Depuis quelques années, le marché connaît de nombreuses consolidations, et je ne m’attends pas à ce que le rythme de cette activité ralentisse de sitôt. Après tout, les propriétaires d’entreprises discutent réellement entre eux. Il n’est donc pas surprenant qu’après la vente d’une entreprise à un prix se situant au haut de la fourchette, d’autres propriétaires emboîtent le pas.
Lorsque des propriétaires d’entreprise communiquent avec moi au sujet d’une vente potentielle, j’amorce habituellement la conversation avec un sujet que j’appelle la « tête » de la transaction. Il s’agit d’une exploration approfondie des répercussions de la transaction sur le contrôle diligent, les finances, la fiscalité et les autres aspects juridiques pour déterminer si un désinvestissement est envisageable. Dans l’affirmative, tous les efforts à déployer seront orientés vers l’optimisation de la valeur tirée de la vente.
Il s’agit d’un processus détaillé, technique et spécialisé. En tant que professionnels en fiscalité, mes collègues de l’équipe Financement des entreprises et moi sommes prêts à tout mettre en œuvre pour en assurer la réussite.
Soyons honnêtes : si vous possédez une entreprise, vous avez sûrement consacré de nombreuses années à son développement et à sa réussite. Cette facette de l’entrepreneuriat vous est familière. La vente de celle-ci, toutefois, représente un domaine inexploré. Il n’y a pas de personnel à gérer ni de clients à servir. En outre, peut-être qu’une vente signifie une certaine perte pour votre patrimoine familial, et la valeur que vous aurez créée au sein de votre entreprise se transformera en une importante somme d’argent.
Si vous considérez la vente de votre entreprise, c’est que vous avez traversé de nombreux questionnements stratégiques, commerciaux, financiers et émotifs. Comment votre famille et vous gérerez-vous cette soudaine abondance de liquidités? Votre famille demeurera-t-elle unie sans l’entreprise et le patrimoine qu’elle représentait? Quelles seront vos prochaines étapes après la vente?
En d’autres mots, il n’y a pas que la vente qui importe, mais aussi ce que la famille devra traverser à l’issue de celle-ci.
Le cœur de la transaction est, selon moi, ce qui se passe au sein de la famille et ce qui est effectué pour cette dernière tout au long du processus de désinvestissement. Maîtriser les éléments liés à la dynamique familiale en plus de tous les aspects juridiques, financiers et fiscaux s’avère une tâche complexe.
Droit au cœur
J’ai eu la chance d’assister à d’importantes discussions familiales relativement à des décisions prises avant, pendant et après des transactions.
La plupart de ces conversations vont au-delà du contrôle diligent et des décisions juridiques et financières, les sujets auxquels l’on s’attend. L’incidence émotionnelle et psychologique de certaines décisions sur les objectifs de membres de la famille et sur les relations entre eux y est également abordée.
Voici un exemple tiré d’une expérience que j’ai récemment vécue avec un actionnaire principal qui se préparait pour la vente de son entreprise. Celle-ci comprend des actifs immobiliers de grande valeur, mais la famille de ce dernier insiste sur le fait qu’ils doivent demeurer intouchables. Ces actifs ne seront pas, et ne peuvent pas être inclus dans la transaction.L’actionnaire m’a alors expliqué que ses parents avaient fondé l’entreprise grâce à ces actifs, et que ce patrimoine représentait le cœur de la famille.
Des décisions comme celle d’exclure ces actifs de la transaction peuvent sembler illogiques, mais elles révèlent ce qui importe vraiment aux yeux des propriétaires. Si vous vendez votre entreprise, comment gérerez-vous les liens émotionnels qu’entretenaient les membres de votre famille avec celle-ci, et qui ont contribué à maintenir l’harmonie entre vous et les autres membres?Que ferez-vous si l’un ou plusieurs des membres de la famille refusent de vendre l’entreprise? Selon vous, quelles pourraient être les répercussions sur vos relations familiales? Est-il possible pour certains de conserver certains actifs et de continuer à jouer un rôle au sein de l’entreprise? Comment ces liquidités nouvellement disponibles seront-elles gérées et divisées, le cas échéant?
En ce qui me concerne, comprendre le fonctionnement de l’entreprise et les objectifs personnels du propriétaire et de sa famille est toujours la première étape d’un bon plan de désinvestissement.
Tous ensemble maintenant
Comme l’a mentionné ma collègue Nicole Osolinsky dans son billet de blogue sur la longévité de l’entreprise familiale, les nouvelles liquidités provenant de la vente d’une entreprise ou d’un héritage important entraînent souvent toute une gamme de défis en matière de gestion et de protection du patrimoine familial. Lors d’une conversation que nous avons eue récemment, Nicole a soulevé un excellent point : « Lorsqu’une entreprise est vendue, l’intendance prend une nouvelle forme au sein des familles entreprenantes. Même si leur avoir net demeure le même après la vente, les familles qui doivent soudainement gérer des liquidités plutôt que des actifs se retrouvent dans un état psychologique et émotionnel très différent. Il est donc important de les préparer à cette réalité dès l’étape de la planification de la vente. De plus, il est essentiel d’aborder les préoccupations des membres de la famille et de répondre à leurs questions tout au long du processus de vente afin de les préparer également à la vie post-transaction. »
Je suis entièrement d’accord. Aider à gérer et à protéger le patrimoine d’une famille après la vente de son entreprise fait partie du rôle naturel des bureaux de gestion familiale. Au sein du Bureau de gestion familiale de KPMG, j’ai la chance de travailler avec des collègues comme Nicole, qui n’attendent pas que la transaction soit terminée pour prendre des mesures. Ils répondent aux questions et aux préoccupations des membres de nombreuses familles tout au long du processus de désinvestissement.
Dans cette optique, j’explore d’autres moyens d’intégrer la réflexion et les capacités des bureaux de gestion familiale dans la planification des désinvestissements.Il me semble tout simplement logique d’aborder les priorités, les objectifs et les préoccupations des familles dès le départ, plutôt que de traiter ces éléments comme une réflexion après coup, une fois la transaction terminée.
Êtes-vous d’accord? N’hésitez pas à me faire part de votre opinion relativement à l’importance de maîtriser les éléments liés non seulement à la tête de la transaction, mais aussi à son cœur.
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