La crédibilité est essentielle dans le domaine de la durabilité. La certification du reporting par un partenaire externe apporte un sérieux coup de pouce, à cet égard. Elle n’est pas encore obligatoire, mais de nombreuses entreprises pourraient très vite devoir composer avec une nouvelle réalité.

À l’instar du reporting financier, il est possible de faire certifier certains éléments du reporting non financier, c’est-à-dire les faire valider par un expert indépendant. Mais le manque de maturité qui règne dans le domaine du reporting de la durabilité place la certification face à un défi de taille.

« L’audit des comptes annuels s’effectue de la même manière depuis des décennies », explique Mike Boonen, Partner chez KPMG Réviseurs d’entreprises. « Dans le cas d’un rapport de durabilité, il n’y a pas de contenu fixe. Il exprime rarement les choses en euros ou en dollars et s’adresse à un large groupe de parties prenantes, pas seulement aux actionnaires. Une certification n’a donc rien d’une évidence. »

Évaluation de la préparation

Il existe heureusement une évaluation de la préparation (readiness assessment) : l’entreprise soumet son reporting à une tierce partie sans toutefois demander de certification. Mike Boonen : « Vos indicateurs de performance font l’objet d’un test et l’auditeur dresse la liste des éventuels points à améliorer. Vous pouvez solliciter une certification l’année suivante si vous vous sentez prêt. »

Vu l’énorme besoin d’informations fiables en matière de durabilité, environ trois quarts des grandes entreprises à l’échelle internationale optent de leur plein gré pour une certification indépendante de leur reporting. « Seule une sur quatre le fait en Belgique », précise Mike Boonen. « Il y a donc encore fort à faire à court terme, surtout quand on sait qu’à compter de 2023, l’Europe imposera la certification à un millier d’entreprises en Belgique. »

AB InBev opte pour la certification de ses rapports de durabilité

Bien que la certification des rapports de durabilité ne soit pas obligatoire, AB InBev considère qu’il lui incombe d’en faire valider les principaux éléments par un auditeur.

Comme beaucoup d’autres grandes entreprises, AB InBev déploie une stratégie de durabilité qui met l’accent sur l’environnement, les matériaux d’emballage et la consommation d’eau. La nouvelle stratégie, lancée en 2018, s’est concrétisée par une nouvelle approche de la certification. « Nous faisions déjà certifier depuis longtemps nos efforts sur les thèmes et les indicateurs les plus importants par une partie indépendante », affirme Virgina Covo, Global Director Sustainability Climate Action chez AB InBev. « Mais avec la nouvelle stratégie, de nouveaux indicateurs ont vu le jour, y compris des données externes pour la première fois. Les données des fournisseurs, par exemple ».

Un processus chronophage

Une certification est, bien sûr, un processus crucial : une tierce partie externe certifie la fiabilité de vos chiffres… Ou pas. Un risque que l’on peut, heureusement, atténuer en ayant recours à un readiness assessment, soit une évaluation de l’état de préparation. « Je la recommande vraiment », confesse Virgina Covo. « Il s’agit d’un stress-test de votre système et de vos processus de reporting. Êtes-vous prêt à être certifié ? Lorsqu’il est question de la certification d’un KPI spécifique, un readiness assessment rend les systèmes de gouvernance encore plus robustes ».

La certification prend certes beaucoup de temps, selon Virgina Covo. « Mais il faut la prendre comme un voyage », conclut-elle avec philosophie. « Si vous avez besoin de deux readiness assessments pour un KPI, qu’il en soit ainsi. L’essentiel est d’aller de l’avant et d’apprendre. Le choix d’un bon auditeur, qui s’implique rapidement dans le processus, est donc primordial ».

   

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