• Lisa Park, Author |
6 minutes de lecture

​Si vous êtes honnête, vous avez sans doute répondu « non » à la question ci-dessus, et ce n’est pas grave. Si c’est le cas, je vous invite à réfléchir à la vie dans le pire de la pandémie. La frustration de devoir rester à la maison. La déception d’avoir à annuler des plans de voyage, si vous en aviez fait. L’anxiété liée au fait de ne pas savoir quand (ou même si) vous pourriez visiter votre boutique préférée, vous rendre au restaurant ou voir vos proches à nouveau. Le tout nuisant collectivement à votre santé mentale. Vous vous en souvenez?

Le pire de la pandémie a été pour moi, une personne en fauteuil roulant, une période où ma santé mentale était à son mieux depuis longtemps. Comme personne ne pouvait aller nulle part, je n’avais plus à me sentir mal de ne pas pouvoir me rendre à ma boutique de vêtements préférée, où il n’y a pas de rampe pour entrer ni de stationnement accessible à proximité. Je n’avais plus à me sentir coupable de rater un événement de réseautage dans un restaurant qui n’a pas de toilette accessible. Je n’avais plus à me sentir gênée de ne pas pouvoir aller reconduire ma fille à son entraînement de hockey à l’aréna où le vestiaire se trouve en bas d’un escalier et où il n’y a pas d’ascenseur. Je n’avais plus du tout besoin de penser à l’accessibilité, car la société n’était accessible à personne.

Maintenant que les restrictions associées à la pandémie sont chose du passé pour de nombreux Canadiens, l’accessibilité est encore une fois un des sujets prédominants dans ma vie. Je recommence maintenant à passer des heures interminables à déterminer si tel restaurant, telle boutique, tel aréna, tel hôtel ou telle compagnie aérienne (la liste continue) a les mesures d’adaptation qui me permettent de participer. La plupart du temps, j’ai la force mentale de traverser ces obstacles, mais je dois admettre que bien des fois, je ne l’ai pas. Dans ces moments, je cède à l’isolation, frustrée d’être coincée à la maison, encore une fois, alors qu’on me refuse un droit fondamental de participation tout simplement parce que j’utilise un fauteuil roulant.

D’ailleurs, de plus en plus d’employeurs rappellent leurs équipes dans les bureaux. Je vois tout à fait les avantages de le faire; je trouve aussi qu’il est plus agréable et satisfaisant d’être avec mes collègues, de collaborer avec eux, de prendre la pause-café et de rire ensemble, en personne. Par contre, ce ne sont pas toutes les organisations qui reconnaissent les conséquences d’un manque d’accessibilité pour les personnes qui en ont besoin, que ce soit en raison d’une limitation temporaire, permanente ou situationnelle.

Après tout, à quelle fréquence vous demandez-vous si vous serez en mesure de faire ce qui suit :

  • Ouvrir une porte
  • Vous rendre au dixième étage pour assister à une réunion
  • Utiliser la toilette
  • Prendre le transport en commun pour vous rendre au bureau
  • Participer à un événement de réseautage dans un restaurant du centre-ville
  • Prendre place à votre bureau ou atteindre la prise de courant pour brancher votre ordinateur
  • Stationner votre voiture (certes, nous y pensons tous, mais qu’arriverait-il si vous saviez qu’il n’y a qu’une seule place de stationnement pour vous?)
  • Évacuer un bâtiment en cas d’urgence

En tant que personne en fauteuil roulant, je pense constamment à ces choses. Y aura-t-il un dispositif d’ouverture de porte automatique pour que je puisse passer pendant que je fais tourner mes roues avec mes mains? Y aura-t-il un ascenseur au cas où j’aie besoin de me rendre à un autre étage? La toilette sera-t-elle assez grande pour mon fauteuil roulant? Y aura-t-il une prise de courant ailleurs que sous le bureau pour que je puisse brancher mon ordinateur portable, ou un bureau assez grand dans lequel je pourrai entrer? En cas d’urgence, vais-je pouvoir sortir en vie du bâtiment si l’ascenseur ne fonctionne pas? Si je me rends en voiture au bureau, y aura-t-il une place de stationnement accessible pour que je n’aie pas à risquer ma vie à rouler derrière des voitures qui ne me verront peut-être pas? Si je n’ai pas la voiture, pourrai-je me rendre au bureau autrement? (Avez-vous déjà essayé de descendre les escaliers d’une station de métro en fauteuil roulant ou de trouver un taxi accessible?) L’inconnu face à ce qui m’attend est une source constante de stress, et les rappels quotidiens que cette société a été bâtie sans inclure les personnes comme moi ont des répercussions sur ma santé mentale qui s’accumulent.

Il n’est pas suffisant de simplement offrir la possibilité aux personnes avec une limitation de continuer à travailler de la maison. Cela ne fait qu’envoyer le message que notre santé mentale est secondaire et que notre capacité à participer à l’environnement de bureau n’est pas une priorité.

L’accessibilité ne devrait pas être une réflexion après coup. Les espaces que nous créons fonctionnent mieux pour tous lorsque nous adoptons une mentalité d’accessibilité. La bonne nouvelle est que tout le monde peut jouer un rôle dans la diminution de ces obstacles. Voici quelques-unes des façons d’y arriver :

  • Encourager les emplacements accessibles – Lorsque vous planifiez un événement professionnel ou social, réservez des endroits qui reconnaissent et offrent l’accessibilité. Ne les croyez pas sur parole : vérifiez que l’emplacement est prêt et engagé à répondre aux besoins de tous vos invités, et qu’il est équipé pour le faire.
  • Réfléchir à toutes les possibilités – L’accessibilité sur le lieu de travail est une chose, mais qu’arriverait-il en cas d’urgence? Le plan d’évacuation tient-il compte des personnes qui pourraient ne pas être en mesure d’utiliser les escaliers? Tient-il compte des personnes ayant besoin de temps, d’indications ou de soutien supplémentaires? Si les occupants du bâtiment constatent qu’ils ne sont pas inclus dans les plans d’intervention d’urgence, ils ne se sentiront ni en sécurité ni les bienvenus.
  • Faire preuve d’empathie – Si vous n’avez pas besoin du dispositif d’ouverture de porte automatique ou de la place de stationnement ou de la toilette accessible, ne l’utilisez pas. Il m’est impossible de compter le nombre de fois où un dispositif d’ouverture de porte automatique était soit brisé ou désactivé, car les personnes qui n’en avaient pas besoin l’utilisaient. Je suis aussi souvent arrivée à une place de stationnement accessible pour y trouver une voiture en marche dont le conducteur attendait son passager qui ne faisait qu’« aller rapidement » au magasin. J’ai également déjà dû attendre dix minutes pour entrer dans une cabine de toilette, même si beaucoup d’autres étaient libres, seulement parce que la toilette accessible était plus grande et que la personne changeait de vêtements.
  • Être un allié – Souvenez-vous des histoires et des répercussions de l’inaccessibilité sur la santé mentale, et faites entendre votre voix dans les situations où l’accessibilité doit être prise en considération, mais ne l’est pas.

Nous pouvons tous en faire plus pour nous assurer de créer une société accessible et axée sur la santé mentale. Il faut commencer en se rappelant que nous sommes tous des êtres humains qui méritons tous équitablement de la dignité, du respect et une pleine participation dans notre société. La plupart d’entre nous ne choisissent pas nos circonstances, mais nous pouvons choisir d’avoir de l’empathie envers les autres. C’est tout simple : vous n’avez qu’à vous souvenir de votre expérience durant le pire de la pandémie. L’accessibilité va au-delà d’une simple rampe.

Pour en savoir plus sur la façon dont KPMG au Canada soutient l’inclusion, la diversité et l’équité en milieu de travail.

  • Lisa Park

    Lisa Park

    Author, Director, Strategy and Operations

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