• Sunil Mistry, Author |
4 minutes de lecture

Le vieil adage « La qualité prime la quantité » semble décrire parfaitement l'état actuel de l'écosystème du capital de risque au Canada. Après une année 2021 record, les investissements en capital de risque au Canada demeurent vigoureux au T1 tout en illustrant clairement une tendance émergente : des transactions moins nombreuses, mais plus importantes.

Les sociétés canadiennes de capital de risque ont amassé 824 millions de dollars US au T1 de 2022, selon le plus récent rapport Venture Pulse de KPMG Entreprises privées. Même si le montant a cru au cours des deux trimestres précédents, il a été fortement marqué par une importante augmentation du financement de série C.

L'investissement en capital de risque a totalisé 3,5 G$ US au Canada dans les trois premiers mois de l'année, en hausse par rapport au 3,0 G$ US de la même période l'année précédente et au 2,8 G$ US du T4 de 2021. Ce total ne comprend que 213 transactions, soit beaucoup moins que l'an dernier. Or même si le nombre de transactions est en baisse, leur valeur est en hausse, une tendance que j'ai observée ces deux dernières années.

Ralentissement de l'activité en matière de PAPE et de CRS
Tandis que les montants des transactions et des levées de fonds augmentent, les investissements en capital de risque des sociétés (CRS) et les activités liées à un premier appel public à l'épargne (PAPE) ont ralenti, pour leur part. Le recul de l'activité en matière de CRS observé au T4 de 2021 s'est poursuivi au T1 de 2022; là encore, les transactions ont été moins nombreuses qu'au trimestre précédent et qu'à la même période l'an dernier. Quant à la valeur de ces transactions, elle est également beaucoup plus faible que celle des trois trimestres précédents, même si elle est encore supérieure à celle de l'année dernière.

On n'a compté que 27 sorties au T1, pour une valeur de 77,5 M$, soit une baisse énorme par rapport au trimestre précédent (34 sorties totalisant 3,4 G$ au T4 de 2021) et à l'an dernier (34 sorties totalisant 1,2 G$). Des 25 sorties du trimestre, deux seulement étaient des PAPE. Alors, comment expliquer pareille situation? Voici mon hypothèse : le niveau d'effervescence du marché des PAPE, qui était très élevé l'an dernier, est retombé puisque de nombreuses sociétés entrées en bourse à cette période n'ont pas répondu aux attentes des investisseurs. Qui plus est, les inquiétudes suscitées par la guerre en Ukraine, l'instabilité géopolitique, la perturbation des chaînes d'approvisionnement ainsi que la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt contribuent à miner les attentes et à réduire les évaluations d'entreprise, ce qui rend la transformation en société ouverte moins attrayante qu'elle pourrait l'être. Reste à savoir si et comment cette tendance se manifestera au cours des prochains trimestres.

Les technologies toujours dominantes
À l'image de la situation du capital de risque aux États-Unis et à l'échelle mondiale, les technologies continuent de dominer sans partage chez les investisseurs canadiens. La moitié (105) des transactions du trimestre concernaient les technologies de l'information, dont 96 dans le domaine des logiciels. En creusant davantage, on constate que les secteurs les plus actifs comprennent l'intelligence artificielle et l'apprentissage machine (30 transactions), la technologie financière (28) et les cryptoactifs et la chaîne de blocs (17).

Les soins de santé représentent un autre domaine important avec ses 34 transactions, dont la majeure partie concernait – vous l'aurez deviné – la technologie des soins de santé. L'innovation dans ce secteur a été tout particulièrement stimulée par la pandémie de COVID-19, une tendance qui devrait perdurer.

Les écotechnologies et les technologies liées à la lutte contre le réchauffement climatique forment également un secteur d'intérêt : 16 transactions les concernant ont eu lieu au cours du trimestre. Ce secteur sera à surveiller, puisque le gouvernement fédéral a récemment annoncé, lors du dépôt du budget, qu'il aiderait des entreprises dans le domaine des technologies propres à hauteur de plusieurs milliards de dollars.

Le capital de risque au Canada et la suite des choses
Au cours des dernières années, des sommes colossales ont été injectées en capital de risque au Canada. On a observé un grand nombre de deuxièmes levées de fonds ainsi que de transactions touchant des entreprises au stade de croissance; ajoutons que plus du tiers des transactions de capital de risque concernaient celles-ci, et ce, au T1 seulement. Ce sont là des signes que notre écosystème gagne en maturité. Autrement dit, le capital de risque canadien mûrit, tout comme ses investisseurs d'ici et d'ailleurs.

Les masses de réserves de liquidités qui sont mobilisées (ou qui attendent de l'être) devraient faire en sorte que l'écosystème canadien du capital de risque continue d'attirer des investissements considérables au cours des prochains trimestres. Notre groupe Services-conseils aux entreprises le constate de première main, ses T3 et T4 étant déjà très occupés. Par ailleurs, il est possible que l'activité ralentisse d'ici la fin de l'exercice si persistent les vents contraires mentionnés précédemment, comme l'instabilité géopolitique, l'inflation et la hausse des taux d'intérêt. Soyez à l'affût de nos mises à jour au courant de l'exercice.

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