Nos économies, nos moyens de subsistance et notre bien-être dépendent tous de la nature,1 dont la contribution à l’économie mondiale est estimée à 125 billions de dollars américains par année.2 D’ailleurs, plus de 50 % du PIB mondial (44 billions de dollars américains) dépend modérément ou fortement de la nature et de ses services.3 Au Canada, notre économie repose principalement sur la richesse de nos abondantes ressources naturelles, tant terrestres que côtières.
Pour fonctionner, chaque secteur dépend d’un approvisionnement en ressources naturelles biodiversifiées; toutefois, les pratiques commerciales entraînent leur détérioration rapide et croissante. Du fait des modes de production et de consommation non durables, ainsi que de la surexploitation, les entreprises épuisent les ressources mêmes dont elles dépendent pour fonctionner. Aucun secteur n’est à l’abri.
Par exemple, une sécheresse causée par les changements climatiques peut entraîner des répercussions sur toute la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques : la réduction du niveau d’eau peut avoir une incidence sur l’exploitation minière et le traitement des minéraux, ainsi que la fabrication des micropuces et des batteries au lithium-ion. De même, les sécheresses limitent l’eau disponible pour la production hydroélectrique propre nécessaire à la recharge des voitures électriques. Enfin, en ce qui concerne les consommateurs, une diminution du nombre de véhicules électriques fabriqués se traduira par une augmentation du prix des véhicules électriques sur le marché, ce qui pourrait limiter leur adoption et freiner la réduction des émissions provenant des transports.
Qu’est-ce que le capital naturel et la biodiversité?
Le capital naturel désigne l’air, l’eau, le sol et toutes les formes vivantes de flore et de faune sur Terre. La biodiversité se rapporte à la richesse et à la variété de ces ressources et de ces espèces.Nous comptons sur des espaces naturels prospères et biodiversifiés pour fournir les ressources essentielles à la base de tout ce que nous faisons.
Le climat et la biodiversité sont profondément interconnectés
Les changements climatiques sont actuellement responsables de 11 à 16 % de la perte de biodiversité, et cette tendance est susceptible d’augmenter.4 La perte de nature et les changements climatiques sont des enjeux interreliés qui s’aggravent mutuellement et doivent être traités en parallèle. Pour les entreprises, les changements climatiques peuvent avoir des répercussions importantes sur les chaînes d’approvisionnement et sur la biodiversité au sein des écosystèmes dans lesquels les sociétés exercent leurs activités et sur lesquels elles s’appuient. Ces changements peuvent avoir une incidence considérable sur le capital naturel d’une organisation, sur sa durabilité, ainsi que sur les consommateurs, ultimement, par le biais d’une augmentation des prix en aval.
Jusqu’à présent, la plupart des entreprises qui cherchent à améliorer l’incidence environnementale de leurs activités se sont concentrées sur la réduction des émissions et la lutte contre les changements climatiques, mais elles doivent aussi mettre l’accent sur la prévention de la perte de biodiversité et la préservation du capital naturel dans leurs plans.
Nouvelles informations financières à fournir bientôt
Le Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures ou « TNFD »), sur la base du modèle élaboré par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (« GIFCC ») et avec l’aval des ministres des Finances du G7, recommande que de nouvelles informations soient fournies à compter d’un peu plus tard en 2023 afin d’appréhender les risques liés à la nature. Les comités d’audit voudront s’assurer que la direction se tient au fait des nouvelles exigences réglementaires, pratiques exemplaires et connaissances liées au climat et à la nature, et que les processus appropriés sont mis en place en vue de fournir des informations conformes.
Et bien que les autorités de réglementation soient susceptibles d’exiger l’adoption de directives alignées de manière similaire sur le TNFD et le GIFCC, les entreprises doivent être conscientes que l’harmonisation aux exigences de présentation de l’information relative à la biodiversité s’annonce beaucoup plus compliquée. En effet, contrairement au capital naturel et à la biodiversité, le climat est assorti de mesures universelles précises comme la carboneutralité ou les seuils d’émission qui permettent aux entreprises de mesurer leurs progrès. De plus, comme la biodiversité ne comporte actuellement pas d’équivalent aux crédits compensatoires d’émissions de carbone, les organisations qui comptent sur ces crédits pour atteindre leurs objectifs climatiques devront penser très différemment.
Le rôle des comités d’audit
Les conseils d’administration et les comités d’audit devraient inciter la direction à évaluer les risques et les occasions liés à la biodiversité à l’échelle de l’organisation, y compris les répercussions sur les placements, la comptabilité et les évaluations. Pour évaluer efficacement les risques et les occasions, les organisations devront s’appuyer sur une expertise qui existe peut-être déjà au sein de l’organisation. L’évaluation des risques devrait tenir compte de deux éléments significatifs, soit l’incidence de la société sur le capital naturel et de sa dépendance à cet égard.
Une fois qu’une organisation a une idée des occasions, des répercussions et des risques en matière de biodiversité inhérents à ses activités, elle peut commencer à intégrer ces considérations dans la prise de décisions au niveau des projets et de l’entreprise, ainsi que dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement. Pour que ce processus soit efficace, il est important que les organisations procèdent à une évaluation des talents, en tenant compte des connaissances et de l’expertise manquantes. Les personnes qui sont aux commandes possèdent-elles une compréhension intégrée du climat, des émissions, de la biodiversité et des répercussions connexes en matière de droits de la personne? Les plans d’action devraient être justes et axés sur la communauté. Voyez comment vous pouvez apprendre des peuples autochtones et intégrer leurs points de vue quant à l’établissement d’une relation durable avec la nature.
Il est également important de faire le point sur les changements réglementaires ailleurs dans le monde. Si votre organisation ne connaît pas encore le TNFD, il est temps d’y porter attention. Bien que la fourniture d’informations financières soit volontaire à l’heure actuelle, des indicateurs montrent clairement que cette situation changera probablement (p. ex., la tendance à normaliser la présentation de l’information en matière d’ESG – Initiatives de la SEC et de l’IASB en matière de présentation de l’information).
Stratégies favorables à la nature : quelles sont les occasions?
Les entreprises devraient chercher à adopter une approche à faible émission de carbone et favorable à la nature en matière de résilience aux changements climatiques. Cela signifie qu’elles doivent tenir pleinement compte de la biodiversité lors de l’élaboration de plans de décarbonisation et de lutte contre les changements climatiques. En adoptant une approche globale favorable à la nature pour respecter leurs obligations au niveau climatique, les organisations seront bien préparées à se conformer non seulement à la réglementation future, mais aussi à la demande croissante des parties prenantes relativement à une présentation de l’information en matière d’ESG plus transparente et plus rigoureuse. Cette approche leur permettra aussi d’adapter leurs activités et leur capital pour l’avenir, tout en révélant des occasions d’affaires au passage.
- L’élaboration de solutions fondées sur la nature représente une nouvelle occasion économique émergente; cette économie pourrait produire une valeur commerciale annuelle supérieure à 10 billions de dollars d’ici 2030 et générer 395 millions d’emplois.5
- Les entreprises qui veillent à contrer la perte de biodiversité gagneront en résilience et connaîtront une croissance économique du fait des nouvelles occasions d’attirer de nouveaux investissements qui s’ouvriront à elles, même celles provenant de secteurs existants. Par exemple, selon le World Economic Forum (« WEF »), les entreprises agricoles et de production alimentaire pourraient toucher 4,5 billions de dollars annuellement grâce à de nouvelles occasions d’affaires, seulement au titre de la protection de la biodiversité.6
- Les entreprises verront leur réputation et leur image de marque gagner en prestige, et les pionnières bénéficieront probablement de la plus grande notoriété auprès des consommateurs.
- Les entreprises qui mettent en place des pratiques de protection de la biodiversité pourraient avoir une longueur d’avance et contribuer à façonner la réglementation en matière de biodiversité à venir.
1 The Economics of Biodiversity: The Dasgupta Review – Headline Messages, (February 2021), pg. 1
2 Costanza, R., De Groot, R., Sutton, P., Van der Ploeg, S., Anderson, S. J., Kubiszewski, I.,& Turner, R. K. (2014). Changes in the global value of ecosystem services. Global environmental change, 26, 152-158
3 The New Nature Economy Report, World Economic Forum, July 14, 2020
4 The New Nature Economy Report
5 New Nature Economy Report II: The Future of Nature and Business, World Economic Forum, July 14, 2020
6 Five ways biodiversity matters to jobs, health and the economy, World Economic Forum, May 21, 2021
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