• Shawn Ellsworth, Author |
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​La COP15, ou la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, s’est tenue à Montréal en décembre dernier. L’événement a réuni 10 500 délégués et 13 500 observateurs qui se sont entretenus sur la perte croissante de biodiversité dans le monde et de la nécessité pour les gouvernements et les entreprises d’y accorder une attention particulière. Les résultats de ce sommet international suscitent des discussions cruciales au sein des organisations des secteurs public et privé.

La liste d’invités comprenait des représentants de 188 gouvernements à l’échelle mondiale, des chefs de file de leur secteur, des groupes de la société civile, des membres de peuples autochtones, des scientifiques, des gens des médias, ainsi que des représentants du monde des affaires et de la finance. Plusieurs collègues de KPMG à l’échelle internationale, et moi-même, faisions partie de ce dernier groupe. Pendant 13 jours, nous nous sommes réunis dans des salles de conférence et des couloirs bondés pour discuter des répercussions de la crise environnementale qui s’aggrave, des solutions possibles et d’initiatives pour limiter la perte future de biodiversité.

L’une des mesures les plus importantes découlant de la COP15 a été la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, un accord historique sur la biodiversité qui présente 23 cibles et 4 objectifs principaux visant à réduire la perte de biodiversité et à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030. Comme Elizabeth Mrema, sous-secrétaire générale et directrice exécutive adjointe du PNUE, l’a justement mentionné dans son discours : « À l’heure où les gouvernements cherchent à guérir nos relations avec la nature, il est clair que le monde réclame des changements. »

Répondre à l’appel
La COP15 a lancé un appel urgent à l’action pour prévenir la perte de biodiversité, et les dirigeants d’organisations secteurs public et privé sont déterminés à y répondre. Ce qui distingue les décisions prises à la COP15 des engagements précédents en matière de protection de la biodiversité, c’est que le secteur privé est plus que jamais appelé à jouer un rôle de leadership crucial. Selon des estimations, les mesures découlant de cet appel à l’action devraient générer 10 billions de dollars américains en nouvelles occasions d’affaires, et nous devrions en tirer parti. Voici quelques façons dont votre organisation peut se préparer aux changements à venir et y participer :

Posez les bonnes questions : Les organisations devront probablement faire preuve de plus de transparence et fournir des renseignements ciblés et détaillés quant à leurs relations avec les systèmes naturels et à leur dépendance à leur égard. Pour se préparer à une surveillance accrue de la part des parties prenantes et aux exigences de déclaration attendues, il est utile de poser des questions clés, notamment :

  • Comment prenez-vous en compte la nature dans votre stratégie climatique? La COP15 et la conférence sur les changements climatiques (COP27) ont révélé une interdépendance importante : les changements climatiques sont un moteur majeur de la perte de biodiversité, et la nature joue un rôle crucial dans la limitation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Une solide stratégie climatique devra tenir compte de la biodiversité et des solutions axées sur la nature de façon plus globale, notamment en considérant l’atténuation des effets négatifs potentiels (p. ex., extraction des métaux nécessaires à la transition énergétique).
  • Quelles sont vos répercussions sur la nature, et comment dépendez-vous de celle-ci? Toutes les entreprises opèrent dans des écosystèmes naturels et les affectent. Pour demeurer concurrentielles, il est plus important que jamais que les organisations comprennent les risques physiques et transitoires auxquels leurs activités pourraient être exposées en raison de la détérioration de ces écosystèmes, ainsi que, dans l’ensemble, leur incidence positive et négative sur la biodiversité. Il est également important de reconnaître que ces incidences peuvent être indirectes, comme les répercussions découlant des activités de financement des investisseurs et des prêteurs.
  • Comment faites-vous rapport de votre incidence? Les résolutions de la COP15 exigent une présentation de l’information sur la biodiversité plus stricte et transparente. Il est probable que cela soit nouveau pour votre organisation. Comprenez-vous les cadres de présentation de l’information en cours d’élaboration? Savez-vous ce sur quoi vous devrez faire rapport et comment vous le ferez avec exactitude et transparence?

Adoptez le cadre du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature : Approuvé dans une large mesure par la communauté financière mondiale, le cadre devrait être terminé en septembre 2023 et s’inscrira dans les recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques. Cela permettra d’assurer l’uniformité des normes de présentation de l’information sur le développement durable et aidera les entreprises et les parties prenantes à s’échanger des renseignements selon un cadre cohérent qui suscite la confiance.

Laissez la parole aux communautés autochtones : Les connaissances et les points de vue des représentants autochtones ont joué un rôle critique dans les activités de la COP15 et ont contribué à l’établissement d’une orientation pour l’avenir. Depuis des millénaires, la protection de la Terre et de sa biodiversité est un principe central de la culture autochtone, qui offre une mine de connaissances, de stratégies et de sagesse. Lorsque vous réfléchirez à votre approche relative à la nature, considérez comment une stratégie de réconciliation autochtone pourrait être instructive et jouer un rôle important dans votre parcours.

Notre cabinet fait partie de ceux qui écoutent. Dans le cadre des efforts que déploie KPMG au Canada pour amplifier la portée des voix autochtones, nous nous sommes engagés à investir 500 000 $ en services pro bono pour soutenir des projets menés par des organisations autochtones qui auront une incidence sur la protection de la nature et de la biodiversité.

Profitez de l’avantage qui appartient à ceux qui ouvrent la voie : D’une manière ou d’une autre, les organisations ressentiront l’incidence des engagements en matière de biodiversité de la COP15. Elles ont le choix d’ignorer ces changements jusqu’à ce qu’il soit trop tard, ou d’agir maintenant. Il est important de noter que les organisations qui prennent des mesures dès maintenant profiteront d’un avantage concurrentiel dans leur secteur en devenant un fournisseur ou un partenaire de choix.

L’incidence sur la présentation de l’information
Le cadre mondial de la biodiversité entraîne un changement important dans la façon dont les gouvernements devront suivre et mesurer leurs engagements en matière de biodiversité. Cela mènera à l’établissement de normes, règles et règlements concernant la manière dont les entités des secteurs privé et public mesurent leurs effets sur la biodiversité et présentent leurs résultats. Déjà, le Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité a établi des plans visant à accroître la transparence des rapports sur la biodiversité dans le cadre de ses propres normes, et de nouvelles normes seront bientôt présentées.

Le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature devrait devenir un cadre de référence pour l’élaboration de normes. Cependant, les organisations devraient être conscientes que se conformer à la réglementation et aux exigences d’information à fournir en matière de biodiversité est susceptible d’être encore plus compliqué qu’en ce qui concerne les changements climatiques. Dans le cadre des rapports sur les changements climatiques, il existe des paramètres universels pour mesurer les progrès dans la réduction des émissions; ce n’est pas le cas pour la biodiversité et le capital naturel.

Changer l’histoire
Pour bien des organisations, la COP15 a sonné un appel à l’action. Pour moi, c’était un rappel qu’il faut s’attaquer aux enjeux existentiels très réels du moment pour léguer à la prochaine génération un monde dans lequel ils pourront vivre et prospérer. Par expérience, je sais que les jeunes se préoccupent de plus en plus des défis associés au climat et à la biodiversité. Il leur arrive de parler des changements climatiques avec impuissance, une réaction naturelle aux manchettes que nous voyons tous les jours.

Mais nous ne sommes pas impuissants. Loin de là, en fait. Mettre en œuvre les engagements découlant de la COP15 sera complexe et, pour certains, coûteux – mais nécessaire.

Comme plus de 50 % du produit intérieur brut mondial dépend modérément ou fortement de la nature, il est temps pour les entreprises d’évaluer leur dépendance à la nature, de comprendre les occasions à saisir et les risques auxquels elles s’exposent, et d’adopter une relation positive avec la nature comme composante essentielle de leur stratégie d’affaires globale et durable.

La COP15 a poussé de nombreux pays à contribuer à changer l’histoire sur la perte de biodiversité. Maintenant que le message est lancé, il est temps pour toutes les parties prenantes de décider comment elles veulent écrire leur propre chapitre.

Parce que la nature est l’affaire de tous.

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