  • 85 % estiment que les Canadiens ne comprennent pas vraiment ou n'ont pas confiance dans la manière dont la fonction publique développera et utilisera l'IA

Utilisation de l’IA par les fonctionnaires

utilisent des outils d’IA pour le travail
48%
n’utilisent pas d’outils d’IA
52%

Source : Sondage 2025 de KPMG au Canada auprès de 349 fonctionnaires

Les fonctionnaires qui utilisent des outils d’IA au travail comptent sur :

se servent d’outils d’IA accessibles au public
50%
utilisent les outils d’IA privés fournis par leur employeur
33%
se servent d’outils privés et publics
17%

Source : Sondage 2025 de KPMG au Canada auprès de 349 fonctionnaires

L'éducation jouera un rôle essentielle, aussi bien en interne qu'en externe

Parmi ceux qui utilisent des outils d'IA, les fonctionnaires se tournent principalement vers l'IA pour résumer l'information, rédiger ou modifier des documents, fournir des recherches préliminaires sur des sujets, et faire des remue-méninges et générer des idées, selon le sondage. Près de quatre personnes sur dix (37 %) utilisent l'IA plusieurs fois par semaine, 21 % l'utilisent plusieurs fois par mois et 17 % l'utilisent quotidiennement.

À quelle fréquence les fonctionnaires utilisent-ils les outils d’IA au travail?

Quelques fois par semaine
37%
Quelques fois par mois
21%
Chaque jour ou pour chaque projet
17%
Au besoin seulement
15%
Une fois toutes les deux ou trois semaines
4%
Les ont essayé, mais les utilisent à peine
6%

Source : Sondage 2025 de KPMG au Canada auprès de 349 fonctionnaires

Les fonctionnaires disent que les plus grands défis au déploiement de l'IA comprennent:

  • Les préoccupations et exigences en matière de protection de la vie privée
  • La sécurité et la conformité, y compris les nouvelles stratégies d'attaque d'acteurs malveillants utilisant l'IA
  • La propagation de la désinformation et de la mésinformation par l'IA
  • Le manque de confiance dans la qualité des données
  • La préparation des processus de gestion des risques et de la gouvernance
  • L'absence de normes et de réglementations définies

Près de huit personnes sur dix (77 %) ajoutent que la perte de contrôle du système d'IA et des résultats de son travail constitue une préoccupation au sein de leur organisation.

« Notre enquête met en relief une courbe d'apprentissage abrupte au sein de la fonction publique. La promesse de l'IA est bel et bien là, mais elle est tempérée par les préoccupations relatives à la mise en œuvre éthique et à la surveillance de la gouvernance, plus des trois quarts des répondants craignant de perdre le contrôle des systèmes d'IA », déclare Ven Adamov, associé et responsable de l'analyse des données dans la branche de conseil en gestion des risques de KPMG au Canada. « En outre, près de 40 % des répondants n'ont pas de politique de données clairement communiquée, ou n'en ont pas connaissance ; 50 % indiquent la même chose en ce qui concerne une stratégie de données clairement communiquée ; et 60 % n'ont pas reçu de formation à la gestion des données. »

« Cela représente un défi et un risque importants pour la mise en œuvre d'outils d'IA modernes, qui s'appuient sur de grandes quantités de données et de documents organisationnels », ajoute-t-il.

Lacunes dans la préparation des données :

des fonctionnaires ne connaissent pas l’existence d’une politique sur les données
40%
affirment que leur organisation ne dispose pas d’une stratégie en matière de données
50%
n’ont pas reçu de formation en littératie des donnée
60%

Source : Sondage 2025 de KPMG au Canada auprès de 349 fonctionnaires

Trouver des talents qualifiés pour déployer l'IA est un autre problème de taille. L'enquête révèle que huit répondants sur dix (80 %) affirment que leur organisation ne dispose pas de professionnels des données pour guider l'utilisation éthique des données et mettre en place des cadres de gouvernance solides qui protègent la vie privée et garantissent que les données soient utilisées de manière responsable. Seulement la moitié (55 %) affirment que leur employeur a clairement défini les rôles et les responsabilités en matière de données.

« Il faut une équipe composée de scientifiques des données, d'ingénieurs des données, de développeurs de logiciels et de spécialistes de l'IA éthique pour construire et mettre en place des systèmes d'IA, sans parler de la pensée critique et de la créativité », ajoute M. Adamov. « L'objectif final de la mise en œuvre de l'IA est clair et certainement réalisable : améliorer la productivité et l'efficacité au sein de la fonction publique et fournir de meilleurs services aux Canadiens. Mais la manière de mettre tout cela en œuvre est essentielle, il faut les bons cadres de contrôle des données et de l'IA, ainsi que les bonnes personnes et les bons processus tout au long du déploiement de l'IA. » 

Sur le fait d'être à l'aise avec l'IA, de comprendre les implications éthiques de l'utilisation de l'IA et d'identifier ses biais ou ses limites d'application, 85 % des fonctionnaires estiment que le niveau de compétences en matière d'IA est faible parmi les employés du secteur public. Presque autant (82 %) estiment également que le niveau de maîtrise (définie comme des utilisateurs qui comprennent, remettent en question et utilisent stratégiquement l'IA en toute confiance) est « faible »

Bâtir une souveraineté numérique, protéger les données canadiennes

Une majorité écrasante de 94 % des fonctionnaires disent que les données des citoyens doivent être stockées au Canada, et 86 % craignent que la confiance du public s'érode si ces données sont stockées à l'extérieur du pays. Près de neuf répondants sur dix (87 %) affirment qu'il faut en faire davantage pour établir et offrir des incitatifs aux industries privées comme les grands fournisseurs de services infonuagiques à très grande échelle afin de s'assurer que les données sensibles ou personnelles des citoyens demeurent au Canada.

« Les pouvoirs publics sont sous pression pour répondre aux attentes des citoyens, qui veulent que leurs données restent sous juridiction canadienne, même si c'est techniquement ou économiquement difficile », explique M. Adamov. « Il est important que les pouvoirs publics prennent en considération et atténuent les risques associés au stockage de renseignements personnels sensibles, en particulier s'ils se trouvent à l'extérieur du Canada. »

« Lorsque les données sont transférées vers le nuage, la sécurité devient une responsabilité partagée avec les fournisseurs de services infonuagiques tiers. Les pouvoirs publics n'ont pas la pleine souveraineté sur leurs données lorsqu'elles sont stockées en nuage, et les données pourraient être soumises à des lois étrangères et être divulguées à un autre gouvernement. Le Canada accorde la priorité à la résidence des données pour les données gouvernementales, mais pas pour les données du secteur privé. C'est une question qui fait toujours débat. »

Autres faits saillants de l'enquête :

  • 77 % de tous les répondants disent que la peur de perdre le contrôle du système d'IA et des résultats de son travail est une préoccupation au sein de leur organisation
  • 39 % n'ont pas de politique de données clairement communiquée, ou n'en ont pas connaissance
  • 49 % n'ont pas de politique de données clairement communiquée, ou n'en ont pas connaissance
  • 60 % affirment que leur organisation de la fonction publique n'offre pas de formation en gestion des données
  • 80 % affirment que leur organisation manque de spécialistes des données pour aider à façonner l'utilisation éthique des données et à établir des cadres de gouvernance éprouvés qui protègent la vie privée et garantissent que les données sont utilisées de manière responsable
  • 55 % affirment que leur organisation a clairement défini les rôles et les responsabilités en matière de données
  • 85 % estiment que le niveau de compétence en matière d'IA est « faible » parmi les employés du secteur public
  • 82 % estiment que le niveau est « faible » en termes de maîtrise de l'IA (définie comme des utilisateurs qui comprennent, remettent en question et utilisent stratégiquement l'IA en toute confiance)
  • 52 % n'ont pas utilisé d'outils d'IA au travail, dont 30 % disent qu'ils ne voient pas l'avantage d'utiliser des outils d'IA dans leur travail, 30 % disent qu'ils n'ont pas la formation appropriée ou ne savent pas comment utiliser les outils d'IA, 17 % ne font pas confiance à l'IA et 12 % disent que leur employeur interdit l'utilisation d'outils d'IA
  • 94 % croient que les renseignements personnels des citoyens « doivent être conservés au Canada »
  • 86 % craignent que le public perde confiance dans le gouvernement parce que leurs renseignements personnels sur les citoyens sont stockés à l'extérieur du Canada
  • Neuf personnes sur dix (91 %) affirment qu'à mesure que la mise en œuvre de l'IA s'accélère, elles devront réfléchir à la manière de rendre le stockage des données plus durable, y compris des solutions allant de la hiérarchisation et de l'archivage automatisés des ensembles de données moins fréquemment consultés à des solutions de stockage plus économes en énergie, des algorithmes de compression des données et de déduplication
  • 93 % croient qu'il est urgent de protéger les données et la propriété intellectuelle (PI) canadiennes
  • 85 % estiment qu'il est essentiel que le Canada soutienne la recherche et l'innovation en matière d'IA (écosystème de l'IA) afin de veiller à ce que les entreprises, les innovateurs et les chercheurs puissent entreprendre des recherches novatrices et fournir des solutions d'IA conçues au Canada
  • 80 % estiment qu'il sera essentiel que tous les niveaux de pouvoirs publics investissent dans l'infrastructure d'IA ou incitent le secteur privé à investir dans celle-ci (ex. centres de données, puissance de calcul, capacité infonuagique accrue, acquisition de puces de nouvelle génération, etc.)

L'adoption de l'IA a explosé chez les employés du secteur privé après la mise à disposition d'outils d'IA publics à la fin de 2022, après quoi les entreprises ont rapidement déployé l'IA, selon une vaste étude de KPMG au Canada. Un récent rapport de KPMG International et de l'Université de Melbourne révèle que le Canada a les plus faibles niveaux de formation, de compétence et de confiance dans les systèmes d'IA au monde.

À propos de l'enquête KPMG sur l'IA dans le secteur public

KPMG au Canada a interrogé 349 fonctionnaires fédéraux, provinciaux et municipaux à travers le Canada du 10 juillet au 14 août 2025. Le sondage a été mené en ligne, ciblant des dirigeants et des professionnels de haut niveau des gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux de partout au Canada. La collecte de données comprenait des répondants du panel Asking Canadians de Sago et des clients du secteur public de KPMG. Quarante et un pour cent travaillent pour le gouvernement fédéral, 29 % pour les gouvernements provinciaux, 24 % pour les administrations municipales et les 6 % restants pour les sociétés d'État.

Un mot sur KPMG au Canada

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