La COP27, se battre pour ne pas reculer !

La COP 27 s'est tenue dans un contexte géopolitique tendu, marqué par deux faits majeurs : la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix de l'énergie d’une part, et les tensions entre les Etats-Unis et la Chine d’autre part. Dans ce contexte, les questions de sécurité et la problématique du coût de l’énergie se sont heurtées aux pressions en faveur de la réduction des émissions carbone. Durant cette COP 27, une attention particulière a été réservée aux pays les moins développés, largement laissés pour compte dans les travaux des précédentes COPs.
La COP 27 fait suite à la COP 26 qui s’est tenue à Glasgow l’an dernier, durant laquelle aucune définition d’un «objectif net zéro carbone» n’avait pu faire l’objet d’un consensus, rendant ainsi tout accord imparfait. Selon les projections du Climate Action Tracker, si tous les engagements pris lors de la COP 26 étaient respectés, la température globale devrait néanmoins augmenter de 2,4 °C d’ici 2100 — soit une augmentation bien au-delà de l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris. Si plusieurs avancées notables concernant le financement climatique, la réduction de la consommation de charbon ou la diminution des émissions liées au méthane ont été atteintes, les échecs relatifs de la COP de Glasgow appelaient à des engagements plus ambitieux à Charm el-Cheikh.
La frustration des pays émergents est parfaitement légitime, car, bien que n’étant pas à l’origine du problème du changement climatique, ce sont eux qui en souffrent le plus...
La conjoncture défavorable et le contexte difficile ont pesé lourd sur le déroulement de la COP 27 qui était défensive par excellence.... Mais heureusement, dans la déclaration finale de la COP 27, l’objectif de l’Accord de Paris (maintenir le réchauffement à +1,5°C) a été réitéré. Il était également demandé d’intensifier les efforts en 2023. Un moindre mal, alors que l’objectif initial était d’arriver à des objectifs sectoriels qui accéléreraient la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La même déclaration finale ne pointe pas les énergies fossiles comme principale cause du changement climatique. En effet, les pays ne sont pas parvenus à aller au-delà de ce qui avait été décidé à Glasgow sur la nécessité d’abandonner progressivement le charbon et une suppression progressive des subventions inefficaces pour les combustibles fossiles.
L’acquis majeur de la COP 27 a été de faire avancer la question des « pertes et dommages ». Il s’agit de rétablir un certain équilibre en s’acquittant de la dette climatique des pays du Nord envers ceux du Sud. Sur ce sujet, qui est discuté depuis près de trente ans, un acquis important a ainsi été conclu : La création d’un fonds spécifique pour venir en aide aux pays les plus affectés. Ceci est sans nul doute la plus grande avancée de cette COP 27...

Safouane Ben Aïssa

Safouane Ben Aïssa, La Parole aux Experts, KPMG

Director Studies & Strategy - Advisory