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17 décembre 2021     |    3 min de lecture

ETHICAL ECONOMY

Anne Garans

Associée responsable du département développement durable de KPMG France

Les entreprises prennent, de plus en plus, en considération les enjeux RSE dans leur stratégie et se transforment en conséquence. Anne Garans, associée responsable du département développement durable de KPMG France, partage avec nous l’approche de KPMG.

La prise en compte par les entreprises françaises des enjeux sociaux et environnementaux dans leur stratégie a connu une évolution spectaculaire au cours des dernières années. Confirmez-vous cette tendance ?

Je confirme cette évolution spectaculaire au cours des dernières années, partout dans le monde. Sur ces sujets de RSE, la France possède d’ailleurs un vrai leadership. Elle a, depuis longtemps déjà, publié des réglementations très fortes en la matière. Dès 2001, la loi NRE (nouvelles régulations économiques) a imposé aux sociétés cotées de publier des informations environnementales et sociales dans ce qu’on appelle aujourd’hui les URD (document d’enregistrement universel). Dix ans plus tard, la loi « Grenelle II » a obligé les entreprises cotées, mais aussi les entreprises non cotées avec certains seuils, à publier et faire vérifier ces informations par un tiers externe, ce qui a constitué une autre belle avancée.

Il faut également citer la loi sur le devoir de vigilance, sortie en 2017, qui, au-delà du fait de rendre des comptes sur son entreprise en propre, impose de prendre en considération ses fournisseurs et sous-traitants, dans une démarche de responsabilité élargie de l’entreprise. Cette loi englobe les volets liés aux droits humains, environnementaux, sociaux et de sécurité. À chaque étape, la France a montré le chemin et les directives européennes lui ont par la suite emboîté le pas.

Je parlerais enfin de la loi Pacte (2019) qui, sur ces sujets RSE, propose aux entreprises volontaires de définir leur raison d’être et d’inscrire cette raison d’être, si elles le souhaitent, dans leurs statuts juridiques afin de devenir une entreprise à mission. C’est une très belle possibilité qu’offre la loi française. Au niveau international, il est également possible d’avancer en ce sens. On parle alors de « purpose » en anglais, pour définir sa raison d’être et, on peut devenir entreprise à mission en étant certifié « B Corp ».

Aujourd’hui, il est surtout question de raison d’être au sein des entreprises. Est-ce une forme d’évolution pour la RSE ou un véritable changement de paradigme ?

Il s’agit, selon moi, de l’évolution naturelle de la RSE. Il y a vingt ans, on ne parlait que d’environnement. Par la suite, la notion de développement durable est apparue, incluant les aspects sociaux et sociétaux. Aujourd’hui, les entreprises sont invitées à avoir une « boussole », c’est-à-dire à définir une raison d’être, à travers ce que propose la loi Pacte. Elles peuvent même devenir, pour certaines d’entre elles, des entreprises à mission.

Et pour les organisations qui souhaitent aller encore plus loin, il est possible désormais de définir de véritables stratégies à impact. C’est, là aussi, l’évolution naturelle d’une stratégie RSE qui vise à améliorer ses performances extra-financières en limitant son empreinte carbone et en améliorant ses performances sociales et sociétales, dans une logique d’amélioration continue.

La stratégie impact est le sujet de demain. Et d’aujourd'hui pour les entreprises à mission. Elle consiste pour une entreprise à intégrer un enjeu de société - deux au maximum - pertinent par rapport à son activité et son secteur et de le mettre au cœur de sa stratégie.

Vous avez très récemment participé à la COP26. Quels sont les enseignements - mais aussi les opportunités - pour les entreprises ?

Les COP sont vraiment des moments indispensables pour rappeler aux entreprises l’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. Elles permettent en outre à tous - États et entreprises - de prendre des engagements. Ce sont des manifestations importantes qui doivent exister et être renouvelées. Elles permettent de belles avancées, même si nous voudrions tous que cela aille encore plus loin, plus vite au vu de l’urgence climatique et de l’impatience - pleinement justifiée - des jeunes sur ces sujets-là.

La plupart des entreprises adoptent des stratégies de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, se fixant des objectifs de neutralité carbone, comme KPMG d’ici à 2030. On parle d’ailleurs maintenant de plus en plus de trajectoires en lien avec les accords de Paris, par exemple de trajectoires à 1,5 °C. C'est aujourd’hui la tendance des meilleurs élèves. Il y a un très bon référentiel derrière ces projets, celui de la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures).

À retenir
Aujourd’hui, les entreprises sont invitées à avoir une « boussole », c’est-à-dire à définir une raison d’être, à travers ce que propose la loi Pacte. L’initiative « KPMG Impact » nous amène à revoir toutes nos offres de services afin qu’elles intègrent l’ensemble de ces enjeux, qu’ils soient climatiques ou en lien avec notre chaîne de valeur.

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