Performance Achats et enjeux RSE : des intérêts convergents
La performance économique, et plus précisément la réduction des coûts, a toujours été un enjeu des directions achats. Longtemps considérés comme « cost killer », les acheteurs ont pour rôle d’identifier les pistes d’optimisation des coûts et de réaliser des économies tangibles sur le compte de résultat de l’entreprise.
Toutefois, leur périmètre d’actions est bien plus large, et à l’impact économique évident des achats sur l’entreprise, s’ajoutent des considérations extra-financières.
Les enjeux RSE, de plus en plus prégnants dans la société et dans les organisations, deviennent alors une considération majeure des directions achats. Prendre en compte ces enjeux impactent nécessairement la structure de coûts de l’entreprise. Toutefois, loin d’être incompatibles avec la performance, les initiatives RSE peuvent même être des leviers de croissance.
En effet, le concept d’achats responsables s’inscrit dans une démarche plus large de sens et de performance globale de l’entreprise. L’acheteur, par sa perception et sa sensibilité, joue un rôle déterminant dans le positionnement de l’organisation sur ce sujet. Il peut redéfinir la productivité et la performance en s’appuyant sur une allocation des ressources et un suivi des dépenses plus responsables pour réaliser des économies durables et « vertes ».
Dans ce sens, l’intégration des actions RSE dans l’évaluation de la performance passe nécessairement par une révision du calcul de ROI. Celui-ci doit être repensé pour prendre en compte les actions liées à une politique d’achats responsables créatrice de valeur économique, mais aussi de valeur sociétale et environnementale (en misant sur l’impact positif de ses produits ou services, et sur ses fournisseurs/partenaires responsables).
Les engagements responsables d’une entreprise ne sont donc pas seulement compatibles avec la performance économique, ils sont également source d’une valeur ajoutée qui n’était jusqu’alors pas prise en compte, et peuvent même être une réelle opportunité de croissance.
À l’instar de ce que l’on observe sur les tendances de consommations B2C, les marchés B2B connaissent eux aussi une remise en question de leur chaîne d’approvisionnement. Les entreprises orientent progressivement leurs achats autour de trois principes clés :
- Consommer moins
Ce premier principe répond à une exigence croissante de réduction des coûts et de l’impact des entreprises sur l’environnement. Les acheteurs ont alors l’opportunité de revoir leurs structures de coûts, en collaboration avec les différentes parties prenantes internes, afin d’agir concrètement sur ce sujet : approche « budget to cost » pour revoir la composition des produits, challenge des besoins et volumes en misant sur une meilleure planification et gestion des stocks, rénovation de bâtiments ou machines pour réduire l’impact énergétique, optimisation des flux logistiques pour réduire l’impact carbone, etc.
- Consommer mieux
Au-delà de réduire la consommation globale de l’entreprise et son impact, l’acheteur a un rôle clé à jouer sur l’orientation donnée à la politique achats, et cela passe notamment par la sélection de produits/matériaux éco-responsables et innovants, mais aussi plus largement en repensant la relation avec les fournisseurs. Un des principaux risques, mis en lumière, notamment, par la crise sanitaire actuelle, est le risque lié à la supply chain. Les Achats s’inscrivent alors dans une logique de sécurisation qui nécessite d’établir une cartographie de leurs fournisseurs, du rang 1 au rang N, pour garantir la transparence et la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement. De surcroît, le développement de relations partenariales que l’on peut observer dans de nombreuses organisations contribue à cette visibilité mutuelle et une meilleure anticipation des risques.
- Consommer local
Repenser sa supply chain globale devient indispensable pour un certain nombre d’organisations ou de secteurs d’activité, comme nous l’a brutalement rappelé la pandémie mondiale. Le risque de défaillance fournisseurs ou de rupture d’approvisionnement doit alors être anticipé, par une veille constante et efficiente du flux d’informations. En outre, les acheteurs peuvent participer à la sécurisation de ces risques en adoptant une stratégie de multi-sourcing ou encore en envisageant la relocalisation de certains de ses fournisseurs ou de ses activités. Au-delà d’assurer un chiffre d’affaires à l’entreprise, celle-ci contribuera à la réduction de ses coûts, de logistiques et transports notamment, mais aussi au développement de fournisseurs et territoires locaux.