Les entreprises se sont beaucoup employées à réduire leurs émissions de carbone. La décarbonation des opérations et des chaînes d'approvisionnement demeure indispensable à une durabilité accrue, mais elle ne suffit pas à réduire les risques et à renforcer la résilience.
« C'est ce que j'appelle avoir une vision étroite du carbone, affirme Roopa Davé, associée et leader nationale, Risques climatiques chez KPMG au Canada. Ne pas considérer le climat et la biodiversité en même temps, c'est sous-estimer les risques ».
Selon elle, les deux sont interreliés et c'est pourquoi il est essentiel d'adopter une approche globale d'atténuation des risques liés à la nature.
Le concept de la nature repose sur les terres, les océans, l'eau douce et l'atmosphère, ainsi que sur les organismes vivants qui s'y trouvent. La biodiversité se compose de toutes les formes de vie sur Terre, ou d'un habitat ou d'un écosystème particulier. Le capital naturel comprend toute ressource renouvelable et non renouvelable.
Selon un rapport de KPMG de 2024, 92 % des chefs d'entreprise canadiens sont préoccupés par les phénomènes météorologiques extrêmes qui pourraient avoir une incidence sur les finances, les activités et les services de leur entreprise.
Les événements météorologiques extrêmes peuvent également menacer la biodiversité et le capital naturel. Selon les Nations Unies, la biodiversité constitue à son tour la meilleure défense naturelle contre le réchauffement climatique, puisque nos forêts, nos tourbières et nos habitats océaniques sont des puits de carbone qui retiennent le dioxyde de carbone de l'atmosphère.
En outre, la nature peut nous défendre contre d'autres effets des changements climatiques. Les milieux humides sont des « infrastructures vertes » qui préviennent la sécheresse, certains écosystèmes côtiers servent de protection contre les inondations et la végétation appropriée peut contribuer à stabiliser le sol et à prévenir les glissements de terrain et l'érosion.
Les écosystèmes dégradés peuvent poser des risques financiers importants pour de nombreuses entreprises. Selon le Bureau d'assurance du Canada, 2024 a été l'année la plus coûteuse de l'histoire du Canada pour les assureurs, avec des pertes de 8,5 milliards de dollars attribuables aux événements météorologiques extrêmes. Ce chiffre représente près de trois fois les pertes assurées en 2023 et 12 fois la moyenne annuelle de 2001 à 2010. Les chiffres ne reflètent pas non plus les dommages non assurés importants – une autre raison pour laquelle la compréhension des risques liés au climat et à la biodiversité est essentielle pour les entreprises.
Cartographier l'éventail des risques
Pour élargir les actions climatiques des entreprises et atténuer leurs risques, il faut d'abord définir et cartographier l'étendue de ceux-ci. Le Groupe de travail sur la publication d'informations financières relatives à la nature a élaboré des directives pour aider les entreprises à évaluer leurs dépendances, leurs répercussions, leurs risques et leurs occasions liés à la nature, à en rendre compte et à y donner suite.
La pérennisation des opérations commerciales implique la compréhension de l'exposition totale aux risques liés à la biodiversité, de l'augmentation des coûts des intrants à la gestion des catastrophes.
Dans des secteurs tels que les mines, la sylviculture et l'agriculture, une mauvaise gestion de la biodiversité et du capital naturel peut entraîner une diminution du rendement des produits ou des retards, une réduction des approvisionnements et des fluctuations de prix. Toutefois, n'importe quel secteur peut être à risque. Agir plus tôt réduit les vulnérabilités et aide les organisations à demeurer plus résilientes.
La biodiversité devient de plus en plus un enjeu réglementaire. Lors de la conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP16) à Cali, en Colombie, l'automne dernier, des objectifs pour les pays ont été fixés afin d'enrayer la perte de biodiversité d'ici 2030. Le Cadre mondial de la biodiversité a été finalisé lors de la COP15 à Montréal en 2022.
L'Union européenne et le Royaume-Uni, entre autres, mettent en place des règlements sur la biodiversité pour les sociétés.
En s'alignant sur les cadres actuels et émergents, les entreprises peuvent se préparer à la conformité à la réglementation future et être en meilleure position pour renforcer la résilience de la nature afin d'améliorer la durabilité. Une approche proactive peut améliorer l'atténuation des risques climatiques, attirer des investissements et ouvrir de nouveaux flux de rentrées.
En Amérique du Nord, toutefois, le climat politique pourrait entraîner une réduction de l'attention portée aux initiatives environnementales, sociales et de gouvernance, affirme Josh Hasdell, directeur principal au sein du groupe Enjeux ESG de KPMG au Canada.
« Pour de nombreuses organisations, la compréhension des impacts sur la biodiversité est un nouvel impératif. L'objectif est d'améliorer la planification des activités. Les entreprises cherchent à obtenir du soutien et des données probantes pour intégrer la biodiversité dans leurs cadres de gestion des risques d'entreprise. Elles cherchent à comprendre ces risques en même temps que leurs risques climatiques et commerciaux. »
Selon M. Hasdell, le fait de bien cerner la question aide les dirigeants d'entreprise à déterminer dans quelle mesure leurs activités dépendent du capital naturel. Par exemple, les milieux humides peuvent servir de zone tampon en cas de feux de forêt ou limiter les répercussions de la sécheresse sur les ressources naturelles telles que les cultures essentielles. « Les entreprises doivent protéger ces actifs comme elles le feraient pour n'importe quel autre élément de la chaîne d'approvisionnement. »
Le PIB dépend de la nature
Environ la moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature. Au Canada, les ressources naturelles représentent directement et indirectement plus de 19 % de notre PIB nominal. Les vastes régions côtières du Canada sont des habitats naturels résilients et importants pour la protection contre les inondations, la séquestration du carbone, les habitats de la faune et d'autres facteurs de résilience environnementale et sociale.
L'organisme Conservation de la nature Canada collabore de plus en plus avec des assureurs, des institutions financières et d'autres grandes sociétés pour assurer la protection des milieux humides, des zones côtières, des prairies et des forêts. « Ces [protections] profitent non seulement aux communautés, mais aussi aux entreprises », explique Andrew Holland, directeur national des relations avec les médias de l'organisme.
Il explique que le maintien de la biodiversité par la préservation des terres renforce la résilience des forêts face aux feux, de sorte que les paysages sont plus résistants aux glissements de terrain dus aux fortes pluies. « Lorsque des inondations et des feux de forêt causent des fermetures de routes, les entreprises ne peuvent pas fonctionner », déclare M. Holland.
Il ne faut pas oublier que de graves inondations en Colombie ont perturbé la logistique des événements de la COP16. Cela n'a fait que mettre en évidence la façon dont les entreprises doivent gérer les risques liés au climat et à la biodiversité avant qu'ils ne deviennent des menaces encore plus urgentes pour leurs activités et leurs perspectives à long terme.
Lorsque les entreprises recueillent des données internes et externes pour évaluer ces risques, elles devraient les intégrer pleinement à leurs plans de gestion du risque d'entreprise, affirme Mme Davé. Cela signifie aller au-delà des actions à la pièce pour obtenir un portrait complet des interactions entre le climat, la nature et la biodiversité et de leur incidence sur leurs activités.
« Ne pas tenir compte de la biodiversité dans la planification des activités et la gestion des risques peut rendre la mobilisation des capitaux plus difficile, dit-elle. Les investisseurs examinent de plus en plus les plans climatiques du point de vue de la biodiversité. »
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