Carrefour giratoire

​L’économie circulaire s’impose et le moment ne pourrait être mieux choisi. Tandis que la pression s’intensifie pour une utilisation responsable des ressources naturelles de la planète, les fabricants sont de plus en plus motivés à réduire, voire éliminer les déchets de leurs chaînes de production.

Dans notre premier blogue sur l’économie circulaire du secteur manufacturier, nous avons vu comment les modèles de consommation et de production réparateurs et régénérateurs fonctionnent depuis des siècles, soit bien avant que l’économie circulaire ne devienne une expression à la mode dans les conseils d’administration. Nous avons également examiné les facteurs sociaux, environnementaux et commerciaux qui favorisent l’économie circulaire à toutes les étapes de la fabrication, qu’il s’agisse par exemple de l’assemblage et de la remise à neuf des produits, de l’approvisionnement en matériaux ou de la gestion des déchets.

Les piliers de l’économie circulaire
De nombreuses raisons expliquent pourquoi l’économie circulaire est avantageuse, mais certaines courbes sont moins harmonieuses que d’autres. Pour que les choses tournent rond dans le secteur manufacturier, il faut savoir ce qui fait rouler l’économie circulaire. La « colline de valeurs » illustrée ci-dessous en offre un aperçu. 

Source : KPMG (2019) : Circular Revenue Models. Adapté de The Sustainable Finance Lab, 2016.

Examinons tout cela de plus près.

1. Transformer les déchets en ressource – Dans le secteur manufacturier, l’économie circulaire repose sur l’utilisation de matériaux renouvelables, réutilisables et écologiques. En outre, il s’agit d’incorporer des méthodes pour rediriger vers le cycle de production les matières résiduelles ou les déchets qui auraient normalement été destinés aux sites d’enfouissement. Comme nous le mentionnions dans un billet de blogue précédent, nous constatons déjà ce phénomène chez les fabricants de pièces d’avion qui récupèrent depuis longtemps les déchets d’aluminium pour les faire fondre et les réutiliser ultérieurement.
2. Repenser l’entreprise – D’un modèle de revenus – et d’exploitation – à l’autre, l’économie circulaire peut effectivement engendrer des revenus et dégager des économies. Il suffit de réfléchir avec clairvoyance à l’intégration de programmes de paiement à l’utilisation et de location à court et à long termes.
3. Préserver les produits existants et prolonger leur durée de vie – On revient au modèle d’autrefois avec ses réparations, ses remises à neuf et ses stratégies d’entretien proactives, mais appliqué de façon plus stratégique et intentionnelle. En retour, cela permet aux fabricants de conserver la meilleure valeur possible de leurs produits aussi longtemps que possible.
4. Adopter un mode pensée systémique – Cela signifie chercher des occasions de créer des interdépendances au sein de votre chaîne de valeur ou à l’extérieur de celle-ci. C’est déjà le cas dans certains sous-secteurs manufacturiers, où des entreprises élaborent de solides programmes d’innovation internes, concluent des ententes de collaboration avec le milieu universitaire et le secteur public, et établissent des marchés de partage d’actifs en ligne.
5. Collaborer pour créer une valeur commune – Le modèle de travail en silo adopté par les entreprises et l’industrie s’écroule. De plus en plus, les relations d’affaires dépendent l’une de l’autre. Nous constatons ce phénomène dans le secteur manufacturier, où les acteurs collaborent davantage pour concevoir les produits différemment, et l’économie circulaire fait partie de cette discussion.
   

Une bonne longueur d’avance
Les arguments en faveur de l’économie circulaire deviennent plus apparents de jour en jour. Malgré cela, nous parlons souvent à des clients du secteur manufacturier qui considèrent la transformation comme étant trop coûteuse, trop compliquée ou trop longue.

En fait, intégrer l’économie circulaire dans le secteur manufacturier ne nécessite pas d’investissements à grande échelle ou de changements renversants. Des pratiques simples et efficaces (comme la conception pour démontage, la logistique inverse, la discussion en aval avec les clients sur l’évolution des perspectives et le recyclage des matériaux) sont utilisées depuis des décennies et peuvent toutes être adoptées en petites étapes gérables.

Il est aussi facile de trouver des études de cas portant sur l’économie circulaire dans le secteur manufacturier. Par exemple, prenons les méthodes déjà utilisées pour séparer et réutiliser les matériaux dans le commerce de détail et les biens de consommation, comme les détaillants qui se lancent dans la revente d’articles d’occasion. Ces détaillants intègrent la durabilité dans leurs produits fabriqués exclusifs, de sorte que les clients peuvent éventuellement leur ramener les biens qu’ils se sont procurés afin que le magasin les revende. En outre, si l’on reprend l’exemple des fabricants de pièces d’avion, ceux-ci mettent en pratique depuis longtemps des méthodes de collecte et de réutilisation des déchets d’aluminium issus de leurs processus de fabrication.

L’idée selon laquelle l’économie circulaire est une affaire de recyclage est fausse. Même s’il est vrai que trouver une nouvelle utilisation pour les matériaux et biens usagés fait partie du modèle, ce n’est là qu’une façon de prolonger le cycle de vie des produits que nous fabriquons et de réduire la quantité générale de déchets créés. Pour que l’économie circulaire se concrétise à plus grande échelle, le recyclage doit faire partie d’une stratégie plus large qui comprend la réparation, la refabrication et le partage des ressources.

Un cercle en devenir 
En fin de compte, l’économie circulaire dans le secteur de la fabrication ne sera pas une transformation radicale qui changera la donne du jour au lendemain. Elle sera plutôt le résultat d’un regard nouveau jeté sur les processus linéaires traditionnels et de l’utilisation optimale et continue de vos ressources, pour le bien de la planète et du bénéfice net de votre entreprise

En d’autres termes, il est inutile de chercher en rond; il suffit de passer à l’action, une fois pour toutes.