Étude Les enjeux extra-financiers (risques émergents, changement climatique, dégradation de l’environnement, droits humains, questions sociales…) et leurs impacts financiers et non-financiers sont des sujets de préoccupation croissante pour les parties prenantes (entreprises, investisseurs, décideurs politiques, société civile, etc.). Ces parties prenantes ont besoin de comprendre à la fois l’information financière et non financière pour avoir une vision plus précise et holistique des performances des entreprises et comprendre comment ces dernières créent de la valeur sur le long-terme.

Dans ce contexte, nous avons la conviction, depuis plusieurs années, que la communication « corporate » des sociétés, cotées notamment, est appelée à se transformer et qu’il y aura à l’avenir une plus grande porosité et une meilleure intégration des informations financières et non financières. Notre objectif est de décrypter à intervalle régulier la façon dont évolue la communication financière et non financière des sociétés cotées pour identifier concrètement les grandes tendances. Ces enjeux de communication financière et non financière sont au cœur des missions de KPMG.

Par ailleurs, cette nouvelle édition s’inscrit dans un contexte où de nombreuses initiatives de la part de régulateurs et d’organisations appellent à davantage de transparence, de lisibilité, de fiabilité, de pertinence, de comparabilité… des informations non financières et à une interconnexion entre les données financières et non-financières :

  • Révision de la directive sur les informations non financières (qui sera applicable en 2023).
  • Momentum important en termes de communication financière et extra-financière (COVID, attentes investisseurs et agences ESG, multiples initiatives de normalisation..).
  • 2ème année d’application du Nouveau Règlement Prospectus (voir comment les pratiques se stabilisent).

Ambition et stratégie

Rapport intégré

Depuis plusieurs années, le rapport intégré est un format plébiscité par les émetteurs pour communiquer sur la création de valeur globale de l’entreprise. En 2020, 70% des émetteurs s’appuient sur ce format pour démontrer l’interconnexion des informations financières et extra-financières, et de plus en plus l’intègrent directement dans leur document d’enregistrement universel (19% en 2020, soit près de deux fois plus qu’en 2017).

Présentation de la stratégie

90% des émetteurs font référence aux enjeux extra-financiers dans la présentation de leur stratégie.

  

60% des émetteurs se sont fixé des objectifs extra-financiers.

Une grande majorité des émetteurs fait maintenant référence aux enjeux extra-financiers dans la présentation de leur stratégie. En outre, quasiment deux tiers d’entre eux a tenu compte des pratiques de place en présentant des objectifs extra-financiers.

Les émetteurs qui communiquent sur des objectifs extra-financiers communiquent en moyenne 5 objectifs dont :

  • 1 social,
  • 3 environnementaux,
  • 1 sociétal.

Parmi les 3 objectifs environnementaux,

  • 1 a minima est lié aux objectifs de réduction des émissions de CO2,
  • 1 à la gestion des ressources naturelles.

56% des émetteurs anticipent certains des futurs requis de la CSRD en adressant la résilience de leur stratégie face aux grands enjeux ESG et la compatibilité de leur stratégie climatique avec l’objectif de l’Accord de Paris qui est de limiter le réchauffement climatique en deçà de 2°C.

  

Objectifs extra-financiers

9/10 émetteurs communiquent sur des objectifs extra-financiers dans leur déclaration de performance extra-financière (DPEF). Cette tendance est stable par rapport à 2019.

Parmi les émetteurs qui publient des objectifs extra-financiers :

  • 87% publient des objectifs à court-terme (horizon à 5 ans) contre 78% l’an passé.
  • 58% publient des objectifs à moyen-terme (horizon à 10 ans) contre 39% l’an passé.
  • 37% publient des objectifs à long terme (horizon à plus de 10 ans) contre 41% l’an passé.

Si les dispositions relatives à la déclaration de performance extra-financière n’imposent pas la fixation d’objectifs extra-financiers chiffrés associés aux engagements de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), la détermination d’objectifs facilite néanmoins l’appréciation de la performance.

Focus climat

56% des émetteurs indiquent s’être engagé dans la démarche SBTi contre 37% l’an passé.

+51% entre 2019 et 2020.

48% des émetteurs affichent un objectif net-zéro.

La grande majorité de ces objectifs « zéro émission nette » a pour horizon 2050, alignée avec l’horizon de temps des objectifs de l’Union Européenne et d’une trajectoire à 1,5°C.

L’initiative Science-Based Targets (SBTi) encourage les sociétés à fixer des objectifs de réduction en ligne avec les recherches scientifiques et permettant de contribuer à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. 
La neutralité carbone est un engagement pris par de plus en plus d’émetteurs, en lien avec la trajectoire de réchauffement climatique 1,5°C et les objectifs de l’Union européenne.

Gouvernance

Rôle des organes de gouvernance

93% des émetteurs ont anticipé les exigences de reporting ESG de la CSRD en précisant le rôle des organes de gouvernance en lien avec la durabilité.

  

Organisation de la gouvernance

Il existe une très grande diversité de pratiques quant à la synergie entre les sujets RSE et les autres missions confiées aux comités spécialisés : 

  • Dans 64% des cas, lorsque les sociétés ne disposent pas d’un comité dédié aux enjeux RSE, ces derniers sont suivis par un autre comité.
  • Dans 71% des cas, il s’agit des comités en charge des missions d’audit, de contrôle interne et de suivi des risques.

Compétences distinctives des administrateurs mises en avant

92% des URD mentionnent les compétences des administrateurs.

Parmi ces émetteurs, 81% mentionnent explicitement les compétences RSE.

Risques

Risque climatique

Parmi leurs principaux risques dans la DPEF, plus de 9/10 émetteurs identifient de manière générique le changement climatique. 

  • 65% précisent de manière plus spécifique s’il s’agit de risques d’adaptation ou d’atténuation au changement climatique.
  • 52% des émetteurs font référence, de manière volontaire, aux recommandations de la TCFD et ont ajouté une table de correspondance TCFD, contre 44% en 2019.

La TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosure) a publié en 2017 des recommandations relatives à la publication d’information financières relatives au climat.

En décembre 2020, elle a reçu le soutien, entre autres, des groupes du CAC 40, du ministre de l’économie et de l’AMF.

Focus risque climatique

Impacts et risques financiers liés aux changements climatiques

  • Accroissement des attentes des investisseurs en matière d’information sur les impacts et les risques financiers sur ce sujet.
  • L’ESMA et l’AMF recommandent également aux émetteurs de fournir cette information qui se doit d’être proportionnelle aux enjeux et à la matérialité que représente bien entendu le changement climatique pour l’entité.

Seuls 13% des émetteurs quantifient les impacts financiers liés aux risques et opportunités climatiques.

  

Prise en compte progressive des enjeux liés à la biodiversité

42% des émetteurs ont identifié un risque significatif lié à la perte de biodiversité.

La biodiversité est un terme générique qui désigne ce que beaucoup considèrent comme un risque lié à la nature. Elle comprend les denrées alimentaires, les sols, les réserves d'eau potable, les paysages et les forêts. Le risque lié à la biodiversité touche tous ceux qui dépendent des services de la nature dans leurs chaînes d'approvisionnement, de la mode à l'agriculture en passant par la construction.

Mais seulement 27% publient un indicateur de pilotage sur ce sujet

Certains secteurs (industries extractives, papetières ou forestières) subissent depuis longtemps la pression des parties prenantes pour divulguer leurs impacts sur la biodiversité et pour réparer les dommages causés aux sites. Néanmoins, de nombreuses entreprises n'ont pas une compréhension détaillée de la façon dont les risques liés à la biodiversité pourraient affecter leurs activités, également par manque d’outils ou méthodologies qui les aideraient à modéliser ces impacts et risques. 

Analyse de la performance

Les pratiques restent cependant très disparates : certains émetteurs communiquent de manière intégrée, et d’autres présentent les indicateurs financiers et extra-financiers dans des sous-parties distinctes.

* Dans l’analyse de la performance et de la situation financière présentée au sein du rapport de gestion. 

Taxonomie durable

L’entrée en vigueur imminente de la taxonomie durable européenne illustre l’importance accordée aux enjeux climatiques.

Sans attendre la clôture 2021,

  • 13% des sociétés ont partagé l’état d’avancement de leurs analyses sur la taxonomie verte européenne dans leur publication 2020 ;
  • 10% d’entre elles ont commencé à communiquer sur des données chiffrées* relatives à l’éligibilité ou l’alignement.

Ces statistiques traduisent concrètement :

  • la convergence des informations financières et extra-financières réglementées
  • et l’impact financier désormais tangible des enjeux ESG.

* Relatives à l’éligibilité ou l’alignement : un KPI sur la totalité ou une partie des activités.

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