Si vous croyez qu’informatique quantique rime encore avec science-fiction, il est temps de vous intéresser davantage à la question. Des leaders et des innovateurs en technologie de partout dans le monde s’affairent continuellement à perfectionner les technologies de l’informatique quantique, qui changeront profondément notre façon de comprendre, de traiter et de partager les données. On ne saurait surestimer le rôle que pourraient jouer les ordinateurs quantiques dans la transformation de secteurs et de vies, ainsi que les risques liés à la sécurité que ces machines posent si elles sont exploitées de mauvaise foi.
Les ordinateurs quantiques utilisent le principe de superposition quantique – la capacité des particules subatomiques à exister sous plusieurs états à la fois jusqu’à ce qu’on les mesure – pour résoudre des problèmes complexes en un claquement de doigts et stocker beaucoup plus d’information que les ordinateurs classiques. Cette observation scientifique est fascinante, tout comme ses implications. Cet énorme pas en avant dans le secteur de l’informatique aura son lot d’incidences positives sur le monde, mais il peut aussi donner aux cyberattaquants un avantage majeur sur les organisations qui n’ont pas pris en compte l’informatique quantique dans leur approche de cybersécurité.
Envisagez les possibilités : d’un côté, l’informatique quantique peut résoudre des problèmes mathématiques extrêmement complexes, accélérer le développement de médicaments et de vaccins essentiels, améliorer considérablement la modélisation financière et amener notre capacité à partager et à communiquer vers de nouveaux sommets. De l’autre, les utilisateurs malveillants mettront sans doute à profit l’informatique quantique pour ne faire qu’une bouchée des défenses numériques des organisations, les exposant ainsi à des cyberattaques débilitantes et menaçant la sécurité publique.
Combler l’écart
À mesure que les produits et les services liés à l’informatique quantique intégreront les secteurs d’activité canadiens, il sera essentiel que les organisations prennent connaissance des occasions et des menaces qu’ils présentent. Un récent sondage mené par KPMG au Canada auprès d’organisations canadiennes et américaines offre un aperçu de la manière dont les dirigeants, les experts en science des données et les directeurs des technologies de l’information tiennent compte de ces deux facteurs. Constat : les organisations canadiennes doivent rattraper leurs pairs à l’échelle mondiale.
Tout d’abord, nous ne sommes que modérément au fait de la puissance de l’informatique quantique. Bien que près de 60 % des répondants canadiens disent que leur organisation comprend clairement les avantages que procure l’informatique quantique, seulement 58 % sont intrigués par son potentiel en ce qui les concerne. Quant aux risques inhérents pour leur organisation, 55 % des répondants canadiens affirment les avoir pleinement évalués, mais seulement 53 % estiment qu’ils sont prêts à y faire face.En comparaison, les taux de sensibilisation des répondants américains indiquent une reconnaissance beaucoup plus élevée des effets positifs et potentiellement menaçants qu’entraîne l’informatique quantique.
Considérons également les taux d’adoption au pays : seulement 16 % des organisations canadiennes sondées exploitent actuellement l’informatique quantique ou les simulateurs quantiques dans une certaine mesure, tandis qu’un tiers (30 %) d’entre elles en sont au stade de la conception de leur stratégie quantique, et plus de la moitié n’ont pas encore franchi les premières étapes. Ici encore, les taux d’adoption et d’utilisation des répondants américains sont près de deux fois plus élevés que ceux des organisations canadiennes, et notre volonté d’investir dans l’informatique quantique dans un proche avenir est tout aussi à la traîne.
Toutefois, ces chiffres ne sont qu’un instantané de la situation. Bien qu’ils puissent indiquer une réticence du Canada à adopter l’informatique quantique à l’heure actuelle, tout porte à croire que cette attitude changera. Après tout, au cours des dernières années, nous avons assisté à l’émergence de pôles d’informatique quantique partout au pays. Nous avons aussi vu des innovations en matière d’informatique quantique s’implanter dans les activités et les systèmes administratifs d’un nombre croissant d’organisations. Chez KPMG, nous travaillons activement avec les clients à l’évaluation des risques quantiques, nous informons les dirigeants et les conseils d’administration, et nous collaborons avec nos partenaires d’alliance stratégique pour lancer des projets d’optimisation d’inspiration quantique dans des secteurs tels que les finances et les télécommunications.
Nous sommes donc peut-être à la traîne relativement à nos pairs américains, mais il y a raison de croire que le Canada envisage de combler l’écart.
Faire le saut
En ce qui concerne la généralisation de l’informatique quantique, il s’agit d’un marathon, et non d’un sprint, et de véritables obstacles freinent les organisations canadiennes. Parmi ceux-ci, mentionnons un manque de compétences et de capacités au sein des équipes internes, de cas d’utilisation convaincants et d’adhésion de la haute direction et des conseils d’administration. L’accès limité au matériel quantique et les coûts qui s’y rattachent, qu’il s’agisse de systèmes sur place ou infonuagiques, font également obstacle dans certaines organisations. Toutefois, les obstacles pourront être surmontés à mesure que la sensibilisation accroîtra et que les innovations et les avancées canadiennes dans le domaine de l’informatique quantique laisseront leur marque.
Que votre organisation soit prête ou non, l’informatique quantique aura une incidence sur elle. Peut-être que vous tirerez parti de ses avantages, ou peut-être que vous devrez établir une défense contre les utilisateurs malveillants. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que l’informatique quantique ne relève pas de la science-fiction. La réussite de toute organisation dépend de sa volonté de créer un plan d’action à ce chapitre et de le mettre en œuvre dès que possible. La course est lancée; ne mordons pas la poussière.