• Albane Liger-Belair , Partner |
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La mission cruciale de l’innovation, c’est l’innovation à impact, qui réconcilie performance économique, environnementale et sociale.

Face à la multiplicité des crises, la nécessité et l’urgence de construire une économie plus responsable, le sens de l’innovation évolue. Après une période très focalisée sur la technologie, on est en train de remettre les choses dans le bon ordre avec une innovation plus focalisée sur les aspirations et les besoins humains, et qui accompagne les entreprises sur l’ensemble de leurs dimensions : innovation sociale, managériale, environnementale. Avec au centre de leur démarche la notion d’impact.

L’innovation à impact

« La véritable innovation, c’est le changement de regard sur des problèmes existant depuis longtemps, associé à un changement de comportement ». Ces mots de Jean-Marc Potdevin, Fondateur d’Entourages*, lors de la conférence « Innovate to impact » en novembre dernier**, soulignent bien cette évolution de l’innovation.

Aujourd’hui cette dernière a un rôle crucial à jouer pour trouver les solutions qui répondront aux défis globaux.  Elle devient plus systémique, englobe des dimensions technologiques, managériales, environnementales, mais aussi sociales, pour construire un projet articulant avancées technologiques, progrès humain et respect du monde vivant.

La nécessaire transformation de l’économie passera en partie par l’innovation sociale. Cette démarche permet en effet « d’élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles », comme la définit le Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire (CSESS).

Ce n’est pas une notion récente. En 2011, l’Union Européenne lançait la Social Innovation Europe (SIE). La différence c’est qu’aujourd’hui, on passe de l’intention et de l’engagement de quelques entreprises à une véritable lame de fond qui touche l’ensemble de l’économie.

La nouvelle disruption

De façon très nette, on observe que les entreprises sont en train de quitter une focalisation exclusive sur la performance économique et financière.

Il y a eu les précurseurs, les entreprises qui montrent la voie, que ce soit des start-ups engagées dès le départ ou de grands corporates qui ont fait leur mue comme par exemple Danone, la MAIF, ou encore Decathlon, La Poste. Ces entreprises pensent les démarches RSE non plus comme un centre de coût mais comme un levier d’investissement et de profit au cœur même de leur activité. Mais cette question de nouveaux modèles de performance et de partage de la valeur touche progressivement l’ensemble des secteurs et des entreprises.

En effet, qu’elles le veuillent ou non, les crises successives, mais aussi leurs clients, leurs parties prenantes et surtout leurs collaborateurs challengent et font évoluer leurs modèles économiques.

Face à ce contexte, clairement, le nouveau terrain de jeu de l’innovation n’est plus le digital mais l’ESG.

Pour une croissance responsable

Contribuer à transformer l’économie dans un sens soutenable et positif va être le grand sujet de notre siècle. Il est d’ailleurs porté par la jeune génération qui, de Greta Thunberg aux étudiants de l’agro, exigent plus que jamais des projets avec du sens et veulent bâtir une croissance responsable qui place l’humain au cœur de sa réalisation.

C’est ce qui ressort du dernier book de tendances, publié par l’Innovation Lab de KPMG France, sur le thème de L’économie des transferts positifs.

Six tendances au service d’une prospérité durable ont été identifiées : l’humain au cœur comme socle stratégique ; l’économie du lien et les logiques collaboratives ; plus de moins, qui repose sur la sobriété et le sens ; Biocontinuum avec le vivant comme source d’inspiration, associé à la prise en compte globale de l’impact écologique ; ADN Tech  où la technologie touche toutes les composantes de l’entreprise ; Multicrises qui évoque la capacité des entreprises à anticiper les crises et à résister.

Dans un monde économique qui semble avoir atteint ses limites, avec un épuisement généralisé de la nature, mais aussi des humains et plus récemment des sociétés fatiguées de cette quête du toujours plus, la bonne nouvelle est que les transformations à opérer vont être sources de nouveaux gisements de valeur et de nouveaux modèles économiques souhaitables pour l’humain, la société et l’environnement.

Quant à l’innovation, et notamment l’innovation sociale, elle est amenée à jouer un rôle majeur dans ces mutations et nouveaux modèles vertueux à inventer.

* Association qui a pour mission d’engager chacun dans des réseaux de soutien auprès des exclus grâce à la technologie positive.

** Cycle de conférences conduit par KPMG et le Collège des Bernardins.