Rencontre avec Morgan Bouchet, directeur du programme XR et métavers chez Orange.
Vous suivez depuis longtemps l’émergence des technologies immersives. Comment analysez-vous l’essor actuel du métavers ?
Je préfère en l’état parler de monovers car les mondes synthétiques que nous voyons émerger se développent encore beaucoup en silo. Ils constituent une transition vers un monde augmenté plus global où nous pourrons agir de manière fluide et continue avec des éléments virtuels connectés au réel. Nous disposons déjà de briques de ce monde augmenté - avec les solutions de paiement virtuels ou les réseaux 5G. Mais ce mix des réalités suppose de scanner plus en avant notre monde réel pour en proposer une reproduction réaliste.
Il suppose aussi d’en modéliser les comportements et les évolutions afin de développer des univers animés, et responsables, selon des règles comparables à celles du monde physique.
Quels champs d’applications voyez-vous pour ces univers virtuels ?
Pour le grand public, le métavers s’oriente vers des univers qui reprennent les codes du jeu en ligne avec des expériences novatrices comme des concerts ou défilés de mode virtuels. Pour les entreprises, nous voyons des applications prometteuses s’imposer autour de jumeaux numériques dans l’industrie. Ils se développent dans l’aéronautique, l’automobile mais aussi dans des secteurs plus inattendus. Dans le cadre de nos activités de Recherche, nous avons prototypé la modélisation du processus de production de pommes de terre pour une ferme agricole.
Quels sont les grands défis auxquels ces mondes virtuels doivent faire face ?
La question de l’interopérabilité, et de la durabilité, est essentielle pour dépasser cette approche en silo que je mentionnais. Elle suppose une certaine standardisation dont il est encore difficile de définir les contours. Mais les principaux acteurs du secteur travaillent déjà ensemble sur ces sujets au sein d’instances comme le Metaverse Standard Forum. Un autre enjeu clé est celui de la confiance du public dans ces technologies. De nombreux motifs d’inquiétude remontent concernant aussi bien la confidentialité des données que le risque de cyber harcèlement. Les acteurs du secteur doivent construire un discours clair sur le sujet et le décliner à travers des messages clés. Ce n’est pas forcément dans leur culture, mais nous bénéficions sur les sujets de confiance numérique de l’expérience des précédentes phases d’internet, le Web 1 et le Web 2.
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