Nous nous trouvons à un point de bascule déterminant. Tandis que l'économie mondiale amorce rapidement un virage vers de faibles émissions de carbone, les entreprises ont de plus en plus de la difficulté à trouver du capital, notamment les PME, qui pourraient en subir les conséquences de façon disproportionnée. Pendant ce temps, des facteurs liés aux préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) orientent de plus en plus le flux de capitaux. Dans ce contexte, deux scénarios potentiels s'opposent.
D'un côté, certains croient que des transformations économiques sans précédent se produiront au cours de la prochaine décennie. À l'origine de cette croyance se trouve la conviction que l'augmentation des températures mondiales doit être maintenue en deçà de deux degrés Celsius, conformément aux objectifs de développement durable des Nations Unies. D'ici 2030 idéalement, chaque pays collaborera suffisamment pour mettre en place des mécanismes permettant d'atteindre la carboneutralité (c'est-à-dire, la décarbonation).
De l'autre côté, un scénario adverse suppose que la mise en place d'une politique gouvernementale uniforme à l'échelle mondiale prendra des décennies, et que la carboneutralité, si elle est réalisable, ne sera pas possible avant l'an 2070.
Il va sans dire que ces deux scénarios sont incompatibles.
KPMG prend très au sérieux les questions relatives aux enjeux ESG. En effet, KPMG International annonçait récemment un investissement de 1,5 milliard de dollars américains au cours des trois prochaines années pour améliorer les compétences en ESG, accélérer l'adoption de nouvelles technologies et encourager à agir. Comme je participe à ces objectifs dans mon travail quotidien, je sais que les défis que pose le changement climatique sont complexes et difficiles à relever. Jusqu'à présent, aucune solution n'est facile, même si l'on trouve des réponses. Toutefois, je vois deux secteurs où des gains peuvent être réalisés plus facilement : la technologie et le personnel.
La technologie (ou le moyen)
Tout d'abord, il faut reconnaître que la décarbonation dépend du déploiement incomparable de nouvelles technologies (comme le captage et le stockage de carbone) et de sources d'énergie alternative et renouvelable. Cependant, la plupart des technologies les plus prometteuses n'existent pas à l'échelle commerciale. Pour cette raison, elles auront de la difficulté à trouver le financement de base et les matières premières nécessaires à leur développement.
Comme le souligne le site anglophone Science Based Targets Initiative (en anglais), plus de 90 % de la décarbonation doit se faire dans le cadre d'activités commerciales et individuelles, plutôt que par le captage du carbone et la géo-ingénierie. En attendant, les mesures traditionnelles de rendement du capital pourraient limiter considérablement les investissements nécessaires en recherche et développement (R-D) et en déploiement.
Le développement et le déploiement de nouvelles technologies dépendront de niveaux inégalés de coordination et d'échange de renseignements entre les secteurs et les chaînes de valeur. Ils pourraient cependant être limités par les lois actuelles sur la concurrence, ainsi que par des organisations et des pays qui protégeront leur propriété intellectuelle. Cela signifie que l'investissement du secteur privé ne nous permettra pas à lui seul d'atteindre la carboneutralité, même si les entreprises dépassent présentement les gouvernements.
C'est en particulier pour ces raisons qu'il faudra à moyen terme prendre des décisions complexes en matière de politique publique et investir. Des exemples? Favoriser l'innovation et le déploiement de combustibles propres, et établir des normes pour la gestion et la communication des risques climatiques. Une solide collaboration entre les gouvernements et le secteur des affaires sera indispensable, et les dirigeants d'entreprise auront une occasion unique de faire preuve de leadership.
La main-d'œuvre (ou l'agent)
De manière plus générale, il existe une grave pénurie croissante des compétences spécialisées nécessaires à la décarbonation de l'économie. En effet, il s'est déjà creusé un énorme fossé entre l'offre et la demande pour ce type de compétences (en anglais). Les canaux traditionnels d'éducation et de formation ont du mal à réagir promptement : il faut des années pour créer de nouveaux programmes, tandis que de nouvelles demandes se matérialisent en quelques mois.
Malheureusement, le perfectionnement et la requalification ne seront probablement possibles que dans certains domaines limités. C'est en fait un angle mort dangereux pour les dirigeants. Selon un récent sondage de KPMG, 74 % des dirigeants d'entreprises mondiales estiment avoir déjà les talents nécessaires pour exécuter leurs plans de décarbonation. Cela me semble beaucoup trop optimiste.
En effet, la technologie ne s'invente ni ne se déploie d'elle-même. Par conséquent, nous devons nous assurer que les générations futures poursuivent des parcours éducatifs et professionnels non traditionnels dans autant de domaines que possible. Les enjeux ESG sont vraiment de plus en plus au centre des préoccupations des jeunes, qui veulent aussi entreprendre des carrières utiles pour faire une différence réelle et durable dans le monde. L'occasion est parfaite et il ne reste plus qu'à la saisir.
Les décisions sont prises par ceux qui répondent présent
En fin de compte, je crois que les risques physiques associés au climat sont inévitables, d'autant plus qu'ils se matérialisent des décennies plus tôt que prévu. Ils représentent donc une menace systémique majeure pour l'équilibre des marchés financiers mondiaux… et de notre planète. À eux seuls, les dangers liés à la transition sont réels et pourraient être très perturbateurs. Voilà pourquoi les chefs de direction devront également reconnaître pleinement ces risques et les atténuer de façon dynamique.
Comme pour d'autres grandes tendances du passé, les organisations auraient avantage à suivre ces conseils sans attendre : recrutez des talents, collaborez avec vos parties prenantes pour comprendre leurs points de vue et mesurez l'incidence des changements climatiques sur votre entreprise (même à un niveau élevé) au moyen de scénarios. Les prochaines étapes pourraient nécessiter des investissements financiers plus imposants afin d'injecter des fonds dans la transformation technologique et opérationnelle.
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