55 ans avant celle du Brexit : la crise du Concorde

55 ans avant celle du Brexit : la crise du Concorde

[Décryptages - International]

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Le 29 novembre 1962, les gouvernements français et britannique concluent à Londres l’accord de construction de l’avion supersonique Concorde, dont le premier vol d’essai sera réalisé à Toulouse six ans et demi plus tard, le 2 mars 1969. Cette grande aventure aéronautique a cependant failli être interrompue en 1964.

Les élections générales britanniques du 15 octobre 1964 donnent de justesse la majorité au Parti travailliste. Après treize années de domination des conservateurs, un Premier ministre du Labour – Harold Wilson – s’installe 10 Downing Street. Dès le 26 octobre, son gouvernement publie un Livre Blanc sur la situation économique du royaume, qui recommande de renoncer aux dépenses de prestige.

Le Concorde, dont le budget prévisionnel a déjà doublé, est visé. Le 28 octobre, le ministre britannique de l’aviation se rend à Paris pour demander une révision de l’accord. Or cet accord, qui tient en sept courts articles, ne prévoit ni clause de révision, ni clause de rupture !

En l’absence d’arguments juridiques pouvant justifier une renégociation, le gouvernement français fait la sourde oreille : il refuse purement et simplement d’entrer officiellement en discussion. Londres menace alors de se retirer unilatéralement de la coopération. A l’Elysée, le général de Gaulle maintient fermement la position française, persuadé que le retrait britannique serait lourdement sanctionné par la Cour internationale de justice.

En coulisse, courant novembre, les syndicats français prennent contact avec les Trade Unions au nom de la sauvegarde de l’emploi. La SFIO (Parti socialiste français) approche de son côté le Parti travailliste. Il est suggéré de poursuivre la coopération jusqu’à la réalisation d’un prototype, en réservant la possibilité de ne pas passer à l’étape industrielle si les conditions économiques s’y opposent.

Wilson, convaincu d’avoir commis une erreur d’appréciation, se rallie à cette position. Comme il n’y a pas eu de remise en cause formelle de l’accord du 29 novembre 1962, l’incident n’a pas d’existence juridique et le gouvernement britannique n’a pas à renoncer explicitement à sa demande de révision. Il lui suffit de réaffirmer sa volonté de poursuivre la coopération. Le "business as usual" reprend ses droits.

55 ans avant celle du Brexit : la crise du Concorde

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