L’intensification des fusions et acquisitions dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense dont nous avons été témoins l’an dernier s’est affaiblie au cours du premier semestre de 2022, dans un contexte d’incertitude géopolitique et macroéconomique croissante, de forte hausse des taux d’intérêt et d’une surveillance réglementaire accrue des transactions d’envergure.

Selon un récent rapport sur les fusions et acquisitions dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense publié par KPMG International, le nombre de transactions effectuées au premier semestre de l’année a baissé à un taux annualisé d’environ 19 % inférieur à celui de l’ensemble de l’année 2021.1

Cette baisse des transactions se poursuivra-t-elle alors que le coût de l’argent reste élevé?

C’est tout à fait possible, mais nous prévoyons toutefois que de nombreuses transactions plus modestes axées sur la technologie dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense seront conclues au cours des prochains mois, car les fabricants d’équipements d’origine cherchent à combler les lacunes de leurs offres stratégiques de produits et de services et à renforcer leurs capacités.

À ce jour, les activités de transaction se sont concentrées essentiellement sur les entreprises spécialisées dans les véhicules aériens sans pilote (environ 20 transactions au cours des 18 derniers mois), la surveillance, les technologies de brouillage, les communications, l’identification et la cybersécurité.

Par ailleurs, comme les gouvernements des pays démocratiques encouragent les sociétés de l’aérospatiale et de la défense à s’implanter à proximité de leur écosystème de chaîne d’approvisionnement, il est probable que d’intéressantes occasions de fusions et acquisitions se présenteront au pays et à l’étranger, particulièrement parmi les fournisseurs de catégorie 2 et 3. Dans le cas des transactions de plus grande envergure, les gouvernements exercent une surveillance accrue, en mettant l’accent sur la protection des intérêts de sécurité nationale. Cette surveillance accrue a été observée particulièrement aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, et pourrait également être exercée au Canada en vertu de la Loi sur Investissement Canada et des règlements connexes.

Dans le secteur de l’aérospatiale civile, les fournisseurs de catégorie 2 et 3 qui sont toujours en proie à des difficultés financières considérables sont susceptibles de se tourner vers une entreprise de catégorie 1 ou 2 pour les secourir par le biais d’une acquisition. Plusieurs fabricants d’équipement d’origine ont déjà apporté leur soutien à des fournisseurs en difficulté financière pendant la pandémie.

Sortir des sentiers battus

Les fusions et acquisitions ne sont pas le seul moyen d’accroître les capacités technologiques. Il existe également des occasions de tisser des liens avec des entreprises de technologie en démarrage. Les sociétés du secteur de l’aérospatiale et de la défense misent de plus en plus sur les partenariats, les coentreprises et les alliances pour répartir les risques et tirer parti des technologies partagées.

Historiquement, le cycle de vie d’un produit est de 20 ans. Toutefois, étant donné les progrès technologiques et les objectifs de réduction des émissions de carbone propres à chaque pays, il est de moins en moins certain que le passé sera garant de l’avenir. Les entreprises du secteur de l’aérospatiale et de la défense doivent donc impérativement sortir des sentiers battus pour trouver des moyens de réduire leur exposition et de couvrir leurs arrières.

Par exemple, des coentreprises émergent déjà pour développer des batteries pour la mobilité aérienne urbaine et les avions électriques. Des fabricants de moteurs aéronautiques font équipe avec les fabricants d’équipement d’origine pour l’électrification des systèmes d’aéronefs et de moteurs et les technologies de propulsion avancées, et s’associent avec des entreprises du secteur de l’énergie pour trouver des solutions plus durables en matière de carburant pour l’aviation.

La course au développement de systèmes de propulsion durables est bien engagée.
Dans le nouveau rapport Target True Zero du Forum économique mondial, l’électrification au moyen des batteries, des piles à combustible à hydrogène et de la combustion d’hydrogène à l’aide de turbines à gaz ont été identifiées comme les trois technologies de propulsion alternatives potentielles les plus à même de réduire l’impact climatique du secteur de l’aviation.2

Étant donné la pression croissante en faveur de la réduction de l’impact climatique du secteur de l’aviation, la durabilité dans le secteur de la défense et la transition vers la carboneutralité ont été des thèmes clés du salon aéronautique international de Farnborough de cette année. La durabilité alimentera les partenariats futurs, car aucun acteur du secteur de l’aérospatiale et de la défense ne peut à lui seul parvenir à la carboneutralité. Parmi les autres thèmes clés du salon de Farnborough, mentionnons la fabrication intelligente et l’« hyper-scaling » dans le secteur pour accélérer le changement.

Les cabinets de capital-investissement sont souvent les catalyseurs de ce genre d’opérations qui façonneront l’avenir du secteur.

Aux États-Unis, pays qui représente la part du lion des fusions et acquisitions dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense à l’échelle mondiale, la valeur des transactions liées au capital-investissement s’est établie à 19,3 milliards de dollars américains au cours de la période de 18 mois terminée le 30 juin, tandis que les transactions conclues avec des sociétés d’acquisition à vocation spécifique (SPAC) sont pratiquement au point mort, en partie à cause de la surveillance réglementaire et de la récente déroute des marchés boursiers.3

Les sociétés d’acquisition à vocation spécifique, aussi appelées « blank cheque deals », sont des sociétés à actif nominal mises sur pied par des investisseurs pour recueillir des fonds dans le cadre d’un appel public à l’épargne dans le but d’acheter une entreprise privée.[iv] Ce genre d’opération est limité dans le temps et, si le délai n’est pas respecté, la société d’acquisition à vocation spécifique est liquidée et l’argent est rendu aux investisseurs.

L’année dernière aux États-Unis, les sociétés d’acquisition à vocation spécifique ont été un moyen important pour les entreprises spatiales émergentes de mobiliser des capitaux. Toutefois, si le sous-secteur spatial est appelé à se développer plus rapidement, il devra peut-être suivre la voie plus conventionnelle des premiers appels publics aux épargnes (PAPE).

Les changements ouvrent la porte aux occasions

Les nombreux changements, petits et grands, qui se sont produits au cours des dernières années se feront sans aucun doute sentir dans le secteur pendant un certain temps encore. Bien que difficile, le contexte comporte aussi des occasions de faire des affaires, pourvu que vous puissiez faire preuve de résilience, d’agilité et de souplesse.

Ces trois qualités ont depuis toujours caractérisé les négociateurs et n’ont jamais été plus utiles ou plus nécessaires qu’elles ne le sont aujourd’hui. L’économie mondiale est de plus en plus fragmentée, et les constructeurs devront s’adapter.Les fusions et acquisitions sont une manière de prendre une longueur d’avance.

1 “Mergers & Acquisitions help transform Aerospace & Defence”, KPMG International, June 2022
2 “Target True Zero: Unlocking Sustainable Battery and Hydrogen-Powered Flight,” The World Economic Forum, July 19, 2022
3 “Mergers & Acquisitions help transform Aerospace & Defence”, KPMG International, June 2022
4 Bailey Lipschultz, “Wave of SPAC Deals Canceled in Latest Blow to Stumbling Industry”, Bloomberg News, July 1, 2022

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