Il était encourageant de voir que les enjeux ESG ont eu la préséance lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (FEM) de 2023 à Davos, en Suisse. Même si le sujet n’était pas toujours mentionné, l’ordre du jour et les discussions qui ont suivi indiquent clairement que les organisateurs et les parties prenantes du FEM reconnaissent que les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) font partie intégrante de toute réflexion sur notre avenir collectif. Il y a moins de 10 ans, les changements climatiques n’étaient pas un point important à l’ordre du jour du Forum. Cette année, plus d’un tiers des tables rondes qui figuraient à l’ordre du jour officiel du FEM ont abordé ce sujet.
Même dans le contexte d’un paysage géopolitique et macroéconomique de plus en plus complexe, l’accent mis par le FEM sur les enjeux ESG n’était pas si surprenant. En prévision de l’événement de janvier 2023, le Rapport annuel du Forum sur les risques mondiaux a révélé que les conséquences des changements climatiques, la perte de biodiversité et les défis environnementaux seront les plus grands risques auxquels seront confrontés les décideurs au cours de la prochaine décennie. Et si les délégués ne concentraient pas déjà leurs efforts sur la résolution des défis environnementaux, je suis certain que l’absence de neige à Davos à la mi-janvier a choqué nombre d’entre eux, surtout les grands skieurs.
Accélérer le rythme
La vitesse à laquelle les gouvernements et les organisations adoptent maintenant des initiatives ESG est un thème récurrent qui m’a marqué longtemps après la fin du Forum. Il était encourageant de voir les dirigeants du monde se rassembler et s’engager à agir sur les risques liés aux changements climatiques, la réduction des émissions de carbone, la présentation de rapports sur le développement durable et d’autres thèmes relatifs aux facteurs ESG.
Comme en témoignent les résolutions et les engagements du FEM, les décideurs du monde entier intensifient leurs efforts en matière de transformations liées aux facteurs ESG et incitent les dirigeants de tous les secteurs à rester dans la course s’ils ne veulent pas se faire devancer.
Prenons l’exemple de l’intensification de la transition énergétique mondiale. Partout dans le monde, on assiste au passage progressif des combustibles fossiles vers les énergies propres et renouvelables. Et bien que la recherche de solutions d’énergie verte soit au cœur de la décarbonation, il s’agit d’une transformation complexe qui dépend de la planification, des ressources, des compétences spécialisées et de nouvelles façons de fonctionner. Ces éléments ne tombent pas en place comme par magie. Une stratégie est nécessaire.
Il en va de même des normes de présentation de l’information sur la durabilité. Les attentes en matière de suivi, de surveillance et de communication des objectifs liés aux facteurs ESG évoluent rapidement. Ces changements nécessitent la mise en œuvre de stratégies de transformation à l’échelle des entreprises. Ces stratégies doivent porter sur toutes les sphères, allant des données et de la technologie aux finances et à l’approvisionnement. Nous entendons également parler maintenant de la publication imminente des deux premières normes de l’ISSB, dont on recommanderait l’entrée en vigueur en janvier 2024.
Trois étapes à la fois
Devant les transformations mondiales du secteur de l’énergie, l’établissement de cibles de carboneutralité et les attentes croissantes des parties prenantes à l’égard des facteurs ESG, les organisations de toutes sortes ressentent la pression pour se transformer, peut-être plus rapidement que prévu. Bien que les organisations soient obligées de démontrer leurs progrès à l’égard de leurs initiatives, il est important qu’elles le fassent en accordant une attention égale aux trois piliers des ESG.
Qu’est-ce que cela suppose en pratique? Cela signifie de prendre des mesures significatives pour atténuer les répercussions sur l’environnement (E) à l’échelle de l’entreprise; de s’assurer que les effectifs sont formés, qualifiés et soutenus pour prendre ces mesures avec confiance et sans être laissés pour compte (S) et de mettre en place les processus, les protocoles et les structures de gouvernance appropriés (G) pour maintenir les initiatives sur la bonne voie.
Bien que nous manquions certainement de temps pour répondre aux menaces liées aux changements climatiques qui parsèment notre parcours immédiat, nous devons nous rappeler que personne ne s’attend à ce que les entreprises réagissent du jour au lendemain. Pour l’exécution efficace de transformations relatives aux facteurs ESG, il faut des stratégies, des investissements et du leadership à long terme.
Garder le rythme signifie aussi de surveiller de près. Il faut comprendre ce que les parties prenantes et les autorités de réglementation attendent de vous dorénavant et trouver la meilleure façon de réagir. Le parcours de la transformation des facteurs ESG varie d’un secteur à l’autre. Il est donc avantageux de comprendre comment vos pairs, vos concurrents et d’autres parties prenantes du secteur réagissent aux mêmes défis.
Un argument en faveur de l’optimisme
Il peut être difficile de rester optimiste compte tenu de l’énormité de la crise. Pourtant, je le suis. Je vois des entreprises canadiennes relever ces défis. On reconnaît vraiment l’importance et la nécessité d’adopter une approche stratégique, réfléchie et sophistiquée. Puisque de nombreuses organisations en sont déjà à différentes étapes de leur transformation en matière d’ESG et qu’elles les poursuivent avant l’entrée en vigueur de nouvelles normes de présentation de l’information et de règles en matière de durabilité, j’ai bon espoir que nous nous montrerons à la hauteur.
Je suis également encouragé par ce que je vois parmi les générations à venir. Nos futurs leaders sont bien informés au sujet des facteurs ESG. Ils ont à cœur de promouvoir des thèmes comme la durabilité, l’égalité, l’inclusion et la prospérité mutuelle au sein de leurs propres entreprises et communautés. Ils pensent de manière innovante. Ce sont eux qui détermineront si les plans et les promesses du FEM résistent à l’épreuve du temps.
Les enjeux ESG n’ont pas été le seul sujet à attirer l’attention au FEM, mais ils ont donné lieu à de nombreuses discussions. À l’heure où les entreprises du monde s’affairent à accélérer le rythme de leurs priorités en matière d’ESG, il est possible de poursuivre ces discussions et d’amorcer les changements qui les aideront à suivre le rythme sans perdre leur chemin.
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