• Nicolas Cottis, Directeur |
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L’inflation et la hausse des matières premières font redouter une fragilisation économique des entreprises, qui au-delà d’un impact sur la trésorerie risquent de faire passer les enjeux ESG, environnementaux, sociaux et relatifs à la gouvernance, au second plan.

Cette crainte porte principalement sur les ETI, dont on peut se demander si elles ne sont pas moins solides que les grands groupes et moins sensibilisées à ces questions de par leur moindre exposition aux réglementations en vigueur. Pourtant l’histoire est en marche et il ne faut en rien reculer. Au contraire même, il nous semble qu’il est temps d’accélérer.

Des paroles et des actes

Communiquer sur son engagement en matière d’ESG est devenu fondamental pour bon nombre d’entreprises, en particulier au sein des grands groupes dont les obligations en la matière ne cessent de se renforcer, en particulier avec la CSRD récemment, qui concernera 50 000 entreprises en 2023. Mais l’omniprésence de ces trois lettres ne doit pas faire oublier que derrière son apparente clarté, l’ESG n’est pas une notion si univoque que cela et surtout, qu’il ne suffit pas de déclarer que l’on fait de l’ESG pour être exemplaire en la matière. La dérive que constitue le greenwashing montre que l’on peut prétendre s’inscrire dans une stratégie ESG sans que cela ne soit suivi de mesures concrètes et d’effets. 

Mais l’inverse est aussi vrai. De même que Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, certaines ETI particulièrement matures sur le sujet font parfois de l’ESG sans le dire. L’essentiel est bien là, dans la mise en œuvre concrète d’une politique de transformation stratégique au service d’un impact positif sur l’économie et la société.  

D’ailleurs, dans certaines ETI à la pointe en matière de responsabilité et de durabilité, la sémantique a évolué. Ces entreprises, en lieu et place de l’acronyme « ESG » préfèrent parler de social, de gouvernance et d’environnement, voire se positionnent encore sur le sigle RSE. Parfaitement sensibilisées à ces enjeux, ces ETI ont placé ces thématiques au cœur de leur agenda, et quelle que soit l’évolution de la conjoncture économique, elles ne dévieront pas de cette trajectoire vertueuse.  
A contrario, celles qui n’ont pas encore saisi les enjeux ESG à bras-le-corps ne manqueront pas d’infléchir leurs orientations en la matière en fonction du contexte.  Aussi, la survenance de difficultés économiques fera inéluctablement passer la question de l’ESG au second plan voire au troisième, au motif qu’il y a d’autres priorités plus importantes.

Tenir le cap de l’ESG malgré le contexte économique

Quel que soit le vocable employé, il est indispensable que les transformations soient conduites et accélérées dans la durée. Bien sûr, la route est encore longue, et les ressources financières et humaines étant plus contraintes dans les ETI, il y a fort à parier que les budgets ou les équipes alloués à ces questions soient revus à la baisse dans certaines organisations en cas de turbulences.  

Les ETI doivent aussi faire preuve de pragmatisme en gardant à l’esprit qu’une partie de la stratégie ESG, notamment sur le volet sobriété énergétique, loin d’engager des dépenses supplémentaires, est vecteur d’économies et d’opportunités. Cette réalité s’est illustrée récemment avec l’exercice de la sobriété : en réduisant leur facture énergétique, les ETI réduisent à la fois leurs externalités environnementales et leurs dépenses.  

Enfin, le dirigeant d’ETI doit mettre le capital humain au cœur de sa stratégie. Comment attirer des talents ? Comment limiter au maximum le turn over ? Dans un contexte de guerre des talents, ces questions sont devenues essentielles. Parce que les départs de salariés peuvent déstabiliser une organisation, il faut offrir aux collaborateurs les conditions de travail et l’expérience les plus attractives qui soient.   S’agissant de la gouvernance, il s’agit d’une problématique indépendante de la question des crises. Cela relève tout simplement de l’ADN de l’entreprise : qu’il y ait crise ou pas, transparence et éthique doivent se conjuguer pour guider chaque action afin de la rendre sûre et crédible. 

Une chose est sûre, la crise ne doit pas freiner les ETI, qui doivent se saisir des opportunités qu’elle offrira, comme de ces nouveaux enjeux, pour lesquels le cap de l’ESG doit rester une boussole en termes d’investissements et de stratégie.