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La 45ème édition de « L’industrie hôtelière française », l’étude annuelle de KPMG France, analyse les ratios d’exploitation et de gestion 2021 de plus de 40 % du parc hôtelier homologué français (soit près de 2 900 hôtels pour près de 230 000 chambres). KPMG France fait également le point sur la reprise post-Covid en matière de pertes d’exploitation, de tendances de consommation, de RSE et d’investissements.

— Saison estivale 2022 : un bilan positif grâce à un effet de rattrapage porté par le retour confirmé de la clientèle internationale long courrier et européenne et par la fréquentation de la clientèle domestique.
— Retour en 2022 à un niveau de marge brute permettant de reconstituer la trésorerie et d’envisager les mutations sectorielles et climatiques à venir.
— Reprise des transactions sur le marché français en 2021/2022, présageant de la résilience économique du secteur malgré les crises successives.
— Optimisme du secteur hôtelier, sur fond d’innovations, qui se traduit par la mutation des investissements à la faveur du nouveau cadre réglementaire RSE du secteur d’une part et l’hybridation comme les mutations des hébergements marchands d’autre part.

2021 : année de reprise avant des performances commerciales en très nette hausse en 2022 vs. 2019

Au cours du 1er semestre 2021, les restrictions de déplacement freinaient l’activité touristique, restant largement en deçà de celle de 2019. Avec leur levée progressive en Europe, l’activité a redémarré en mai et juin 2021, essentiellement portée par la clientèle domestique. La reprise s’est montrée plus marquée sur le littoral et en montagne que dans les zones urbaines.

Au second semestre 2021, l’activité touristique s’est accélérée et la fréquentation est revenue à 84 % de son niveau de 2019. En effet, les nuitées de clientèles étrangères en 2021 étaient toujours en net recul de 45 % par rapport à 2019. Cette tendance tend à s’amoindrir en 2022 avec le retour des clientèles européennes et nord-américaines (parité dollar / euro) en force.

Les prix moyens des hôtels français ont bénéficié d’une dynamique de croissance sur l’ensemble des segments en 2021, qui s’est poursuivie dès le second trimestre 2022 (post 7ème vague Covid et guerre en Ukraine). Si les hausses des prix moyens observés en 2021 restent en deçà de 2019 pour la majorité des segments, un rattrapage courant 2022 s’est opéré, permettant de compenser l’ajustement salarial des métiers, de répercuter l’augmentation des coûts énergétiques et de tenir compte de l’inflation « galopante ».

L’évolution positive des taux d’occupation et des prix moyens a engendré mécaniquement une hausse significative du RevPAR en 2021 pour toutes les catégories (d’en moyenne 39 à 45% selon les catégories). Les niveaux observés restent néanmoins en dessous des performances de 2019, en lien avec les faibles taux d’occupation des hôtels 2021.
En 2022, les ajustements des politiques tarifaires, combinés à la bonne fréquentation estivale de Paris et des zones touristiques attractives laissent entrevoir un rattrapage des volumes de CA de 2019, voire un dépassement pour certains territoires.

2022 : début d’année « covidé » puis performances supérieures à celles de 2019

En 2022, les 1er et 2ème trimestres enregistrent une forte croissance du nombre de nuitées hôtelières par rapport à 2021 (respectivement + 20 millions et + 34 millions). Toutefois, le nombre de nuitées enregistrées sur les deux premiers trimestres 2022 (près de 91 millions), demeure inférieur de 9% par rapport au volume enregistré sur la même période en 2019.
En effet, au 2ème trimestre, la fréquentation de la clientèle domestique dépasse son niveau d’avant crise de 2,5% (+ 900 000 nuitées) mais ne suffit pas à compenser la moindre présence de clientèle étrangère (-13,3% par rapport à 2019).

La baisse des nuitées hôtelières se concentre dans les espaces urbains, notamment en Ile-de-France (45% de baisse des nuitées par rapport à 2019 au 2ème trimestre 2022), malgré un retour partiel de la clientèle affaires et en raison du recul de la clientèle internationale que la clientèle domestique ne suffit pas à compenser.

Saison estivale 2022 : des performances au-dessus de celles de 2019 sur certains territoires, des niveaux de marges d’avant crise

La saison estivale 2022 semble renouer avec des perspectives de réservation dynamiques, retrouvant, voire dépassant, les niveaux enregistrés avant la crise sanitaire.

A la fin août 2022, le retour des arrivées de visiteurs étrangers, cumulé à une fréquentation domestique toujours importante, ont contribué à des niveaux de saturation pour certaines destinations. En effet, en juillet et août, le RevPAR a connu une croissance de de 22% par rapport à 2019 en France et de plus de 30% en Ile-de-France et en PACA. La fréquentation a ainsi retrouvé ses niveaux « pré-pandémie ». Les taux d’occupation hôteliers ont augmenté de 14 points par rapport à l’été 2021.
Toujours à fin août 2022, les hôteliers ont bénéficié d’une dynamique d’activité, notamment au travers de la hausse des prix, qui leur a permis de retrouver des niveaux de marges opérationnelles d’avant-crise. Le maintien des niveaux de rentabilité doit aujourd’hui s’appréhender dans un contexte de hausse des charges et coûts de financement.
Dans un contexte inflationniste particulièrement fort, nous pouvons nous interroger sur la capacité du secteur à continuer de répercuter ces hausses courant 2023.

Une reprise des transactions en 2021, restant inférieure au volume de 2019

L’année 2021 a été marquée par une reprise importante de l’investissement hôtelier au niveau européen, avec un volume total de 16,5 Mds €, correspondant à une croissance de 83% par rapport à 2020 (9 Mds €). Si le volume de transaction des actifs individuels est resté stable, c’est principalement la baisse des transactions de portefeuilles qui a ralenti.

Sur le marché français, le volume total de transactions en 2021 (1,4 Mds €) équivalent à celui de 2018, reste en deçà de 2019 (2,3 Mds €). Par rapport à d’autres marchés européens, la mise en place des aides de l’Etat a permis de protéger les exploitants contre les défaillances et renforçant le maintien de la valeur des actifs.

Les perspectives pour l’année 2022 sont encourageantes, avec une hausse des capitaux investis au 1er trimestre 2022 de 11% par rapport au T1 2021, soutenue par la reprise d’activité depuis le 2ème semestre 2021. Les valeurs ont tendance à se maintenir et le nombre d’actifs mis sur le marché augmente.

Si la dynamique actuelle permet d’envisager un retour en 2022 aux volumes échangés de 2019, les problématiques de financement hôteliers s’alourdissent avec la hausse des taux d’intérêt, les échéances de remboursement des PGE ainsi qu’un contexte économique et géopolitique toujours incertain (pénurie de salariés, inflation, guerre en Ukraine, enjeux climatiques, etc.).

Palaces : 2021 encore impactée par la crise sanitaire, premiers signes de reprise

L’année 2021 affiche des niveaux de reprise mitigés, notamment liés à des périodes d’ouverture et retour de clientèles étrangères variables selon les territoires. Les établissements sont également restés contraints par les restrictions gouvernementales qui se sont prolongées jusqu’au 19 mai 2021, impactant significativement l’activité (jusqu’à -60% de chiffre d’affaires restauration par rapport à 2019 pour certains établissements). Rappelons également que les restrictions gouvernementales n’ont pas permis aux Palaces de Courchevel d’ouvrir pour la saison hivernale 2020/2021.

Le taux d’occupation global des Palaces français, toutes régions confondues (hors Courchevel), a augmenté de 21 points entre 2020 et 2021, atteignant 39%. Ce niveau demeure toutefois inférieur de 20 points par rapport à 2019 (59%). De même, le chiffre d’affaires réalisé par les Palaces français (toujours hors Courchevel) demeure en recul d’environ 30% en 2021 par rapport à 2019.

Même si les établissements ont continué de bénéficier de la venue d’une clientèle domestique et européenne, l’année 2021 marque le retour progressif des clientèles internationales long courrier à partir du second semestre, notamment en provenance du Moyen-Orient et des Etats-Unis.

Sur la saison estivale 2022, le retour de la clientèle internationale en France semble se concrétiser, contribuant à une hausse des prix moyens et des niveaux de saturation sans précédent pour certaines destinations. Dans ce contexte de rattrapage, l’année 2022 s’annonce bien meilleure que 2021, voire que 2019 pour certains établissements.

Hybridation et mutations des hébergements marchands : aux frontières du résidentiel et de l’hôtellerie de plein air

Résidences de tourisme, coliving, meublés… panorama des évolutions du résidentiel géré
 
Dans une ère où les résidents changent fréquemment de logement pour s’adapter à leur vie familiale et professionnelle et où le cadre et la qualité de vie sont au cœur des préoccupations, les résidences gérées (résidences hôtelières, coliving, meublés avec services, etc.) répondent à des besoins qui évoluent. La pandémie de Covid-19, en faisant émerger de nouveaux modes de vie, a accéléré le développement des marchés du résidentiel géré.
 
De nouveaux acteurs émergent, des opérateurs traditionnels du résidentiel ou de l’hôtellerie se développent sur ces nouveaux segments, les typologies de produits se démultiplient et répondent à des clientèles ciblées, rendant ainsi le marché de la location gérée de moins en moins lisible.
 
Aujourd’hui, au sein même de chaque catégorie, les interprétations sont plurielles et des hybridations sont observées, en particulier entre l’univers du tourisme et celui du résidentiel.
 
Hôtellerie de plein air : un secteur en mutation, source d’inspiration croissante pour l’univers hôtelier
 
La crise Covid a contribué au développement de nouvelles sources de clientèle pour l’hôtellerie de plein air : une partie des touristes français ont (re)découvert le tourisme en France, et par la même occasion, le camping.
 
Le succès des concepts plus « nature » illustre les attentes des consommateurs pour des produits moins « lourds » en équipements, qui proposent une approche différente. De nouveaux opérateurs désireux de changer les codes de l’hôtellerie de plein air « traditionnelle » voient d’ailleurs le jour et contribuent au renouvellement des clientèles de l’hôtellerie de plein air en France en proposant des hébergements éco-responsables, connectés à la nature et plus intimes.
 
Certains hôteliers, en réponse à la popularité croissante et à la montée en gamme de l’hôtellerie de plein air, et pour s’adapter à de nouvelles tendances de consommation, imaginent de nouveaux produits, à la croisée entre hôtellerie et hébergement de plein air.
L’industrie hôtelière française semble s’être remise de la période de crise Covid. Le rebond observé s’est opéré en cliquet : la fréquentation domestique a dépassé au second trimestre son niveau d’avant crise mais la présence internationale reste mitigée. Quant à la saison estivale 2022, les perspectives de réservation ont été dynamiques, dépassant les niveaux de 2019. Cette tendance se traduit aussi par l’adaptation de l’industrie hôtelière aux nouvelles attentes post-Covid de clientèles en quête d’une meilleure qualité de vie, ainsi qu’au travers du développement de concepts plus « nature » et de l’hôtellerie de plein air.

Stéphane Botz, Associé KPMG Hospitality, Directeur National France.

Méthodologie

  • Dans la 45ème édition de son étude annuelle, KPMG France a analysé les ratios d’exploitation et de gestion d’un panel de 2 900 hôtels représentant une capacité totale de 230 000 chambres, soit 40 % du parc hôtelier homologué français (hors Palaces).
  • L’observatoire Palaces présente les données d’un échantillon de près de 1600 chambres, soit environ 60% du parc homologué Palace.
  • L’observatoire des Résidences de tourisme urbaines exploite les données de 380 appart’hôtels, totalisant plus de 40 000 appartements, soit environ 70% de la capacité disponible en zones urbaines en France en 2022.

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