Presque la majorité des chefs d'entreprise du Canada (94 %) croient que le logement devrait être la grande priorité du prochain budget fédéral, le qualifiant de plus grand risque pour l'économie, selon un récent sondage de KPMG au Canada.

Ils s'attendent à ce que la crise du logement ralentisse la croissance économique cette année, près de 9 sur 10 (87 %) affirmant que l'augmentation du coût de la vie, attribuable en grande partie au coût du logement, oblige leur organisation à payer davantage pour la main-d'œuvre et nuit à sa capacité d'attirer et de retenir des talents déjà rares.

« Les répercussions du coût élevé du logement et du manque d'offre se font sentir dans l'ensemble de l'économie, affirme Caroline Charest, économiste et associée chez KPMG au Canada, à Montréal. Les nouveaux arrivants et les jeunes Canadiens sont exclus de l'achat et trouvent que les locations sont rares et coûteuses. Ceux qui ont été en mesure d'entrer sur le marché il y a quelques années en raison de la faiblesse record des taux d'intérêt sont aujourd'hui confrontés au risque de se retrouver en situation de défaut de paiement lorsque leurs taux seront réévalués à plus de trois fois ce qu'ils paient actuellement. Tout cela pèse lourdement sur les chefs d'entreprise qui ont de la difficulté à attirer et à conserver du personnel et des talents clés, en particulier dans les régions urbaines qui ont connu les plus fortes augmentations du coût de logement et dans les régions où le logement est rare. »

L'étude révèle que les chefs d'entreprise souhaitent voir davantage de solutions novatrices en matière de logement dans les secteurs public et privé, près de 9 personnes sur 10 (89 %) affirmant qu'une collaboration entre les secteurs public et privé sera nécessaire.

Toutefois, le défi pour les collectivités ne se limite pas au logement, mais englobe l'infrastructure et les services qui seront nécessaires pour soutenir la croissance démographique, affirme Chris Sainsbury, directeur principal, Services-conseils en infrastructure mondiale, et leader, Villes intelligentes de KPMG à Vancouver au Canada.

Les questions centrales sont les suivantes : pour qui construisons-nous des logements, comment seront-ils desservis et comment créer des villes et des collectivités dans lesquelles nous avons tous envie de vivre?, dit-il.

Au-delà de la politique fiscale et du financement, le gouvernement fédéral n'a pas beaucoup de leviers et les gouvernements provinciaux et locaux ont relativement peu d'influence sur les taux réels de construction, ajoute Vivian Chan, associée de KPMG au sein du groupe Services-conseils en infrastructure mondiale à Vancouver.

Il ne suffit pas d'en faire plus et de le faire plus rapidement, affirme Mme Chan. Il faut un nouveau modèle pour offrir des logements, un modèle qui rassemble tous les ordres de gouvernement, les associations sans but lucratif et la communauté du développement. Nous avons l'occasion de repenser et de remodeler la façon dont nos villes et nos collectivités sont bâties. Mais il faut que les gouvernements fassent quelque chose de fondamentalement différent. »

La principale préoccupation des gouvernements locaux est de s'assurer qu'ils ont les ressources nécessaires aujourd'hui, et de façon continue, pour bien concevoir et entretenir une vague de nouveaux logements dont ils ont grand besoin, dit-elle.

La réalité, c'est que la plupart des municipalités n'ont pas la bande passante ou la technologie nécessaire pour franchir les étapes complexes d'accès aux programmes de subventions fédéraux dont elles ont tant besoin, soutient Mme Chan. Il ne s'agit pas seulement du montant d'argent disponible pour démarrer la construction, mais aussi de la fiabilité et de la durabilité de la source de financement de toutes les infrastructures qui seront nécessaires pour appuyer le développement du logement. »

Federal Budget News Release - Housing and economy

Principales conclusions du sondage

• 94 % de 534 chefs de petites et moyennes entreprises disent que le coût élevé de logement et le manque d'offre sont les plus grands risques auxquels fait face l'économie canadienne et devraient constituer la principale priorité du budget fédéral
• 87 % affirment que la hausse du coût de la vie (attribuable en grande partie au coût de logement) oblige leur entreprise à payer davantage pour attirer et retenir les talents
• 87 % prévoient des coûts de main-d'œuvre plus élevés en raison de la concurrence pour les talents, de l'inflation et du coût élevé des logements abordables
• 89 % affirment que la résolution de la crise du logement nécessitera une collaboration entre les secteurs public et privé
• 81 % affirment que le coût élevé et le manque de logements abordables ont nui à leur capacité d'attirer et de maintenir en poste des employés
• 87 % s'attendent à ce que les pressions inflationnistes au Canada persistent jusqu'à ce que la pénurie de logements et les loyers élevés soient réglés
• 84 % affirment que le coût élevé ou le manque de logements abordables constitue une menace ou un risque plus important pour l'économie que l'inflation

Allégement fiscal novateur pour le logement

Un peu plus de huit personnes sur dix (86 %) croient que le gouvernement devrait utiliser le régime d'impôt sur le revenu pour rendre le logement plus abordable, notamment en rendant les intérêts hypothécaires déductibles d'impôt. Par ailleurs, 88 % affirment que le gouvernement fédéral devrait maintenir le taux d'inclusion actuel des gains en capital (50 %), ainsi que l'exonération à vie des gains en capital et l'exemption de résidence principale.

Dans le même ordre d'idées, 85 % des répondants conviennent que le gouvernement doit adopter des mesures fiscales novatrices et remboursables qui allègent le fardeau fiscal des propriétaires actuels confrontés à des renouvellements d'hypothèque, comme mesure de protection contre les défauts de paiement d'hypothèques massifs, comme le compte d'épargne libre d'impôt pour l'achat d'une première propriété pour les Canadiens qui épargnent pour acheter une propriété.

Le gouvernement fédéral, en partenariat avec d'autres ordres de gouvernement, a fait des efforts pour réduire les formalités administratives et encourager la construction, et a mis en place diverses mesures fiscales fédérales liées au logement au cours des dernières années, affirme Brian Ernewein, conseiller principal du Service national de fiscalité de KPMG au Canada. Ces mesures comprennent des changements bénéfiques comme le remboursement de la TPS sur la construction de logements locatifs, ainsi que des mesures de resserrement comme la taxe sur les logements sous-utilisés, la taxe « anti-basculement » et la prolongation de deux ans de l'interdiction imposée aux acheteurs étrangers, soit jusqu'au 1er janvier 2027, et l'interdiction des dépenses déductibles sur les locations à court terme, dit-il.

Notre sondage a révélé un fort soutien du milieu des affaires pour des mesures fiscales novatrices visant à accroître l'offre et la construction de logements et à alléger le fardeau des propriétaires aux prises avec des taux d'intérêt plus élevés et des renouvellements de prêts hypothécaires, déclare M. Ernewein. Bien que nous puissions débattre de la question de savoir si le régime fiscal est le mécanisme le plus efficace pour aider à relever les défis du Canada en matière de logement, les chefs d'entreprise sont clairement d'avis qu'il faut repenser davantage la question et que le gouvernement a un rôle essentiel à jouer. »

En savoir plus sur la façon de rationaliser les processus de gestion des subventions et comment les technologies de la construction peut aider à relever les défis en matière de logement et d'infrastructure.

À propos du sondage de KPMG auprès des entreprises sur le budget fédéral de 2024

KPMG au Canada a sondé 534 entreprises canadiennes du 3 au 27 février 2024, en utilisant la plateforme de recherche en ligne Methodify de Sago. Tous les répondants sont des propriétaires d'entreprise ou des décideurs membres de la haute direction. Parmi les 112 répondants interrogés au Québec, 35 % dirigent des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel brut est de l'ordre de 500 millions à 1 milliard de dollars, 28 % dirigent des entreprises ayant un chiffre d'affaires annuel brut de 300 à 499 millions de dollars, 31 % sont à la tête d'entreprises dont la fourchette du chiffre d'affaires annuel brut est de 100 à 299 millions de dollars, et 7 % entre 10 et 99 millions de dollars. Quatre-vingts pour cent des entreprises sont privées et 20 % sont cotées en bourse. Quarante-cinq pour cent sont des entreprises familiales.

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