Des conseils pour votre conseil?

De nombreux entrepreneurs et propriétaires d’entreprises familiales possèdent des compétences et des talents exceptionnels. En outre, ceux qui œuvrent pour rendre le monde meilleur s’adaptent à l’adversité, repèrent les nouvelles occasions et mettent en œuvre des stratégies innovantes.Mais qui aide les entrepreneurs et les propriétaires à concrétiser de leur vision à long terme? Même les personnes les plus compétentes et talentueuses ont besoin d’un système de soutien, et, de nos jours, dans le contexte commercial qui évolue rapidement, un conseil peut s’acquitter de cette responsabilité.

Un conseil constitué adéquatement joue un rôle important au sein de l’entreprise familiale; en effet, il fournit des recommandations et assure une surveillance en fonction des intérêts de toutes les parties prenantes. La mise sur pied d’un conseil solide et efficace peut aider ces derniers à :

• relever les défis les plus ardus
• gérer le plan de relève
• assurer la réussite à long terme de l’entreprise.

Dans ce billet et ceux qui suivront, je vous présenterai les éléments essentiels à prendre en considération afin de vous assurer que lorsque le moment d’établir un conseil pour votre entreprise familiale viendra, vous franchirez chaque étape en toute confiance.

Avant tout, il faut reconnaître que les conseils d’entreprises familiales diffèrent de ceux des sociétés cotées en bourse, qui ont tendance à se concentrer sur l’augmentation de la valeur pour les actionnaires. Un conseil d’entreprise familiale doit se doter d’un modèle de gouvernance qui tient compte de l’interrelation complexe de la propriété, de l’entreprise ainsi que de la famille, et qui tend également à mettre l’accent sur la continuité à long terme.

En outre, le conseil d’une entreprise familiale se compose souvent d’une combinaison de dirigeants de cette dernière, de membres de la famille (propriétaires et non-propriétaires) et d’experts indépendants. Puisqu’il arrive que certains membres du conseil assument différents rôles (p. ex., un membre de la famille qui est aussi chef de la direction), les experts indépendants, qui n’ont aucun lien avec la famille ou l’entreprise, assurent une objectivité.

Lorsqu’ils envisagent la création d’un conseil, les propriétaires doivent d’abord décider de sa nature : ils peuvent constituer un conseil consultatif ou un conseil d’administration. Un conseil consultatif est une entité sans droit de vote qui peut fournir une contribution indépendante sans assumer d’obligations fiduciaires, tandis qu’un conseil d’administration dispose de responsabilités juridiques et fiduciaires à l’égard de l’entreprise.Bien que chacun présente des avantages, la maturité de l’entreprise familiale influe souvent sur le type de conseil que les propriétaires se sentent à l’aise de mettre sur pied. Par exemple, les petites et moyennes entreprises qui commencent à structurer leurs processus de gouvernance peuvent avoir un penchant pour les conseils consultatifs.

Une préoccupation couramment soulevée lorsque je m’entretiens avec des clients provenant d’entreprises familiales constitue le niveau de pouvoir et de contrôle d’un conseil. Ces clients s’inquiètent souvent de devoir renoncer au contrôle de l’entreprise.Toutefois, ce n’est pas le cas. Les propriétaires disposeront toujours du pouvoir de révoquer les membres du conseil qui n’agissent pas selon les intérêts de l’entreprise ou qui affichent constamment un faible rendement.

La taille représente une autre préoccupation. De nombreux propriétaires croient que leur entreprise est trop petite pour un conseil. Je leur recommande alors de tenir compte des événements qui se profilent à l’horizon plutôt que l’envergure actuelle de l’entreprise. Si une relève de la direction ou d’autres importantes transitions sont prévues dans les cinq prochaines années, un conseil efficace peut s’avérer essentiel pour aider l’entreprise familiale à s’y adapter et à prospérer.

Des recherches indiquent que de telles transitions sont effectivement à venir pour de nombreuses entreprises familiales. Dans le cadre du sondage de KPMG Entreprises privées de 2023, 73 % des dirigeants d’entreprises familiales canadiennes interrogés ont indiqué s’attendre à une transition vers un nouveau leadership d’ici trois à cinq ans. Le sondage a également révélé qu’un pourcentage élevé de dirigeants d’entreprise familiale (71 %) estiment que la prochaine génération n’est pas prête à prendre les devants.

C’est ici qu’entre en scène le conseil qui, en plus d’aider les entreprises familiales à composer avec des transitions, peut jouer un rôle déterminant dans leur succès, notamment en ce qui concerne les éléments suivants :

• Gestion de la succession de la direction : le conseil peut diriger le processus de sélection du successeur et offrir des occasions de perfectionnement.
• Mentorat du nouveau chef de la direction : le conseil peut faciliter la transition du chef de la direction en l’aidant à acquérir des connaissances spécialisées et à combler le manque d’expérience. De plus, si les propriétaires souhaitent nommer un chef de la direction qui n’est pas un membre de la famille, le conseil peut jouer un rôle déterminant dans le processus de recrutement.
• Atténuation des conflits potentiels : le conseil peut contribuer à l’arbitrage des différends qui découlent des liens émotionnels étroits entre les membres de la famille et l’entreprise. Le conseil assume la responsabilité des décisions qui ont une incidence sur la dynamique familiale et suscitent une réponse émotionnelle de la part des personnes touchées (notamment en ce qui a trait à la rémunération des membres de la famille, à la gestion du rendement de ces derniers et aux politiques en matière de dividendes).
• Responsabilisation : le conseil cherchera à concilier les intérêts de la famille et ceux de l’entreprise, et soutiendra l’équipe de direction en cas de périodes difficiles. Le conseil peut également accroître la responsabilité des propriétaires et des dirigeants en matière de mesure du rendement (p. ex., demander des rapports trimestriels pour suivre la mise en œuvre d’un plan stratégique et les progrès par rapport aux indicateurs clés de performance).
• Établissement de la confiance : le conseil peut contribuer aux efforts d’innovation en mettant ses connaissances et son savoir-faire au service des dirigeants et des propriétaires. Il est en mesure d’offrir à ces derniers des conseils relativement à la pertinence de nouvelles idées (acquisitions, développement de nouveaux produits, expansion dans de nouveaux marchés, etc.) en ce qui concerne la stratégie d’entreprise.

La mise sur pied d’un conseil comporte plusieurs étapes et chacune d’entre elles est essentielle pour donner une solide fondation à votre entreprise familiale. Soyez à l’affût : dans nos prochains billets, nous explorerons les rôles et les responsabilités de chaque membre du conseil, les premières étapes de la formation de celui-ci et, enfin et surtout, les signes révélateurs qu’il est grand temps d’en établir un.