• Sree Kunnath, Author |
4 minutes de lecture

Il n’est pas facile d’évoquer une période de vulnérabilité qu’on a vécue, surtout sur une tribune publique. Mais j’ai une histoire à vous conter, et je tiens à le faire pour mon équipe de KPMG.

Cette histoire extrêmement difficile est tout de même très facile à raconter : difficile parce que j’en craignais le dénouement, mais facile parce qu’elle s’est bien terminée. Il y est question de la famille, de la confiance et de la force d’une équipe. C’est donc une histoire sur la vie, tant personnelle que professionnelle, et du pouvoir que nous avons de l’enrichir en faisant preuve de solidarité.

Tout commence, simplement, par un nouvel emploi.

C’était en juillet 2019. Les discussions, les entrevues et les négociations étaient terminées. J’étais enchanté d’amorcer un grand tournant professionnel : je devenais associé chez KPMG! J’étais d’autant plus ravi que j’étais relativement nouveau au Canada. D’origine indienne, j’ai quitté le foyer familial après mes études lorsque j’ai été amené à travailler dans divers pays sur différents continents. J’étais au Canada depuis environ cinq ans seulement et je n’avais pas un grand réseau de soutien. J’avais cependant eu la chance de pouvoir recruter quelques collègues de longue date, que j’ai connus à l’étranger ou dans ma petite entreprise, pour qu’ils se joignent à ma nouvelle équipe de KPMG.

L’équipe revêt pour moi une grande importance. Ayant joué au soccer au niveau professionnel, j’ai beaucoup réfléchi à la question. Lorsqu’on joue en équipe, ce ne sont pas les capacités individuelles de chaque joueur qui importent le plus, mais l’intégration des capacités et des points forts de chacun. Lorsque la coordination de l’équipe est prioritaire, chaque membre est soutenu pour donner le meilleur de lui-même. Autrement dit, le tout est bel et bien plus grand que la somme de ses parties. C’est vrai dans les sports et ça l’est tout autant dans les affaires.

C’était donc deux jours après le début d’une nouvelle aventure. Je venais de m’installer dans mon nouveau bureau et d’y placer des photos de mes enfants, lorsque j’ai reçu un appel bouleversant : ma fille avait été diagnostiquée d’une maladie extrêmement rare. Je n’étais vraiment pas préparé à affronter une situation aussi terrifiante et déconcertante. Tout ce que je savais, c’est que je devais être avec ma fille et ma famille à l’hôpital, et non au bureau. À cette crainte s’ajoutait l’incertitude : comment mes nouveaux collègues allaient-ils réagir à cette situation soudaine?

À mon grand soulagement, ils ont à peine sourcillé. « Éteignez votre ordi, m’ont-ils dit. Partez. Restez à son chevet. Informez-vous de ce qu’il en est et faites-nous savoir comment nous pouvons vous aider. » Il m’est impossible d’exprimer à quel point c’était rassurant, à ce moment déchirant, de recevoir le soutien absolu de mes nouveaux collègues.

J’ai été encore plus étonné du soutien que j’ai immédiatement reçu de l’équipe de direction nationale et d’autres personnes du cabinet. On nous a envoyé des courriels de bons vœux et des fleurs. On a pris de nos nouvelles. On m’a assuré qu’on s’occupait de tout au bureau et que je devais me consacrer uniquement à ma famille. Cette vague de soutien et d’assistance de toutes parts (associés, employés et même clients de KPMG) m’a été très réconfortante. Les attentions de toutes ces personnes m’ont soutenu et me soutiennent encore.

Il est vite devenu évident que je devrais m’absenter du travail pendant une période indéterminée : des semaines, voire des mois. Pour nous rapprocher de l’hôpital, nous avons logé au Manoir Ronald McDonald. Puis est arrivée une chose inattendue : des collègues et d’autres personnes ont commencé à nous rendre visite au Manoir pendant le week-end et les jours de congé et à y faire du bénévolat. J’avais peine à y croire. C’est alors qu’une chose m’a frappé : ces personnes extraordinaires ne cherchaient pas à nourrir une relation de travail, mais à nourrir une vie. Ou plutôt des vies : la mienne, celle de ma fille et celle de chaque membre de notre famille, dont je peux vous dire que ces personnes font désormais partie.

Je crois que j’ai toujours considéré mes collègues comme ma famille, mais cette expérience exceptionnelle m’a profondément touché. Au moment où j’en avais le plus besoin, mon équipe m’a montré qu’elle aussi me considérait comme un membre de sa famille. Dès la journée où ma fille a été conduite à l’urgence, notre vie était entièrement centrée sur l’hôpital et sur son traitement. Mon équipe a donc dû se mobiliser et se montrer à la hauteur, le plus souvent sans moi, et c’est exactement ce qu’elle a fait. J’avais très peu de contacts avec mes collègues pendant la journée, mais ils ont su composer avec mon horaire, avec un minimum d’interventions de ma part. Ils ont tous accompli un travail exceptionnel et dépassé les attentes. Encore une fois, cette situation n’a pas duré que quelques jours ou quelques semaines, mais plusieurs mois. De les voir ainsi se surpasser m’a réjoui presque autant que la bonne nouvelle que nous attendions : ma fille était maintenant hors de danger et nous allions bientôt rentrer chez nous, en famille. Il va sans dire que notre famille est désormais très agrandie : elle comprend tous mes collègues de KPMG au Canada.

J’ai été absent du travail pendant longtemps : neuf mois en tout. Mais la solidarité et le soutien qu’on m’a témoignés pendant tout ce temps m’ont donné l’inspiration dont j’avais besoin pour retourner au travail en mars 2020. Juste à temps pour affronter une autre crise : celle de la COVID-19. Mais ce sera le sujet de mon prochain billet. Au plaisir de vous retrouver.

Publication multilingue

Cette publication est aussi offerte dans les langues suivantes :

Tenez-vous au courant de sujets qui vous intéressent.

Inscrivez-vous aujourd’hui pour avoir accès à du contenu personnalisé en fonction de vos intérêts.