La stratégie technologique comme moteur de productivité

Si la plupart des entreprises ont des ressources technologiques suffisantes, les retombées attendues font défaut.

Malgré la hausse des budgets accordés à l’automatisation, à l’intelligence artificielle (IA) et aux plateformes numériques, les gains de productivité demeurent modestes. Nous voyons là une occasion formidable pour les entreprises canadiennes d’optimiser l’adoption des technologies et d’aligner la stratégie technologique sur les perspectives d’affaires.

Examinons d’abord les obstacles potentiels des organisations et trouvons ensuite des solutions concrètes pour les surmonter.

Les investissements dans les technologies sont souvent déconnectés des priorités d’affaires. Les plateformes sont financées et déployées, mais leur potentiel reste sous-exploité (augmenter les revenus, améliorer le service à la clientèle et concentrer les efforts éparpillés). Aussi les systèmes demeurent sous-utilisés et les équipes, insatisfaites.

Évidemment, les infrastructures obsolètes agissent aussi comme un frein. Les données qu’elles contiennent sont difficiles à extraire et à utiliser, voire peu fiables, ce qui empêche l’automatisation et l’IA d’offrir une véritable valeur. Même lorsque les outils adéquats sont en place, ils restent inutilisés parce que les données ne sont pas prêtes ou que peu d’employés savent où les trouver.

La culture de l’inertie représente un autre obstacle. Dans de nombreuses entreprises, les membres du personnel sont réfractaires au changement, les dirigeants hésitent à investir dans de nouvelles idées, et les bonnes solutions se retrouvent piégées dans les méandres de l’approbation. Dans de nombreux cas, la lourdeur administrative et le travail en vase clos empêchent les équipes de concrétiser les idées à fort impact, si bien que, lorsque le feu vire au vert, il est déjà trop tard.

Pour se sortir de l’impasse, les entreprises doivent optimiser la valeur des programmes de transformation dans leur ensemble. En clair, il leur faut rendre la stratégie technologique plus concrète, en phase avec leurs besoins et adaptée aux conditions réelles.

Commencez par vous poser les questions suivantes :

• Nos investissements technologiques résolvent-ils les bons problèmes?
• Notre personnel est-il outillé pour mettre en œuvre les bonnes idées?
• Mesurons-nous ce qui a de l’importance?
• Travaillons-nous sur ce qui compte vraiment?

Les membres de la direction auraient avantage à voir au-delà des outils et à se concentrer sur la façon dont les décisions sont prises, sur la rapidité d’action conférée à leurs équipes et sur la capacité de l’organisation à tirer des leçons du passé et à s’adapter au changement. Une stratégie technologique proche de l’entreprise sur le plan des opérations et de la culture est beaucoup plus susceptible de produire des résultats.

Voici ce que les organisations canadiennes peuvent faire dès maintenant :

• Faites une vérification rapide et ciblée de la maturité technologique.
  Utilisez un cadre simple pour détecter les entraves à vos solutions technologiques. Concentrez-vous sur le flux de données, sur la préparation à l’automatisation et sur les problèmes d’intégration. Vous n’avez pas besoin d’une présentation de plusieurs pages, mais simplement d’une image claire de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.
• Optimisez votre portefeuille de projets en cours.
  Pour chaque projet, demandez-vous « Quel indicateur ce projet va-t-il améliorer? ». Si la réponse n’est pas claire, veillez à interrompre ou à réorienter le projet. Privilégiez les initiatives qui réduisent la saisie manuelle, accélèrent la prise de décision et améliorent l’expérience client.
• Instaurez une culture d’efficacité et poursuivez dans cette voie.
  Les bonnes idées sont peu coûteuses –, leur exécution et leur suivi permettent de réaliser une réelle valeur ajoutée. Récompensez vos équipes pour les idées qui génèrent des gains de productivité.
• Commencez par corriger un obstacle existant.
  Choisissez un système obsolète qui nuit à un processus de grande valeur. Ne cherchez pas à le remplacer, mais plutôt à en extraire les données dont vous avez besoin pour automatiser ou analyser le processus voulu. Les gains rapides créent une dynamique et montrent la valeur de l’harmonisation de la stratégie technologique.
• Formez les gestionnaires à repérer (et à mettre en œuvre) les occasions d’automatisation.
  La plupart des gains de productivité viennent des connaissances des acteurs de première ligne. Cherchez à fournir à vos dirigeants des outils simples pour cerner les tâches répétitives et en faire part aux équipes responsables de l’automatisation. Mieux encore, intégrez cette information aux indicateurs clés de performance (ICP).
• Créez une « voie rapide » pour les idées à fort impact.
  Mettez en place une petite équipe interfonctionnelle pour approuver et mettre en œuvre des solutions technologiques en 30 jours ou moins. Accordez-leur un budget et donnez-leur le mandat de simplifier les formalités administratives. Sans outrepasser la gouvernance, il s’agit d’accélérer la prise de décisions qui ont déjà du sens.

Évitez les pièges courants qui bloquent les gains de productivité :

• Ne criez pas victoire trop vite à l’annonce d’une idée.
• Ne lancez pas un autre programme de transformation numérique sans d’abord régler les problèmes de base.
• N’investissez pas dans l’IA si vos données sont encore en vase clos ou ne sont pas structurées.
• Ne présumez pas que vos équipes savent comment utiliser les outils que vous avez déjà achetés.
• N’attendez pas que tout soit parfaitement en place; commencez par une action concrète et construisez à partir de là.
• Ne laissez pas la gouvernance freiner les idées qui ont du sens.

Si votre stratégie technologique ne vous donne pas les gains de productivité escomptés, il est peut-être temps de revoir la façon de prendre des décisions et la rapidité d’action dont disposent les équipes. Vous pourriez aussi vérifier si votre modèle d’exploitation appuie réellement l’innovation.

Pour se démarquer, les organisations doivent aligner leur stratégie technologique sur leurs objectifs d’affaires, éliminer les freins à la prise de décision et instaurer une culture axée sur l’apprentissage et l’adaptation.