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10 décembre 2021     |    6 min de lecture

ETHICAL ECONOMY

Edouard Hénaut

Directeur général de Transdev France

Vincent Destot

Directeur régional de Transdev Hauts-de-France

Transdev est un des premiers grands groupes à avoir déployé en interne l’indice de positivité et le seul, dès 2015, à avoir calculé l’indice au niveau local au Havre, au niveau France et groupe. Explications avec Edouard Hénaut, directeur général de Transdev France, membre du comité exécutif du groupe et Vincent Destot, directeur régional Hauts-de-France, membre du comité de direction France.

Qu’est-ce qui a poussé Transdev à s’inscrire dans cette démarche d’indice de positivité ? Quels étaient les objectifs initialement ?

Edouard Hénaut : En échangeant avec l’Institut de l’économie positive - dont nous sommes partenaires depuis 2015 - nous avons vu dans cet indicateur un moyen de nous ancrer encore davantage dans nos territoires. Il représente une opportunité de structurer nos démarches d’amélioration, pour tout à la fois valoriser nos initiatives RSE, créer de la réflexion dans nos équipes, mieux piloter la performance ou encore ouvrir de nouveaux horizons sur les sujets sociaux et environnementaux.

Il y a donc eu deux logiques dans notre déploiement : se structurer, s’organiser, travailler les axes des différents indicateurs, d’une part et, d’autre part, la volonté d’être en miroir avec un certain nombre d’initiatives des collectivités avec lesquelles nous travaillons.

L’idée avec cet indice, c’est aussi de faire en sorte qu’il soit intégré à terme dans les appels d’offres et qu’il devienne un avantage compétitif supplémentaire pour Transdev.


Comment le déploiement de cet indice a-t-il été orchestré, au niveau du groupe et au niveau local ?

Edouard Hénaut : En France, nous avons commencé par mobiliser les équipes du Havre autour du calcul de l’indice en 2015, sur tout le territoire de l’agglomération dans lequel nous opérons le réseau de mobilité (bus, vélos, funiculaire…), pour le compte de l’autorité organisatrice des transports. Transdev Normandie a ensuite rejoint l’initiative en 2019. En 2020, nous avons encore élargi le dispositif à 12 régions. Et en 2021, l’indice de trois régions (Hauts-de-France, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté) a aussi été calculé, et la démarche va s’accélérer en 2022-2023. L’indice groupe, calculé depuis 2015 également, est peu à peu intégré dans les échanges au sein de la communauté RSE internationale de Transdev.

Vincent Destot : Dans les Hauts-de-France, nous avons commencé le déploiement fin 2020. C’est en échangeant avec mon homologue de la région Normandie qui s’était engagé le premier au niveau régional, que j’ai compris qu’il était intéressant d’inscrire cet indice dans notre démarche RSE : il m’a expliqué les intérêts qu’il y avait trouvés, que ce soit dans son rapport au territoire ou ses relations avec les autorités organisatrices, avec les usages ou en interne.

Pour sa mise en place, nous avons surtout mobilisé le département de la transformation, qui a été la pierre angulaire de ce travail, aux côtés du réseau hygiène-sécurité-environnement et des équipes en charge de la performance économique et de l’exploitation. C’est tout l’intérêt de cette démarche : des équipes qui opéraient par le passé de manière indépendante sur les enjeux de RSE ont pu se retrouver autour de cet indice. 

Préalablement à ce déploiement, comment avez-vous sensibilisé les équipes aux questions relatives à la RSE ?

Edouard Hénaut : Le groupe Transdev s’est doté d’une raison d’être en 2019 : « Permettre à chacun de se déplacer chaque jour grâce à des solutions sûres, efficaces et innovantes au service du bien commun. » Toute la question a été ensuite de donner corps à cette raison d’être. Il a fallu expliquer pourquoi nous avons initié la démarche, mais aussi structurer nos initiatives et évidemment sensibiliser les collaborateurs et les parties prenantes. Dans chaque déploiement de l’indice de positivité, il y a donc toujours une étape de sensibilisation des équipes, qui permet de dialoguer et de mettre en place la mesure d’impact, de façon assez pragmatique. 

Vincent Destot : Dans notre région, nous avons déjà de longue date une sensibilité sociale, solidaire et responsable. L’indice est venu matérialiser ce que nous avions déjà engagé préalablement, notamment sur les sujets de la sécurité et de la formation des managers de proximité, ou encore avec nos offres de mobilité inclusive. Disposer d’un indice qui présente une garantie de respect des principes RSE, c’est aujourd’hui un atout pour Transdev et ce, d’autant plus que la démarche est totalement en cohérence avec notre raison d’être.

Quel bilan pouvez-vous déjà tirer de la mise en place de l’indice de positivité chez Transdev ?

Edouard Hénaut : L’indice de positivité répond très bien à nos enjeux d’ancrage territorial et il joue un rôle fédérateur. Il crée aussi une certaine pression de facto positive sur les équipes, qui cherchent à améliorer les différents scores année après année. Au niveau du groupe, l’un des intérêts est d’ailleurs de pouvoir se benchmarker : entre les régions qui l’ont déployé, nous observons déjà une logique d’émulation.

Vincent Destot : Effectivement, l’indice nous permet de nous comparer avec nos voisins normands : ils sont un peu au-dessus, donc ça nous motive ! Au sein du groupe Transdev, nous sommes heureux de voir des indices de positivité supérieurs à la moyenne du CAC40, mais nous savons que nous avons encore une marge de progression. L’indice nous donne un chiffre qui permet de nous situer par rapport aux autres, mais il est aussi le point de départ d’une prise de conscience, qui permet d’aller un peu plus loin sur un certain nombre de sujets.

Les rapports que vous entretenez avec vos clients et parties prenantes ont-ils évolué depuis la mise en place de l’indice ?

Edouard Hénaut : Nous avons l’habitude de travailler en coconstruction avec nos clients. Pour nous, il faut que cette démarche se traduise par un certain retour sur investissement et donc qu’elle soit reconnue par les collectivités. Mais cela reste avant tout un outil qui nous permet de mieux répondre aux attentes de nos clients et des usagers.

Vincent Destot : C’est un indice qui se construit dans l’échange et le dialogue. Par exemple, l’un des critères de l’indice est la qualité du dialogue avec les parties prenantes, mais se pose rapidement la question de comment le mesurer… Avec un de nos clients, nous sommes en phase de certification ISO 44001, pour nous assurer de la qualité de notre relation et démontrer que tout le monde est pris en considération : c’est totalement inédit.

Nous avons aussi la chance d’être dans une région qui est, elle aussi, dans cette démarche d’indice de positivité : c’est un plus pour nous d’avoir cette vision en commun. Cela permet de créer des échanges, de partager différemment lorsqu’on met en place des projets, et d’avoir des éléments supplémentaires à mettre dans la balance, en particulier dans le contexte de l’ouverture du TER à la concurrence. 

Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer pour mettre en place l’indice et le faire évoluer ?

Edouard Hénaut : Au départ, la mise en place de l’indice peut être vue comme une source de travail supplémentaire. Elle génère effectivement des problématiques de reporting en local, mais nous avons une organisation bien rodée sur les actions de reporting RSE : la prise en compte de nos impacts était déjà bien engagée. L’autre difficulté était liée à notre ambition : faire de cet outil un soutien de nos démarches d’impact au plus près des territoires. Cette difficulté se règle par la cohérence dans le temps. Ce que nous avons réussi à faire.

Vincent Destot : Il arrive que l’on soit un peu déçu par certains résultats de l’indice, car l’on pensait être meilleur sur certains points, mais c’est aussi une stimulation pour progresser. Pour certains indicateurs, la difficulté a été de trouver des correspondances avec nos activités, puisqu’il s’agit d’un indice général, destiné à s’appliquer dans tous les secteurs. Néanmoins, ce n’est pas véritablement un problème : il n’y pas eu réellement d’obstacle au déploiement. Pour preuve, nous observons une forte adhésion des équipes. 

À retenir
L’indice de positivité est un moyen de s’ancrer davantage dans les territoires. Il représente une opportunité de structurer ses démarches d’amélioration, pour tout à la fois valoriser les initiatives RSE, créer de la réflexion dans les équipes, mieux piloter la performance ou encore ouvrir de nouveaux horizons sur les sujets sociaux et environnementaux.

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